Une nouvelle gendarmerie incendiée dans l’Isère
Les militaires et leurs familles étaient visés. Le procureur a mis en garde, hier, contre une escalade « inquiétante » si la piste de l’ultra-gauche était vérifiée
L’incendie criminel contre la brigade de gendarmerie de Meylan (Isère) visait cette fois «directement» les militaires et leurs familles : le procureur de la République de Grenoble Jean-Yves Coquillat a mis en garde, hier après-midi, contre une escalade « inquiétante » si la piste de la mouvance d’extrême gauche se confirmait. L’incendie de quatre voitures et d’une moto dans l’enceinte de la gendarmerie vers 3 h 35 aurait pu avoir des conséquences « dramatiques » si le feu s’était propagé au bâtiment d’habitation voisin, au lieu d’en noircir simplement les façades, a relevé le magistrat lors d’une conférence de presse. «Audelà de la gendarmerie, ce sont des familles qui ont été attaquées dans leur domicile au creux de la nuit », s’est-il indigné. Notant « une unité de temps et de lieu assez troublante » avec l’incendie qui a ravagé la caserne du groupement de gendarmerie de Grenoble, le 21 septembre, le procureur n’a pas pour autant confirmé la piste « anarcho-libertaire », en l’absence de toute revendication. L’attaque de Grenoble avait été revendiquée sur le site anarcho-libertaire indymedia.org. Hier matin, un message, par la suite retiré, appelait sur ce site à ne pas revendiquer ou commenter l’incendie de Meylan. « Il faut rester prudent, on peut revendiquer des actions pas commises et on peut ne pas revendiquer des actions qu’on a commises », a déclaré le procureur. « L’action peut aussi être revendiquée ultérieurement. » Mais si la piste de la mouvance d’extrême gauche devait être confirmée, elle traduirait un « crescendo qui est inquiétant », car ce sont cette fois des hommes qui étaient visés. « Si l’attaque contre les personnes a été voulue, on est dans un mouvement qui est sur une pente qui va vers le terrorisme », a estimé le procureur. Celui-ci a également souligné que dans cette affaire il s’agissait de s’en prendre aux militaires et à leur familles « dans un endroit sacré qui est leur domicile », faisant à cet égard le parallèle avec l’assassinat par un jihadiste de deux policiers à leur maison de Magnanville (Yvelines) en juin 2016.
«Techniques de sabotage»
Le magistrat n’a pas fermé la porte aux autres pistes comme « la vengeance ». Il a toutefois souligné que les méthodes utilisées étaient « assez professionnelles » et s’apparentaient à des « techniques de sabotage » :le grillage a été découpé pour s’introduire sur les lieux et un cadenas a été posé sur le portail d’entrée « probablement pour gêner l’entrée des secours ». Le magistrat a reconnu que, comme dans les précédentes affaires de ce type, les enquêteurs disposaient de peu « d’éléments matériels », les incendiaires prenant « leurs précautions ». L’affaire de Meylan s’ajoute à une série de précédentes attaques contre des institutions publiques dans la région revendiquées par la mouvance anarcholibertaire, traditionnellement très implantée à Grenoble.