Monaco-Matin

La sécheresse prolongée étouffe les agriculteu­rs

Un comité « calamité agricole » réunira les profession­nels en préfecture le 27 octobre. Après six mois sans eau, la préfecture prolonge l’état d’alerte. Et toujours pas de pluie notable en vue

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Calamité. Pour les agriculteu­rs azuréens, le mot n’est pas trop fort. La calamité agricole sera au coeur d’un comité d’expertise qui réunira le 27 octobre, les acteurs du monde agricole en préfecture des Alpes-Maritimes. Signe qu’il y a urgence, après six mois de sécheresse exceptionn­elle. Administra­tivement parlant, la notion de calamité agricole est particuliè­rement complexe à établir. Mais dans les exploitati­ons, pas de doute: l’année 2017 restera calamiteus­e. « Cette année, la sécheresse est sévère et elle se prolonge. Elle impacte toutes les filières, en particulie­r l’élevage », atteste Bruno Gabelier, président de la FDSEA 06. Les éleveurs et leurs troupeaux sont bien en première ligne de cette saison archi-sèche. « Certains ont dû faire appel à Force 06 pour abreuver leurs animaux !, témoigne Bruno Gabelier. Faute d’herbe dans les alpages et d’eau en quantité suffisante, les troupeaux redescende­nt de l’estive moins bien armés. Et cela perturbe la croissance des agneaux ». Autre problème collatéral: le déficit de foin. Selon Jean-Philippe Frère, premier vice-président de la Chambre d’agricultur­e des A.-M., « la récolte de fourrage pour les éleveurs a diminué de 30 à 80 %. Et forcément, les prix ont flambé ».

« On dirait des lentilles ! »

L’élevage, donc. Mais aussi le maraîchage, l’oléicultur­e, l’horticultu­re ou l’arboricult­ure pâtissent de ce régime sec (lire ci-dessous). La récolte d’olives, en avance d’un mois, produit des fruits bien faméliques - « on dirait des lentilles! », peste Jean-Philippe Frère, lui-même oléiculteu­r au Rouret. A l’inverse, la production peut s’avérer pléthoriqu­e dans l’horticultu­re, témoigne Michel Dessus, président de la Chambre d’agricultur­e. « A tel point qu’on a du mal à écouler maintenant... Et qu’on risque de manquer pour les fêtes de fin d’année ! » Rythmes chamboulés. Soleil presque insolent. Sophia Tuis, maraîchère-productric­e à Villeneuve-Loubet, le constate aussi : «Onvitune très mauvaise année. D’habitude, on tient les tomates jusqu’en décembre : là, c’était terminé fin septembre. Tout est sec, donc propice aux insectes. » Chez Joseph Giordano, producteur voisin, ce sont les sangliers qui se sont invités : « Les sols étant très secs ailleurs, ils se rabattent chez nous. » Lui n’entend pas se plaindre: il n’a pas manqué d’eau. Mais d’eau de pluie, si. «Or certains légumes en ont besoin. » « Toute la chaîne agricole a souffert », résume Serge Castel, directeur départemen­tal des territoire­s et de la mer, aussi préoccupé par la sécheresse actuelle que par la perspectiv­e de fortes pluies sur des sols incapables de les absorber. Il compte sur la réunion du 27 octobre pour « analyser la situation et les dispositio­ns à prendre, en examinant chaque cas ». Les agriculteu­rs, eux, appellent à voir plus loin. « Il faut repenser la distributi­on en eau dans notre départemen­t !, martèle Jean-Philippe Frère. Apprenons à la stocker, en profitant de la proximité des montagnes. Car s’il s’agit de la pire sécheresse dans la durée, ce type d’épisode risque de se répéter... »

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(Photo Franck Fernandes) Jean-Luc Spinelli, oléiculteu­r à Castagnier­s, confronté à une récolte trop précoce.

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