Son chemin de croix mène Daniela Covarelli au Vatican
L’artiste niçoise installée à Villefranche a peint la passion de Jésus en 15 tableaux pour une église à Perugia. L’oeuvre a tellement ému le clergé italien, qu’une toile lui a été commandée pour le Pape…
Miracle à l’italienne ! Son Christ douloureux, agonisant, bientôt cloué sur la croix par les Romains, nimbe de sa lumière mordorée, les appartements privés du Pape François. Le talent de Daniela Covarelli a soufflé le divin jusqu’au Vatican. Incroyable aventure ! Passeport pour le paradis. L’artiste, qui partage son temps entre Villefranche-sur-Mer et le Périgord, a pénétré le Saint des saints. Grâce à Jésus. Car tout est parti d’un chemin de croix. De la douleur à la gloire. Daniela ose à peine parler. Timide. Pudique. Émotive. La lumière, elle ne l’aime qu’autour du Seigneur. Les beaux yeux s’embuent souvent. Elle se raconte par bribes. Ses parents italiens arrivés à Nice. Son père, sculpteur et maçon, sollicité pour partir restaurer des châteaux dans le Périgord. Enfance vécue béate d’admiration devant l’art. « J’ai suivi les Arts Déco à Limoges. J’ai appris avec des maîtres. Je me suis lancée… »
Expressionnisme
Le style Covarelli ? Du figuratif qui prend aux tripes. Son support ? Mélange de peintures acryliques et à l’huile. Travail au pinceau et aux doigts. Daniela peint autant qu’elle sculpte ses toiles. Comme pour mieux sentir les formes, les volumes, Arrive le jour de l’inauguration du chemin de croix à Perugia. « Elle a duré 3 heures. L’évêque m’a prise dans ses bras. Il pleurait. Tout le monde pleurait. Ce n’était que des émotions. » Un évêque. Un cardinal également dans les parages. Nommé par le Pape François. «On avait parlé à ce cardinal du chemin de croix. Il a souhaité me rencontrer et m’a reçue à Perugia. Le Pape, avait, paraît-il, vu le catalogue décrivant les 15 stations. Il a aimé. C’est comme ça qu’on m’a demandé un tableau. Pour le souverain pontife ! Pour son appartement du Vatican ! J’avais carte blanche. Je pouvais faire ce que je voulais. Moi qui ai plein de complexes, qui ne suis rien, je me retrouvais au milieu des peintres du Saint-Siège ! » Jésus a de nouveau les honneurs de la peinture charnelle et bouleversante de Daniela. «C’est le Christ allongé sur la l’élocution des visages et des corps. « Comme pour aller au coeur de la respiration de ce que l’on fait. Je travaille avec des
croix posée au sol, avant que ses membres ne soient cloués. L’un des centurions a d’ailleurs les clous entre les lèvres. Jésus est soumis, il se laisse faire. À côté : un petit groupe de soldats fait un conciliabule. Audessus, une colombe incarne l’Esprit Saint. » Le tableau, dans les tons or, est grand: 1,80 m par 1,50 m. « Comme le Chemin de croix, je émotions, des soutiens poétiques. Derrière chaque tableau, vibre une histoire. Il faut lire les images, décrypter l’histoire peinte. C’est C’est ce tableau, que Daniela Covarelli a réalisé pour le Pape François, pour son appartement du Vatican.
l’ai réalisé dans le Périgord. En 15 jours seulement. Je l’ai fait avec mon coeur. » Une toile bénie des dieux. «Au Vatican, elle a beaucoup plu. On m’a dit que le Pape était tellement heureux qu’il a fait éditer un nouveau fascicule réunissant le chemin de croix et le Christ en croix. Je devais le rencontrer. C’était prévu. Mais cela n’a pas pu encore se faire… » de l’expressionnisme. » Fort. Profond. Émouvant. Troublant. Des prix remportés au Grand Palais, des oeuvres exposées d’une galerie à l’autre, à Paris, Nice… Et Perugia (Italie), où elle accroche quelques toiles. « Une directrice culturelle romaine, possédant une galerie à Perugia, a aimé. Elle a eu vent d’un projet de chemin de croix destiné aux murs de l’église Sant’Antonio Abate, édifice étrusque en cours de restauration. La plus vieille église de Perugia. Elle a pensé à moi. »
Une station de plus
Trois ébauches finissent de convaincre quant au talent de l’artiste. « J’ai bûché les évangiles. J’ai réalisé toutes les stations dans un local dans le Périgord. Un an de peinture au quotidien sur un format imposé de 52 par 50 cm. Au fur et à mesure, j’envoyais les photos des tableaux par Internet. Il y avait 14 stations, dont 14 tableaux, mais la commission culturelle et ecclésiastique était tellement contente du rendu, qu’elle m’a commandé la 15e station. Jésus ressuscité dans son ciel de gloire. Presque 2 mètres de hauteur… » Daniela est croyante. Illuminée ? Non. Auréolée. Elle irradie. « Cet ouvrage m’a confortée dans ma foi, car parfois, les choses me venaient tellement facilement, que j’avais l’impression d’être observée, guidée… » Et si c’était le doigt de Dieu ?