Poids lourds dans la Roya: un maire impose le demi-tour
L’arrêté municipal signé par cinq maires de la Roya a été mis en application, hier, pour la première fois. Une dizaine de procès-verbaux ont été dressés et quelques demi-tours imposés
Dans un arrêté pris en commun, cinq maires de la Roya interdisent depuis le 1er septembre la circulation des véhicules de plus de 19 tonnes sur la RD 6 204. Et hier, c’était le grand jour pour les maires de Tende, Fontan, Saorge et Breil-sur-Roya qui ont procédé aux premiers contrôles. Ainsi, une dizaine de procèsverbaux assortis d’amendes ont été dressés à l’encontre des poids lourds dépassant le tonnage autorisé. De son côté, Jean-Pierre Vassalo, le maire de Tende, a imposé aux véhicules interpellés de faire demi-tour. Un acte jugé illégitime par la souspréfète Nice-Montagne, Gwenaëlle Chapuis (lire par ailleurs). Posté à l’entrée du tunnel de Vievola, quelques centaines de mètres avant l’entrée du tunnel du col de Tende reliant la France et l’Italie, JeanPierre Vassalo, écharpe tricolore en bandoulière attend patiemment au côté de son garde champêtre. Il est 9 heures.
« Vous allez faire demi-tour »
Quelques minutes filent et un impressionnant poids lourd pointe le bout de sa carrosserie. L’agent municipal fait signe au chauffeur de s’arrêter sur une aire de retournement. «Vous savez pourquoi je vous arrête ? », le camionneur fait la moue et assure que son employeur, un transporteur de matériaux de construction établi dans le Var, lui a indiqué que «tout était en règle». «Normalement, on doit immobiliser le véhicule, mais Pour la première fois, des contrôles de police ont été menés hier à Tende et Breil-sur-Roya, afin d’interdire l’accès à la vallée aux poids lourds de plus de tonnes.
vous allez faire demi-tour» ,intervient l’élu. Un second véhicule du même gabarit – 38 tonnes – déboule et écope du même contrôle. Et cette fois, le conducteur semble ravi. «J’espérais que vous alliez mettre en place cette interdiction. Un jour, il y aura un carton. Ça devient insupportable de circuler dans la vallée», lance-t-il en direction du maire, évoquant les risques encourus par les automobilistes. Jean-Pierre Vassalo embraye: «Ça coûte moins cher aux transporteurs de passer par la Roya plutôt que par l’autoroute». Pour l’édile, la situation est claire: «Nous sommes Suspendu une première fois par le tribunal administratif de Nice en août dernier, l’arrêté municipal porté par les maires de Tende, Fontan, Saorge, Breil-surRoya et La Brigue doit être rendu légal – ou non – le 7 novembre. Et c’est avec l’espoir de le voir définitivement validé que ces derniers se rendront au tribunal. Une fois rentré en mairie, Jean-Pierre Vassalo prend connaissance de sa convocation au tribunal administratif et déclare : « En attendant la décision, il doit y avoir une relation saine entre les élus et la préfecture. Nous, nous respectons un
face à des lobbys qui défendent des intérêts financiers. Nous, nous défendons les intérêts humains de la commune. Le passage de ces camions endommage la chaussée, fissure les maisons, génère de la pollution et de la nuisance sonore», jure-t-il au nom des cinq élus signataires de l’arrêté. Les deux chauffeurs échappent à l’amende, mais se voient obligés de faire demi-tour. Retour à l’envoyeur. Bilan de la matinée à Tende : 4 interpellations pour 4 obligations de faire demitour. Mais la sous-préfète NiceMontagne, Gwenaëlle Chapuis ne l’entend pas de cette principe de précaution. Si aucun drame n’est survenu jusqu’ici, nous ne voulons prendre aucun risque ». La sous-préfète Nice Montagne, Gwenaëlle Chapuis, reste, quant à elle, campée sur ses positions et attend la délibération du juge : « Cet arrêté ne me semble pas illégitime, mais on ne peut pas se baser sur un ressenti », souligne-t-elle rappelant que des études de pollution, de stabilité des sols ou encore de circulation sont actuellement menées sur le secteur. « Nos relations sont bonnes et nous échangeons sur de nombreux sujets. Si l’arrêté est rendu illégal, nous verrons comment on
oreille. Pour la représentante de l’État, demander aux poids lourds de faire demitour ne relève pas de la fonction du maire. « Je lui ai demandé de ne pas le faire, il n’a de compétences qu’à l’intérieur de sa commune et ça peut être dangereux de faire demi-tour. J’ai donc demandé aux gendarmes de le lui signifier, mais pas de le verbaliser », justifiet-elle.
€ d’amende par commune traversée
Dans l’après-midi, les maires de Breil-sur-Roya, Saorge et Fontan prennent le relais et se lancent dans la verbalisation
des indésirables camions. «Nous nous sommes postés avec des policiers municipaux au niveau de la gare de Breil. Nous avons à chaque fois dressé une amende, sans obligation de faire demi-tour », indique le maire de la commune, André Ipert. En attendant la décision du tribunal administratif, le 7 novembre, (lire ci-dessous), les maires des cinq villages assurent qu’ils procéderont à des verbalisations systématiques, avec, pour chaque commune traversée, une amende de 135 à la clé. peut mettre en place une solution » , assure-t-elle par ailleurs. De leur côté, les maires « attendent beaucoup de la décision du juge ». « On constate déjà une baisse de la circulation de ces poids lourds depuis que nous avons annoncé que les contrôles allaient avoir lieu. C’est d’ailleurs notre seul moyen de dissuasion vis-à-vis des transporteurs », insiste André Ipert, maire de Breil-sur-Roya. Peu importe l’issue de la délibération du tribunal le 7 novembre, une rencontre entre la sous-préfète et les cinq élus est d’ores et déjà programmée autour du 15 novembre.
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