La voiture du futur sera intelligente et tout électrique
Alors que le secteur automobile s’interroge sur son avenir, les constructeurs japonais rivalisent de créativité au 45e Salon de Tokyo qui ouvre demain. À chacun sa vision de l’avenir
ÀTokyo, on ne se soucie pas plus d’Anne Hidalgo, qui veut bouter les voitures hors de Paris (dans six ans pour le diesel, treize pour l’essence) que de Nicolas Hulot, partisan de l’interdiction des moteurs thermiques dès 2040. Mais quand même la Chine et l’Inde envisagent, à terme, de mettre fin aux modes de propulsion classiques, chacun s’interroge sérieusement sur l’avenir de l’automobile et réfléchit aux nouvelles formes de mobilité. Il faut dire qu’entre scandales à répétition, soupçons de triche au CO2 un peu partout et contraintes environnementales accrues, la voiture n’est pas à la fête. Pour survivre, les constructeurs doivent donc se réinventer à vitesse grand V et raisonner « au-delà du moteur », comme le proclame sans ambiguïté le thème de ce 45e Salon de Tokyo.
L’intelligence au volant
Dans la course à la voiture du futur, les Japonais, qui se livrent à Tokyo à une impressionnante démonstration de force, n’ont pas l’intention de se laisser distancer. « Nous devons nous adapter rapidement, sachant qu’en Europe, le taux moyen de CO2 dans nos gammes ne devra pas dépasser 96g dès 2020 », confirme Stéphane Magnin, directeur de l’activité automobile de Suzuki France. Au pays du Soleil levant, chacun livre donc sa propre interprétation de l’avenir. Leader incontesté du véhicule hybride, le géant Toyota veut désormais aussi investir le champ de l’électrique que Nissan et Renault ont su occuper bien avant les autres. Toyota dévoile notamment son concept i Ride, sorte de véhicule urbain du futur qui abandonne le volant au profit de manettes de commandes. Cet étonnant engin « zéro émission » embarque des fonctions de conduite automatisées et un système d’intelligence artificielle, Yui, capable de prendre la place du conducteur. Le Français Didier Leroy, vice-président de Toyota Motors, a annoncé hier que ces solutions pourraient être implantées dès 2020 sur des modèles existants.
Forte activité électrique
Toyota ne va pas en rester là. Conscient de la nécessité d’accélérer le mouvement, le numéro 2 mondial a racheté Daihatsu et vient de nouer un accord de partenariat avec Suzuki. Au-delà des rumeurs de rachat du petit par le gros, les deux constructeurs vont travailler ensemble sur les technologies de l’information et les motorisations propres, Suzuki ayant fait pour sa part le choix de l’hybridation légère (mild-hybrid) sur ses Baleno, Ignis et Swift vendues dans l’Hexagone. Honda, qui a levé le pied sur l’hybride, se lance également à corps perdu dans l’électrique. La marque présente le Sports EV, un séduisant concept sportif et une petite citadine électrique est annoncée en Europe pour 2019. Nissan est évidemment très branché, avec la deuxième génération de sa Leaf, la voiture électrique la plus vendue dans le monde. Mitsubishi dégaine son concept Imx et Suzuki son étude de style futuriste de SUV électrique e-Survivor. Dans les allées du salon, les Japonais ne laissent que quelques miettes au reste du monde. Côté français, Peugeot et Citroën se contentent du minimum, Renault présente tout de même sa Mégane 4 R.S. et DS exhibe fièrement sa nouvelle DS7 Crossback qui fait de l’oeil à la Chine. Au salon de Tokyo comme au Japon, où les constructeurs nationaux trustent 90 % des ventes, la présence des Français ne peut être que symbolique.