Laurent Wauquiez en tournée de câlinothérapie
Rencontrant hier Jean Leonetti, Michèle Tabarot et Christian Estrosi, le favori pour la présidence de LR a ménagé la forme – le rassemblement – tout en restant ferme sur le fond de son projet
Tapes chaleureuses sur les épaules, bises qui claquent, sourires XXL, un «vous êtes mignonne » par-ci, un «vous êtes adorable » par-là… Laurent Wauquiez, volontiers tactile, était hier dans les Alpes-Maritimes en mission de câlinothérapie. Et pas seulement avec les pensionnaires de l’EHPAD des Balcons de La Fontonne, où l’a accueilli Jean Leonetti. La veille à Mandelieu (voir nos éditions de jeudi), s’il avait ravi le noyau dur des militants par ses accents très sarkozystes d’une droite forte et fière d’elle-même, le candidat à la présidence de LR avait laissé sur leur faim ceux qui espéraient davantage d’esprit d’ouverture envers les diverses sensibilités du mouvement.
«J’entends rassembler»
Hier, Laurent Wauquiez, équilibriste en chef, s’est donc employé à les rassurer, tout en tenant fermement le cap de ses convictions. Il n’est pas homme à les brader. « Si je suis ici avec Jean Leonetti, c’est bien le signe que j’entends rassembler toute ma famille. Je veux démontrer que l’on peut remettre la droite ensemble, sans se renier. Je pense que le rôle de la droite est d’être de droite, ça ne l’empêche pas de rassembler», a-t-il lancé à Antibes, où l’accompagnaient Eric Ciotti et Charles-Ange Ginésy. Que se sont dit Laurent Wauquiez et Christian Estrosi hier à Nice ? Aucun des deux n’a souhaité faire de commentaire. Dialoguant avec les personnels de l’EHPAD, il s’est posé en défenseur « d’une culture humaniste », cognant au passage sur « la politique du gouvernement qui fait des retraités des nantis à partir de 1300 euros par mois ». A la mi-journée à Pégomas, lors d’un apéritif organisé par la députée Michèle Tabarot à sa permanence, il n’en a pas moins réaffirmé, devant un auditoire militant cette fois, « être candidat pour sauver la droite et lui donner un chef dont la main ne tremble pas ».
« Une droite qui dise les choses »
« On a tout à rebâtir et on va remettre de l’ordre», a-t-il insisté, évoquant en particulier « ces guignols [les Constructifs, ndlr] qui continuent à nous donner des leçons. Je souhaite une droite qui dise les choses, qu’un clandestin est un clandestin, un criminel un criminel. » Pour autant, il a assuré « vouloir veiller à rassembler, à ce que tout le monde soit à bord, sur la base de repères qui sont la défense du travail contre l’assistanat, une ligne claire sur le régalien, la prise en compte des aînés et des handicapés... » L’un après l’autre, Jean Leonetti comme Michèle Tabarot l’ont en tout cas invité à reconstruire le parti de l’intérieur : « La diversité doit être respectée. Je crois Laurent Wauquiez sensible au fait que le rassemblement est nécessaire, et par conviction et par pragmatisme. Notre peuple est complexe, il aspire à la fois à l’autorité et à la générosité », a pointé le maire d’Antibes.
Michèle Tabarot : « Elargir le discours »
Michèle Tabarot, qui ferrailla durement contre lui lorsqu’elle soutenait Copé et qu’il s’était rangé derrière Fillon pour la présidence de l’UMP, en 2012, voit désormais en Wauquiez, faute d’autres poids lourds dans le combat, « quelqu’un de déterminé, apte à rassembler une famille qui a souffert»… «Mais, a-t-elle prévenu, nous avons besoin de travailler sur un projet et des idées pour renouer le lien avec les Français. La droite ne peut se résumer à quelques idées et personnalités. Elle doit élargir son discours pour aborder des thèmes du quotidien qui préoccupent les Français, comme la santé notamment ». Un peu plus tard, ce fut sans doute le message également délivré, de manière plus virulente, par Christian Estrosi qui a reçu Laurent Wauquiez en mairie de Nice, au nom de « l’accueil républicain ». Aucun des deux n’a souhaité lever le voile sur cet échange… La câlinothérapie a, probablement, atteint ses limites à Nice.