Cinq mois en question
Pas de système tactique figé, des tâtonnements dans les compos, des recrues tous les weekends en CFA... Un constat très inquiétant pour un club qui avait repris l’entraînement le 19 juin
Il (Cavani) a bien été aidé par la médiocrité du collectif azuréen, sans doute l’adversaire le plus faible du PSG depuis le début de saison (...) » a écrit notre confrère de L’Equipe dans l’édition d’hier. C’est triste quand on sait que le vicechampion de France avait, entre autres, déjà rencontré Amiens, Guingamp, Toulouse, Saint-Etienne, Metz et Dijon avant de croiser la route du Gym. Mais on veut bien le croire tant l’équipe alignée par Lucien Favre a été apathique au Parc des Princes, vendredi (3-0). Que s’est-il passé pour que le club qui avait pris 4 points au PSG l’an dernier se retrouve dans cet étatlà ? Comment le dernier troisième de L1 peut se retrouver au bord de la zone de relégation, sans schéma tactique ni onze de départ figés, sans animation offensive et sans défense cinq mois après ?
Peu d’argent réinvesti dans un mercato raté
Les départs de Dalbert (vendu 29 millions à l’Inter Milan), Eysseric (transféré pour 4 millions à la Fiorentina), Belhanda, Ricardo et Baysse (fin de prêt ou de contrat) hantent encore les esprits tant ils ne semblent pas avoir été compensés. Pourtant avec la recette des droits TV (33,982 millions) qui s’ajoute à l’enveloppe reçue en échange de ces départs, les dirigeants n’ont réinvesti que 25 millions d’euros sur le marché des transferts. Pour un budget qui n’a augmenté que de trois millions pour rester le dixième de L1 (voir
chiffre). Un réinvestissement fragile pour un club qui a toujours bien vendu lors des intersaisons et qui dispose d’investisseurs chinois «qui lui permettaient de ne plus avoir l’obligation de vendre chaque
été » dixit son président Jean-Pierre Rivère. Et heureusement que Seri n’est finalement pas parti... Outre la question économique qui se pose, l’aspect sportif du recrutement interroge également quand on se souvient que Lucien Favre n’avait que trois recrues à disposition à la reprise du 19 juin (Tameze, Makengo, Lees-Melou), et pas ses préférés vu le temps de jeu des deux premiers cités jusqu’ici (271 minutes pour Tameze, 16 pour Makengo). Super Mario n’était arrivé que dix jours plus tard, et le technicien suisse avait dû attendre un mois de plus pour voir débarquer Sneijder et Saint-Maximin. Sans oublier les recrutements sur le fil de Marlon, Coly et Mendy, ou l’imbroglio qui a perduré pendant plus d’un mois autour de la situation de Dalbert. Tous ces éléments mis bout à bout, on peut difficilement dire que tous les moyens ont été mis à disposition du coach et de son staff pour préparer la saison. « Le vrai faux-départ de Favre à Dortmund n’a pas aidé non plus à préparer ce mercato de la meilleure des manières », glisse une source interne au sujet d’un autre épisode qui avait officiellement pris fin le 2 juin, à travers un communiqué du club.
Une gestion inquiétante des gardiens de but
Apprendre sa titularisation au Parc des Princes à quelques minutes du coup d’envoi n’a pas aidé Walter Benitez dans sa préparation de match. La blessure aux ischios de Cardinale a permis à l’Argentin de s’exprimer, mais pas de (se) rassurer. Fautif sur les deux premiers buts parisiens, le numéro 2 a mis en lumière une gestion inquiétante des gardiens de but à l’OGC Nice. Derrière un Yoan Cardinale en difficulté et perturbé par une fin de contrat en juin prochain, ne reste que Yannis Clementia, un gamin de 20 ans. Parce que Simon Pouplin, le portier de 32 ans qui n’a joué que dix matchs depuis son arrivée en 2014, ne s’entraîne même plus avec les pros ! Pendant ce temps-là, Mouez Hassen, qui avait les faveurs de Lucien Favre lors de l’arrivée du technicien suisse à Nice, garde les buts de Châteauroux en attendant la fin de son second prêt consécutif... Après avoir songé à Ruffier, Costil ou Mandanda parmi d’autres pistes, les dirigeants vont devoir sérieusement se pencher sur le dossier des gardiens de but lors des prochains mercatos.
Des choix douteux dans les compos
Un autre prêt suscite des interrogations dans l’effectif niçois, celui d’Olivier Boscagli à Nîmes. Lucien Favre regrettait un déficit dans le un contre un défensif chez le latéral gauche de 19 ans qui ne rate pas un match avec l’actuel troisième de Ligue 2, jusqu’à même récolter sa première sélection chez les Espoirs. «Je n’ai pas vraiment compris, et quand je vois Nice jouer avec deux gauchers dans l’axe et deux droitiers sur les côtés, ça m’embête forcément », a déclaré l’intéressé dans une interview donnée à Goal. Au Parc, c’est même Patrick Burner qui a été expérimenté à gauche, pendant que Souquet restait sur le banc et que Racine Coly, recruté pour 3,5 millions d’euros pour évoluer en réserve, voyait un autre gamin formé au club lui griller la politesse, après Malang Sarr contre Marseille. «C’était pour voir une fois Jallet à
droite, voir Burner à gauche » adéclaré Lucien Favre en conférence d’après-match. Choisir le déplacement le plus difficile du championnat pour faire un test ressemble à du sabordage. Pointer du doigt un manque de vitesse en attaque en laissant Alassane Plea et Allan SaintMaximin sur le banc laisse songeur aussi. Et lorsqu’ils sont enfin entrés en jeu, le premier n’a pas été vraiment alerte et le second s’est blessé à cause d’un échauffement bâclé. Les signes d’un relâchement mental face aux choix du coach? Le Vaudois, qui a égalé sa pire série de défaites consécutives en championnat réalisée avec Gladbach’, semble à court de solutions et de leviers pour faire réagir son vestiaire à force de tâtonner dans les systèmes et les hommes.
Des stars méconnaissables
D’autant que Dante, son principal relais, est en nette difficulté cette saison. Le Brésilien de 34 ans s’est déclaré « en bonne santé » en zone mixte, mais la réalité est tout autre sur le pré. En difficulté dans la gestion de la profondeur comme dans le un-contre-un, le capitaine ne rassure plus grand-monde. Pire, Marlon et Le Marchand semblent entraînés dans le sillage de ce chef de défense à la dérive. Wesley Sneijder, inoffensif dans la capitale, traîne aussi une méforme latente depuis le début de saison. Le Batave n’avait pas les jambes, la caisse ou la justesse technique pour soutenir un Mario Balotelli irréprochable à Paris. Le seul, côté niçois. Volontaire dans le repli défensif, altruiste, l’Italien aussi est méconnaissable depuis le derby contre Monaco (4-0). Mais lui, pourvu qu’il le reste.