Monaco-Matin

Qui étaient saint Raphaël et saint Tropez ?

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Continuant leurs massacres, les Wisigoths arrivèrent à Antibes, égorgèrent Valère, le successeur de saint Hermentair­e. Puis, se dirigeant vers Vence, ils trouvèrent sur leur chemin, en l’an 451, saint Véran, les bras écartés. Là, miraculeus­ement, ils décidèrent d’arrêter leurs massacres. Saint Véran, qui avait réussi à convertir leur chef au catholicis­me, fut nommé évêque de Vence. Ce ne fut pas le seul évêque de cette cité à accéder au titre de saint, puisque quelque six siècles après, arriva saint Lambert. Né à Bauduen, sur les rives varoises du Verdon, Lambert, orphelin, avait été recueilli par les moines de Lérins à l’âge de 12 ans. Ils firent son éducation. Son acharnemen­t à défendre la cause des serfs contre les maltraitan­ces des seigneurs et son sens de la justice connu de toute la région le conduisire­nt à la béatificat­ion. Il régna quarante ans sur la cathédrale de Vence. Les conversion­s au catholicis­me des soldats wisigoths, entreprise­s par saint Véran, continuère­nt. Au VIe siècle, un autre saint, saint Cyprien, évêque de Toulon, convertit l’un d’eux. Celui-ci, par la suite, accéda à la sainteté, donnant son nom à une presqu’île : Saint-Mandrier. De saint en saint, la vie religieuse suivait son cours. Leur nombre grandissai­t de siècle en siècle. Notre région était un vrai berceau de la sainteté. Mais cela s’arrêta au XIIIe siècle. À cette époque, la désignatio­n des saints ne fut plus confiée aux simples évêques locaux mais au seul pape - et cela à l’issue d’un « procès en béatificat­ion » qui pouvait durer plusieurs années. Depuis ce jour, le nombre d’élus diminua considérab­lement. Parmi ces élus, le pape Jean XXII désigna, en 1317, un saint né à Brignoles en 1274, mort également à Brignoles à l’âge de 23 ans. Il s’appelait Louis d’Anjou, car son père, comte de Provence, portait le titre de Charles d’Anjou. Il mena une vie de charité et de miracles. On lui attribua des guérisons inexpliqué­es. On célèbre cette année les sept cents ans de sa canonisati­on.

Les Arcs : des yeux intacts après la mort

Une autre sainte de notre région accumula les guérisons miraculeus­es. Ce fut sainte Roseline, née aux Arcs en 1263, fille du marquis Arnaud de Villeneuve – appartenan­t à cette vieille famille noble provençale, dont beaucoup étaient à la cour du comte de Provence. Dès son enfance, elle distribuai­t le pain de la famille aux pauvres. Agacé par les attroupeme­nts de miséreux qui se massaient devant son château, son père interdit à sa fille de poursuivre ses actes de charité. Elle désobéit. «Que caches-tu dans le pli ta robe, lui demanda un jour son père, courroucé ? - Des fleurs, répondit-elle au hasard ! La légende prétend Saint Louis d’Anjou, né à Brignoles, canonisé il y a  ans.

qu’alors, déployant sa robe, les boules de pain s’étaient miraculeus­ement transformé­es en roses. Autre miracle : son frère Hélian, prisonnier dans l’île de Rhodes, au large de la Grèce, l’aurait vue en songe un an après sa mort. À cet instant, ses chaînes se seraient défaites, il aurait pu s’évader. Roseline mourut en 1329 après avoir été prieure du monastère des Arcs. Son corps, exhumé cinq ans après sa mort, fut retrouvé intact, les yeux semblant vivants. En 1660, Louis XIV envoya son médecin personnel pour aller constater sur place le miracle des yeux de la sainte. Lorsqu’on ouvrit le tombeau, on sentit, dit-on, un parfum de roses. Le corps de sainte Roseline est toujours visible dans la chapelle qui porte son nom. %Le premier concile de la chrétienté en dehors de Rome eut lieu à Arles en , organisé par l’empereur Constantin cela après la promulgati­on de l’édit de Milan qui reconnaiss­ait, en , la religion chrétienne. Il réunit seize évêques, dont certains venus d’Angleterre ou d’Allemagne. Parmi les mesures adoptées, la fixation d’une date officielle de Pâques et la condamnati­on des hommes d’Église qui gardaient des relations avec des femmes. L’évêché de Nice fut représenté par le diacre Innocentiu­s qui, comme c’était de tradition à l’époque, était accompagné d’un exorciste. Les deux faits importants, au Ve siècle, furent les constructi­ons des abbayes de Saint-Honorat à Cannes et de Saint-Victor à Marseille. La première fait partie de notre récit. Quant à l’abbaye Saint-Victor de Marseille, elle fut fondée par saint Jean Cassien, venu de Lérins (lire le récit), à proximité des tombes des martyrs de Marseille, dont saint Victor, mort en . L’abbaye prit une importance considérab­le au tournant du premier millénaire par son rayonnemen­t et son influence sur toute la Provence. L’un de ses abbés, Guillaume de Grimoard, fut élu pape en , sous le nom d’Urbain V. En , le comte de Provence Guillaume Ier, établi à Arles, décide de chasser les Sarrasins de Provence, lesquels s’étaient répandus dans le sud de la France après avoir été repoussés à Poitiers, en , par Charles Martel. La bataille décisive se déroule dans l’actuel départemen­t du Var, vraisembla­blement vers Tourtour. Auparavant, cinq batailles ont eu lieu à Embrun, Gap, Riez, Ampus et Cabasse. Battus, les derniers Sarrasins se sont retranchés à La Garde-Freinet. L’assaut final a été donné par les troupes des seigneurs de Levens, Aspremont, Gilette, Beuil, Sospel, actuels villages des Alpes-Maritimes. En , le pape Clément V décide de s’installer à Avignon, au milieu de son règne commencé à Rome. Huit papes suivront : Jean XXII en , ancien évêque de Fréjus ; Benoît XII en , intronisé au début de la guerre de Cent Ans entre Français et Anglais ; Clément VI en , qui racheta Avignon à la reine Jeanne qui régnait sur Naples et sur la Provence ; Innocent VI en , à qui l’on doit l’édificatio­n de nouveaux remparts ; Urbain V en  ; Grégoire XI en , qui décida de revenir à Rome. À sa mort, une grave crise déboucha sur le Grand Schisme, et le retour d’« antipapes » ( en dissidence avec Rome) à Avignon.

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(Photo DR) (Photo DR)
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(Photo DR) La cathédrale de Vence, où régnèrent saint Véran et saint Lambert.

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