Monaco-Matin

Philharmon­ique : Grand messe, hier, en l’Auditorium Rainier III

Deux cents personnes sur scène pour nous faire entendre la première audition en Principaut­é de la monumental­e « Messe glagolitiq­ue » de Janacek

- ANDRÉ PEYREGNE

Au fond de la scène de l’auditorium Rainier III a pris place la centaine des choristes du Choeur Philharmon­ique Slovaque, venus tout exprès de leur capitale Bratislava. Devant eux a été installé un grand orgue électrique, avec ses claviers, son pédalier, son pupitre de registrati­on digne d’un tableau de bord de jet, et sa batterie de haut-parleurs répartis sur les côtés de la scène. Aux commandes est assis un organiste venu de Birmingham, Thomas Trotter. Au milieu de la scène a pris place, bien sûr, l’imposant Philharmon­ique de Monte-Carlo, fort d’une centaine de musiciens. Et devant l’orchestre, quatre solistes chanteurs : la soprano suédoise Erika Sunnegardh, la mezzo russe Julia Gertseva, le ténor slovaque Ludovit Ludha et le Peter Mikulas. Il y a quelque deux cents personnes sur scène. Le spectacle de cette foule prête à jouer et chanter est impression­nant. Il ne reste plus qu’au chef d’orchestre à entrer.

Fanfares du Jugement dernier

Le voici : Juraj Valcuha, chef slovaque surdoué, démarche souple, allure de grand adolescent. Il a une trentaine d’années et est déjà directeur musical de l’Opéra de Naples. Il va nous faire entendre pour la première fois à Monte-Carlo cette grande oeuvre du XXe siècle qu’est la « Messe glagolitiq­ue » du grand compositeu­r tchèque Janacek. L’oeuvre doit son nom bizarre au fait que le texte sacré, qui a été mis en musique, était écrit à l’origine dans l’alphabet ancien qui a précédé le cyrillique et qui s’appelait le « glagolitiq­ue ». On en apprend, des choses, en allant au concert ! Le chef baisse la baguette et, tout de suite, retentisse­nt des fanfares du Jugement dernier. On est aussitôt dans l’ambiance ! Ah, la « Messe glagolitiq­ue » n’a rien d’une messe basse ! Elle vous prend en tempête. La clameur des choeurs vous assaille, soutenue par des roulements de timbales ou par les répliques du grand orgue, relayée par les phrases enflammées des solistes chanteurs. Mais il y a aussi des passages en douceur, des moments presque bucoliques où passent des flûtes ou des hautbois champêtres et où les choeurs répandent un murmure mélancoliq­ue. Il y a tout cela dans l’oeuvre que nous avons entendue hier. Elle a été menée de main de maître par le jeune chef slovaque. En deuxième partie du concert, hier, l’ambiance était plus romantique avec les splendides « Danses symphoniqu­es » de Rachmanino­v. Mais à la fin de cette oeuvre passent, alors qu’on ne s’y attend pas, les notes bien reconnaiss­ables du Dies Irae – celles du Jugement dernier. On croit être soudain revenu aux propos glagolitiq­ues du début du concert ! Nouveau tonnerre d’applaudiss­ements. Cette fois-ci, la messe est dite…

 ?? (Photo Jean-François Ottonello) ?? Deux cents personnes sur scène, sous la direction du jeune chef slovaque Juraj Valcuha, pour interpréte­r une grande oeuvre du XXe siècle du compositeu­r tchèque Janacek.
(Photo Jean-François Ottonello) Deux cents personnes sur scène, sous la direction du jeune chef slovaque Juraj Valcuha, pour interpréte­r une grande oeuvre du XXe siècle du compositeu­r tchèque Janacek.

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