Cambadélis: « Macron est ultralibéral en économie»
Jean-Christophe Cambadélis a achevé à la fin de l’été un bail de trois ans et demi à la tête du PS qui fut tout sauf une sinécure. L’ex-premier secrétaire, qui s’était tant contenu et avait si bien manié la langue de bois, s’est alors lâché en publiant Chronique d’une débâcle, 2012-2017 (1). Tout en posant un regard contrasté sur le quinquennat, il éreinte François Hollande – «pas prêt mentalement à affronter la fonction présidentielle»; «on pourra tout lui demander, même le plus grotesque, il y répondra. Il ne sera pas l’homme qui dit non. Il fera au mieux » – et plus largement toute la galaxie socialiste, de Montebourg à Valls, submergée par ses contradictions et ses rivalités.
Vous n’êtes pas tendre dans votre livre avec François Hollande. Pourquoi ne pas vous être montré critique plus tôt ?
Je l’ai été en petit comité, mais je ne pouvais m’exprimer publiquement car sous la Ve République, on le voit bien avec La République en marche !, c’est l’exécutif qui décide et les partis politiques n’ont pas leur mot à dire.
Valls, Macron, les frondeurs, Mélenchon… Tout le monde en prend pour son grade. Qui trouve aujourd’hui grâce à vos yeux à gauche ? Je crois que la responsabilité de l’échec est collective et que l’avenir du PS le sera. Il est trop tôt pour dire par qui il passera.
Votre part de responsabilité dans la débâcle du PS ?
Je n’ai pas été capable de donner du sens et d’infléchir la politique gouvernementale. J’ai cru que la capacité à maintenir tout le monde ensemble suffirait. Cela n’a pas été le cas.
Sur quelques points précis, que changeriez-vous si c’était à refaire ? Je supprimerais l’année . Car fin , nous avons limité les dégâts aux régionales, malgré des déroutes en Paca et dans le Nord, nous avons aussi réussi la COP, et François Hollande est alors parvenu à incarner la nation au Congrès de Versailles, après le Bataclan. Les sondages étaient frémissants pour lui… L’année va ensuite tout mettre par terre, avec la déchéance de la nationalité, la loi Travail et enfin le départ d’Emmanuel Macron.
Emmanuel Macron, justement, c’est pour vous la droite au pouvoir ?
Quand j’entends Jean-François Copé déclarer qu’il fait le programme que la droite n’a pas voulu faire, je crois que tout est dit. Il est ultralibéral en économie, même si sur les questions de société il est libéral également.
Comment la gauche socialiste peut-elle désormais retrouver un crédit politique et contrecarrer l’omniprésence de Mélenchon ?
D’abord en ne se préoccupant ni de Mélenchon ni de Macron, et en assumant ce qu’elle est. C’est-à-dire une confédération d’élus locaux qui conduisent une décentralisation écologique et participative.
Votre avenir personnel ? J’aspire à être une voix à gauche, sans plus. Un apporteur d’idées et un analyste des situations politiques.
Vous avez conservé des contacts avec François Hollande ? Oui. Je l’avais aussi prévenu avant la publication du livre. Il sait ce que je pense. À savoir que les résultats de son quinquennat valent mieux que son récit.
Vous estimez donc, au final, que le quinquennat n’a pas été si mauvais…
Comme je le dis dans mon livre, les résultats sont contrastés mais ils ne sont pas nuls. Ce sont l’histoire chaotique et l’absence de sens qui les rendent peu lisibles.