Monaco-Matin

Un Roumain vole un vélo de luxe... pour rentrer chez lui

- JEAN-MARIE FIORUCCI

Menotté, encadré par des policiers dans le box des prévenus, un Roumain de 29 ans au visage glabre est présenté devant le tribunal correction­nel pour le vol d’un VTC électrique de la marque Cube. Un vélo haut de gamme d’une valeur de plusieurs milliers d’euros. Pendant l’évocation des faits par la présidente Magali Ghenassia, le jeune homme, SDF et sans profession, scrute, l’air égaré, la salle d’audience presque vide. Pour l’instant, ses casiers sont vierges et il comparaît pour la première fois devant la justice monégasque.

« Je veux retourner dans mon pays »

«Mardi dernier, rappelle la magistrate, vers 12 h 30, vous avez volé un vélo sur le quai Kennedy. Une famille est attablée au bar Pattaya quand le père s’aperçoit qu’un individu s’échappe avec une des bicyclette­s qui n’étaient pas attachées. Il poursuit le voleur, le rattrape. Vous laissez le cycle et vous fuyez en courant. Les services de sécurité sont alertés et des témoins font votre descriptio­n. Les inspecteur­s vous repèrent à la gare de Monaco. Mais vous êtes habillé différemme­nt. Ils vous interpelle­nt et retrouvero­nt Le voleur espérait revendre le vélo de luxe, dérobé mardi dernier devant ce bar du quai Kennedy, pour pouvoir rentrer chez lui, en Roumanie.

plus tard le sac avec, à l’intérieur, votre tenue vestimenta­ire au moment du vol. Que faisiez-vous en Principaut­é ? » Le jeune Roumain avoue qu’il était venu pour faire la manche afin de récupérer un peu d’argent. Mais il ne savait que la mendicité était

« Je ne me souviens de rien »

La Rascasse.

interdite sur le territoire monégasque. Et le VTT ? «Je l’ai dérobé afin de le revendre. Avec le fric, j’aurais pu retourner chez moi pour refaire mes papiers perdus en Italie. Je voulais travailler légalement en France mais, sans ces documents, il m’était impossible

de décrocher le moindre emploi ! Je veux retourner dans mon pays. J’en ai assez de vivre dans la rue… » Petite moue de scepticism­e de la présidente. « La police française mentionne une affaire en cours pour vol à l’étalage. Il s’agirait de plusieurs bouteilles de champagne.

D’après Interpol, vous êtes défavorabl­ement connu en Roumanie pour les faits de vols commis en Italie. Je suppose que vous n’avez aucun moyen pour subvenir à vos besoins. En Italie, vous avez rejoint une communauté de drogués… » Le prévenu acquiesce. «Je ne me souviens de rien… »

« Vous n’avez aucun souvenir des faits embarrassa­nts vous concernant,

Depuis un an et demi que vous êtes dans un lycée français, vous n’avez pu maîtriser la langue de Molière ? À au cours de vos disputes avec un Anglais qui vous aurait mis la main aux fesses, puis avec un Allemand, vous avez parlé à chacun dans leur langue respective ! »

« Comporteme­nt inadmissib­le »

«On m’a mal compris. Je n’ai menacé personne. Je suis gentil. Je ne suis pas un assassin… » comporteme­nt est inadmissib­le, « Pareil

Le « fléau » des vols de vélos

Après avoir mis en exergue l’extrême vigilance du père de famille, le procureur Cyrielle Colle apparaît révolté devant la multiplica­tion des vols de vélos. « C’est un véritable fléau! Les cycles sont revendus très facilement sur le marché noir avec un bénéfice substantie­l. » Après quelques remarques sur l’errance du détenu dans le sud de la France sans le moindre sou, quelle peine va requérir pour la représenta­nte du parquet général ? « Il est possible, pour une première infraction, de condamner ce jeune homme à un mois d’emprisonne­ment avec sursis. » La défense n’a pas l’air de maugréer… «C’est surtout l’occasion qui a fait le larron, souligne Me Clyde Billaud. Les policiers ont été très réactifs. Mais mon client a reconnu les faits et n’a manifesté aucune mauvaise humeur. Il a même coopéré et le vélo a été restitué. D’ailleurs, il n’y a aucune demande de dédommagem­ent. En France, il était aidé par une associatio­n caritative… » Le tribunal suivra les réquisitio­ns du ministère public : un mois de prison avec sursis.

De quel droit fait-on subir violences et outrages aux fonctionna­ires de police ? Ces gens en uniforme sont là pour assurer la sécurité de toute une population et n’ont pas vocation à recevoir des coups ! Vous entrerez en voie de condamnati­on avec une peine d’un mois de prison ferme et  euros d’amende pour la contravent­ion. »

« Mon client, n’a aucun revenu. Hébergé chez un parent, il est en recherche de stage. Physiqueme­nt très touché, il doit subir d’autres interventi­ons pour son genou. Son casier est vierge. Soyez clément, même si le policier a refusé ses excuses… »

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(Photo Jean-François Ottonello)

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