Antibes : condamnation pour une mère alcoolisée au volant
Si le mot « chauffard » avait un féminin, il pourrait s’appliquer à Alysson, Cannoise de 26 ans, mère de deux fillettes. Commerciale dans les assurances, la jeune femme se métamorphose en harpie quand elle boit trop. Et ce n’est pas la première fois que la police la surprend dans un état qui lui interdit, en principe, de prendre le volant. Tout de noir vêtue, cheveux de jais qui encadrent un visage de madone baigné de larmes, Alysson était jugée hier devant le tribunal correctionnel de Grasse. Un témoin a assisté en direct à l’accident boulevard Dugommier à Antibes, le 15 octobre vers 1 heure du matin. Il a vu cette Fiat 500 roulant à tombeau ouvert percuter une voiture en stationnement avant de partir en tonneau. La plus jeune de ses filles a été éjectée par le haillon avant de finir sur le bitume. Par miracle, elle s’en sort quasi indemne. Sa soeur aînée, en revanche, souffre de fractures à la clavicule et au pied et d’un hématome à l’orbite. Leur mère roulait sous l’emprise de l’alcool. Elle n’avait pas bouclé sa ceinture pas plus que ses enfants. À l’arrivée des secours, l’automobiliste aggrave son cas. Telle une furie, elle refuse de laisser les enfants au personnel soignant, insulte copieusement les policiers, s’oppose à toute prise de sang.
« Je pensais être capable de conduire »
« Je regrette, c’est sûr et certain. Je regrette d’avoir pris la voiture alors que je pensais être capable de conduire. Je venais de manger chez un couple d’amis à Antibes. », explique la prévenue, main gauche bandée. « Vous étiez vraisemblablement très alcoolisée Madame, lui fait remarquer la présidente Siracusa. Vous avez failli faire perdre la vie à vos deux filles et la vôtre accessoirement. Votre comportement est très inquiétant. Sous l’emprise de l’alcool vous êtes agressive, ingérable ! » « J’ai une consommation régulière mais pas journalière depuis ma séparation », affirme la prévenue, entre deux sanglots. Le procureur Annabelle Salauze reste pantois devant un tel comportement, une telle inconscience : « L’évocation de ces faits est effroyable. Ces enfants ont assisté au spectacle déplorable de la déchéance de cette mère qui a manqué à tous ses devoirs, aucunement préoccupée par la sécurité de ses enfants. » Dix-huit mois d’emprisonnement dont un an avec sursis assorti d’une mise à l’épreuve de deux ans sont requis. « La justice doit reconstruire ce que madame a saccagé. Je pense que la reconstruction passe par la sanction. » Me Tobelem, pour la défense, ne croit pas aux vertus de la détention. Il cite un témoin de l’accident : « La seule chose qui lui importait c’étaient ses enfants. »
Interdiction de fréquenter les débits de boisson
L’avocat de la défense se bat avec énergie pour obtenir une peine aménageable ! « Elle a conscience que sa consommation d’alcool est ‘‘dévastatrice’’. Le mot est d’elle. » « Pour moi, la garder en détention pour réfléchir est inapproprié. Elle a besoin de se soigner. » Mission accomplie. Alysson n’a pas été maintenue en détention mais la justice grassoise lui a infligé dix-huit mois de prison dont un an avec sursis. Trois mois avec sursis prononcés lors d’une précédente condamnation ont été révoqués. Pendant deux ans, la mère de famille devra se soumettre à des soins. Il lui est interdit de fréquenter les débits de boisson et ne pourra passer son permis de conduire avant un an.