Virus du sida : objectif zéro contamination en
Le chercheur niçois Pierre Léopold s’est vu remettre cette semaine le grand prix de la Fondation pour la recherche médicale (FRM). Une consécration
C’est un parcours exceptionnel qui était récompensé, mardi dernier, à Paris. Celui de Pierre Léopold, chercheur niçois, spécialiste internationalement reconnu de la drosophile. Comprenez de ce petit insecte a priori sans intérêt, communément appelé mouche du vinaigre. Sans intérêt ? Certainement pas, vous répondra Pierre Léopold. Cette petite bête est en réalité un modèle d’étude exceptionnel qui a d’ores et déjà permis de faire des bonds de géant dans la compréhension des mécanismes intimes qui sous-tendent le développement et la croissance des organismes. «Ces mécanismes fondamentaux chez les êtres vivants mettent en jeu des principes de physiologie très conservés de l’insecte à l’homme », renseigne le chercheur. Depuis le début de sa carrière, ce normalien, également docteur en sciences, a fait preuve d’une fidélité exemplaire à la drosophile. Qui le lui rend bien. Son modèle d’étude lui a notamment permis d’apporter la preuve du rôle central de nouveaux facteurs de la famille de l’insuline dans les mécanismes de croissance. Et d’approcher ainsi la réponse à cette question qui le taraude autant qu’elle l’enthousiasme depuis des années : « Comment les différentes parties du corps communiquent entre elles pour coordonner leur croissance, et aboutir à un organisme aux proportions parfaitement harmonieuses?» «Les deux ailes de la drosophile sont à la cellule près de même taille! N’est-ce pas incroyable ? » Oui, et d’autant que des mécanismes comparables pourraient expliquer que nos deux bras sont de la même longueur. Au-delà de la croissance, ce sont toutes les grandes fonctions des organismes que Pierre Léopold étudie grâce à « ses » petites mouches: le métabolisme et ses dérèglements de type diabète et obésité, la croissance des tissus et la formation des tumeurs… Des recherches qui l’ont récemment conduit à s’intéresser à un phénomène nommé cachexie, soit un état de dénutrition sévère de l’organisme associé au développement des tumeurs. Là, on comprend vite la portée de ce type d’études. « Le phénomène est à l’origine de 30 % des décès liés au cancer. Pourtant, il n’est toujours pas élucidé. Comment la tumeur provoque un dérèglement du métabolisme? Nous comptons utiliser un modèle de cachexie chez la drosophile qui devrait nous aider à répondre à cette question. » Une petite mouche que le chercheur niçois emportera dans ses valises. Dans quelques mois, il quittera, en effet, l’institut de biologie de Valrose pour rejoindre le célèbre Institut Curie à Paris. Pendant des années, Pierre Léopold a résisté à l’appel du pied qui lui était fait par les plus grands instituts de recherche au monde. Mais, là, il s’est décidé. La mer, le soleil, la montagne surtout – sa passion – lui manqueront certainement. Mais son obstination à faire progresser les connaissances scientifiques dans le domaine médical prend le pas sur tout.