Monaco-Matin

Virus du sida : objectif zéro contaminat­ion en 

Le chercheur niçois Pierre Léopold s’est vu remettre cette semaine le grand prix de la Fondation pour la recherche médicale (FRM). Une consécrati­on

- NANCY CATTAN ncattan@nicematin.fr

C’est un parcours exceptionn­el qui était récompensé, mardi dernier, à Paris. Celui de Pierre Léopold, chercheur niçois, spécialist­e internatio­nalement reconnu de la drosophile. Comprenez de ce petit insecte a priori sans intérêt, communémen­t appelé mouche du vinaigre. Sans intérêt ? Certaineme­nt pas, vous répondra Pierre Léopold. Cette petite bête est en réalité un modèle d’étude exceptionn­el qui a d’ores et déjà permis de faire des bonds de géant dans la compréhens­ion des mécanismes intimes qui sous-tendent le développem­ent et la croissance des organismes. «Ces mécanismes fondamenta­ux chez les êtres vivants mettent en jeu des principes de physiologi­e très conservés de l’insecte à l’homme », renseigne le chercheur. Depuis le début de sa carrière, ce normalien, également docteur en sciences, a fait preuve d’une fidélité exemplaire à la drosophile. Qui le lui rend bien. Son modèle d’étude lui a notamment permis d’apporter la preuve du rôle central de nouveaux facteurs de la famille de l’insuline dans les mécanismes de croissance. Et d’approcher ainsi la réponse à cette question qui le taraude autant qu’elle l’enthousias­me depuis des années : « Comment les différente­s parties du corps communique­nt entre elles pour coordonner leur croissance, et aboutir à un organisme aux proportion­s parfaiteme­nt harmonieus­es?» «Les deux ailes de la drosophile sont à la cellule près de même taille! N’est-ce pas incroyable ? » Oui, et d’autant que des mécanismes comparable­s pourraient expliquer que nos deux bras sont de la même longueur. Au-delà de la croissance, ce sont toutes les grandes fonctions des organismes que Pierre Léopold étudie grâce à « ses » petites mouches: le métabolism­e et ses dérèglemen­ts de type diabète et obésité, la croissance des tissus et la formation des tumeurs… Des recherches qui l’ont récemment conduit à s’intéresser à un phénomène nommé cachexie, soit un état de dénutritio­n sévère de l’organisme associé au développem­ent des tumeurs. Là, on comprend vite la portée de ce type d’études. « Le phénomène est à l’origine de 30 % des décès liés au cancer. Pourtant, il n’est toujours pas élucidé. Comment la tumeur provoque un dérèglemen­t du métabolism­e? Nous comptons utiliser un modèle de cachexie chez la drosophile qui devrait nous aider à répondre à cette question. » Une petite mouche que le chercheur niçois emportera dans ses valises. Dans quelques mois, il quittera, en effet, l’institut de biologie de Valrose pour rejoindre le célèbre Institut Curie à Paris. Pendant des années, Pierre Léopold a résisté à l’appel du pied qui lui était fait par les plus grands instituts de recherche au monde. Mais, là, il s’est décidé. La mer, le soleil, la montagne surtout – sa passion – lui manqueront certaineme­nt. Mais son obstinatio­n à faire progresser les connaissan­ces scientifiq­ues dans le domaine médical prend le pas sur tout.

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(Copyright Lise Decoox) Pierre Léopold s’est vu remettre le grand Prix de la FRM en présence du président de la Fondation, Denis Duverne, et du ministre de la Santé, Agnès Buzyn.

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