Monaco-Matin

Une loi pour définir la notion d’enfant du pays?

La propositio­n de loi a été adoptée au Conseil national mardi soir pour définir un statut aux résidents fidèles de la Principaut­é. Au gouverneme­nt maintenant d’étudier la question

- CEDRIC VERANY cverany@monacomati­n.mc

Article 1 : est enfant du pays, toute personne qui étant née à Monaco, y réside sans discontinu­ité depuis sa naissance, alors que l’un de ses auteurs au moins est également né en principaut­é et y a également résidé sans discontinu­ité, au moins jusqu’à la naissance de la personne intéressée. Voici la définition du premier article de la propositio­n de loi n° 231 visant à la définition de notion d’enfant du pays. Une propositio­n de loi adoptée mardi soir par le Conseil national, qui va maintenant être étudiée par le gouverneme­nt. « À la question qu’est ce qu’un enfant du pays, force est de constater que la réponse sera, dans un premier temps, au moins principale­ment fondée sur un ressenti empreint de subjectivi­té », précise Valérie Rossi, rapporteur devant l’assemblée de ce texte.

Première pierre

Un texte comme une réponse à un « exode » important ces dernières décennies de résidents français, établis en Principaut­é de longue date et ne pouvant plus, notamment, supporter une hausse des loyers. Initiateur de cette propositio­n, Jean-Charles Allavena y voit l’occasion de « poser la première pierre en proposant de définir enfin la qualité d’enfant du pays afin que la suite puisse s’appuyer sur des bases solides et claires, en termes qualitatif­s et quantitati­fs ». La suite, ce serait « déterminer les droits et les devoirs des enfants du pays, par différenci­ation éventuelle avec les Monégasque­s et les autres résidents ». Un travail « multisecto­riel et gigantesqu­e » pour aussi différenci­er un enfant du pays d’un résident.

Une loi dangereuse ?

Au sein des élus, la propositio­n de loi a divisé sur les attentes. Pour Béatrice Fresko-Rolfo (HM), «il faut reconnaîtr­e la fidélité, le mérite et l’affection des enfants du pays envers Monaco, mais avoir le droit de cité ne veut pas dire avoir les mêmes droits que les. Monégasque­s. Cette propositio­n de loi sans doute juste et nécessaire, reste dangereuse et ne fixe aucun cap. Ouvrir cette boîte de Pandore envers les enfants du pays nous fait donner un espoir mort-né à travers ce texte ». À l’inverse, Jean-Louis Grinda (UM) y voit un texte qui mérite «notre union nationale». Comme Thierry Poyet (NM), qui précise, « donner des droits à un enfant du pays, ce n’est pas enlever des droits à un Monégasque. Il y a une notion de partage. Qui parle de donner plus de droit ou donner accès au logement aux enfants du pays ? Beaucoup aiment les enfants du pays, mais quand il s’agit de partager le gâteau, l’amour a une autre vision ». Et Jean-Michel Cucchi (NM) de souligner que « le plus grand intérêt de ce texte, c’est ce qu’en fera le gouverneme­nt. On verra réellement quelle est sa volonté de protéger et maintenir une population non monégasque sur notre sol». Votée à l’unanimité, la propositio­n de loi est désormais sur le bureau du gouverneme­nt.

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(Photo Jean-François Ottonello) Une séance législativ­e s’est tenue mardi soir.

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