Monaco-Matin

FC MARTIGUES Le président “beau gosse”

Un beau gosse de 27 ans peut-il relancer un club de foot moribond ? Le mannequin Baptiste Giabiconi relève le défi à Martigues, par « passion »

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Il a l’âge de mes petits-enfants », sourit Gaby Charroux (75 ans), le maire de la Venise provençale (48.000 habitants). D’abord sceptique, l’édile couvre désormais d’épithètes élogieux le jeune homme fort du FCM : il est « passionné, motivé, acharné à réussir » , il a « une belle personnali­té » et a amené « de la fraîcheur et de la créativité ». Mais que vient faire dans un club de National 2 (4e niveau) l’égérie Chanel de Karl Lagerfeld, le finaliste de Danse avec les stars, le chanteur avec trois albums à son actif et qui fut même, un temps, présenté comme le compagnon de Katy Perry ? Martigues était son « club de coeur, une affaire familiale », répond Giabiconi. Mèche brune et sourire éclatant, ce Corse a grandi à Saint-Victoret, commune de l’Étang de Berre qui jouxte l’aéroport de Marignane. Il venait à Francis-Turcan avec son oncle dans « les années fastes », les trois saisons de Ligue 1 (1993-1995). Il avait 6 ans quand le club est retourné en L2, 14 ans à la rétrograda­tion administra­tive pour dettes.

« J’aime les défis »

« J’aime me lancer des défis » , insiste-t-il. Fonceur, il a changé plus de 90% de l’effectif, et rebâti l’organigram­me à l’été 2017. Il a même changé le logo du club. « Mais si je n’avais pas fait les changement­s dès cette année, j’aurais perdu un an. J’avais besoin d’entrer dans le vif du sujet », plaide le jeune dirigeant. Le début de saison est moyen, mais il faut du temps. « On veut atteindre la Ligue 2 d’ici 2022, on se donne cinq ans pour monter de deux niveaux », vise-t-il. Et autant pour baisser la subvention, une des plus grosses du foot français, puisque Martigues donnait avant son arrivée, 1,5 million d’euros par an au club. Dès sa première saison, elle est passée à 1,2 M€, et doit diminuer de 200.000 euros par an, à charge pour Giabiconi de trouver auprès d’investisse­urs et sponsors le manque à gagner, grâce notamment à son carnet d’adresses. « C’est un fédérateur », estime l’entraîneur adjoint Christian Delachet. Lui aussi au début trouvait le casting « un peu inattendu, mais j’ai vite été séduit par le personnage, j’ai senti un homme bien décidé, ça m’a fait tilt. Et j’en ai connu des présidents », poursuit l’ancien gardien de Bordeaux dans les années 80. Giabiconi « mouille le maillot », salue le journalist­e martégal Karim Attab, de Maritima, média de l’Étang de Berre.

Il distribue des abonnement­s dans la rue

« Il a fait venir Gérald Gignac, le père d’André-Pierre, nommé coordinate­ur des jeunes, ‘‘Dédé’’ est le parrain officiel du club -- où il a été formé -- Giabiconi devrait faire venir Soprano pour un coup d’envoi, il fait de la pub pour son club dans son métier de mannequin... » égrène Attab. Baptiste Giabiconi a même distribué des abonnement­s dans les rues de Martigues le 15 août ! « Sans lui, le club était mort, résume Christophe Suiga, chef des Maritima Ultras, qui connaît le nouveau président depuis l’enfance. Il a su redonner de l’élan, il a ramené du monde et il nous a mis en avant, nous les supporters. » Giabiconi, qui partage son temps entre Londres et Martigues, essaie d’être là « deux, trois jours par semaine. Pendant les matches, j’ai besoin d’être sur le terrain, je me trouve un petit coin pour n’embêter personne et je suis dans mon match », raconte-t-il. Il fête les buts avec son banc, dans son costume évidemment impeccable. « Je suis président bénévole, conclut-il, je ne me sors aucun salaire ni aucun frais, je ne prends même pas la voiture du président. J’ai la chance d’avoir d’autres cordes à mon arc pour vivre. Je n’ai pas pensé business à Martigues, c’est vraiment de la passion. »

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