Le champion de la France des territoires
Pour lancer sa campagne à la présidence de Les Républicains, Laurent Wauquiez a donc choisi Mandelieu, dans les Alpes-Maritimes. C’est là qu’il a donné le coup de départ de la course qui devrait l’amener, en décembre, à la présidence du mouvement LR, toujours fortement traumatisé par son échec à la présidentielle. Le moins qu’on puisse dire est que, s’il était élu, Laurent Wauquiez ne trouverait pas autour de lui, dans son parti, un paysage apaisé. D’abord parce que les divisions datant de la primaire de l’année dernière sont bel et bien toujours vivaces. La preuve ? De ses deux compétiteurs à la direction du Parti, Florence Portelli représente la tendance Fillon et Maël de Calan le camp d’Alain Juppé. Le parti LR, depuis six mois, semble frappé de stupeur et plus encore de paralysie : cette semaine encore, son bureau politique n’a pas même été en mesure d’exclure de ses rangs ceux d’entre eux qui ont rejoint Emmanuel Macron, dont, ce n’est pas rien, le Premier ministre Edouard Philippe. Bref, LR est à repeindre de la cave au grenier et c’est à cette tâche que compte s’attaquer Laurent Wauquiez. Disons-le : malgré son jeune âge, ans, il n’est pas un perdreau de l’année : sorti de l’Ecole normale supérieure, reçu premier à l’agrégation d’histoire, sorti major de l’Ena, il a été secrétaire général de l’UMP, l’ancêtre de LR, puis son vice-président depuis . Aujourd’hui, président de la région Auvergne Rhône-Alpes, il est devenu un élu de terrain qui compte bien se servir de son autorité locale pour devenir, à droite, le premier opposant à Emmanuel Macron. Face au Président français, il s’est dépeint, dans sa première intervention, mercredi dernier, comme le champion de la France des territoires. Face à celui qui incarne « le village mondial », il se veut comme le représentant de ce « cher et vieux pays » – la formule est du général de Gaulle – qu’est la France. Ses atouts : la jeunesse, sa présidence (autoritaire) d’une des grandes régions de France, et sa proximité des militants de LR. De Nicolas Sarkozy, dont il fut le porte parole, et de Patrick Buisson, son inspirateur, il a retenu ses thèmes essentiels : trahison des élites (dont il fait pourtant partie), identité de la France menacée par l’immigration et l’islam, appel à la majorité silencieuse. Tous les thèmes qui caressent la base des Républicains dans le sens du poil . Ses faiblesses : son caractère, son cheminement vers la droite de la droite en ont fait un personnage clivant, y compris parmi les Républicains, dont certains annoncent que, s’il est élu, ils prendront leurs distances, peut-être bien leurs cliques et leurs claques, vis-à-vis de LR. Cela n’importe pas vraiment à Laurent Wauquiez : face à un Front national affaibli par les contre-performances de Marine Le Pen et le départ de Florian Philippot, face à un président de la République « ni de gauche ni de droite », il compte réussir, comme l’avait fait Nicolas Sarkozy en , à siphonner les voix du FN vers une droite fière d’ellemême.
« Le caractère [de Laurent
Wauquiez], son cheminement vers la droite de la droite en ont fait un personnage clivant, y compris parmi les Républicains. »