«Quand on a envie, tout est possible»
À 32 ans, Tigrane Seydoux a un parcours exceptionnel. L’ex-bras droit de Stéphane Courbit a créé Big Mamma, une enseigne qui rassemble six restaurants parisiens. Un succès phénoménal
Difficile de réussir dans le pays voisin ? Pour Tigrane Seydoux, pas vraiment. « Entreprendre en France, c’est plus simple qu’on croit et qu’on le dit. Les banques suivent. Beaucoup de structures accompagnent les créateurs d’entreprises. Ce qui est plus difficile, c’est de croître. Car le succès génère souvent pas mal d’ennemis. Moi, je ne l’ai pas subi. » Tout semble sourire à ce Monégasque, aujourd’hui à la tête de Big Mamma, une entreprise de six – bientôt sept – restaurants italiens qui sert quelque 4 000 repas par jour à Paris. Le parcours de ce jeune homme de 32 ans est exceptionnel. Après avoir vécu ses sept premières années sur le Rocher, il suit ses parents à Paris, y poursuit des études remarquables (Lycée privé Sainte-Geneviève à Versailles puis HEC entre 2004 et 2008) et devient rapidement le bras droit de Stéphane Courbit, avant de donner sa démission. Lundi soir, à l’auditorium du Lycée technique et hôtelier, Enrico Braggiotti a lancé un nouveau cycle de conférences de la Monaco Méditerranée Foundation destinées au jeune public, avec le cofondateur de Big Mamma. Une success story que les lycéens réunis par Isabelle Bonnal, directeur de l’Éducation nationale, ont eu la chance de découvrir. Au premier rang étaient également présents plusieurs représentants des autorités et acteurs économiques, mais aussi Jacques Seydoux, ancien directeur de la SBM. Son fils, brillant élève, est devenu un chef d’entreprise qui contredit tous les pessimistes qui voient la France en déclin. Il est agréable, souriant, précis et éloquent. « Nous gagnons bien notre vie. Nous avons créé six restaurants italiens à Paris en deux ans. Les clients attendent parfois jusqu’à une heure et demie pour passer à table. C’est un modèle économique qui marche. J’ai confiance et j’y crois. » Le succès a été fulgurant. « Nous étions deux pour commencer ; 45, quinze jours après ; et aujourd’hui, nous sommes 450. » Chaque restaurant fait entre 5 et 10 millions d’euros de chiffre d’affaires annuel. Alors quand on entend partout que la restauration est un secteur difficile voire épuisant, Tigrane Seydoux semble être l’exception qui confirme la règle. Mais quelle est la clé de cette ascension exponentielle ? « Il ne faut évidemment pas faire HEC pour faire des trattorias, lance le chef d’entreprise. Mais cela nous a donné une certaine forme de rigueur, la polyvalence et le goût du travail. Après, il s’agit de bon sens. Si j’avais un message à lancer, je dirais qu’il faut aller vers ce qui vous passionne et ainsi trouver sa voix. Je suis passionné d’Italie et de cuisine. Alors, quand on a envie, tout devient possible. » De cette envie se dégage un optimisme communicatif. Devant les lycéens, Tigrane Seydoux sourit. « J’ai tout misé sur l’humain. Je n’ai pas cherché du personnel professionnel du secteur. J’ai misé sur la contagion du bonheur. En salle, c’est le sourire qui compte avant tout. On crée des équipes comme dans le sport. J’ai voulu n’embaucher que des Italiens. Nous recrutons directement en Italie et avons 30 % de Napolitains. » Après Bastille, République, le Marais, Pigalle, la Bourse et les Batignolles, Tigrane Seydoux et son associé Victor Lugger s’apprêtent à ouvrir
un Big Mamma à l’étranger. Un projet à Londres est notamment envisagé. Et Monaco ? « Pourquoi pas un jour ! » * Début 2018, Mamma F ouvrira ses portes dans le gigantesque campus de start-ups financé par Xavier Niel à Paris, Station F.