L’onde de choc azuréenne de la purge saoudienne
L’arrestation de plusieurs dizaines de riches dignitaires par le régime de Riyad risque d’avoir des conséquences économiques sur la Côte où ils avaient leurs habitudes
C’est une catastrophe ! » Un homme d’affaires niçois qui préparait un tour de table avec la société d’un prince saoudien ne s’en cache pas : la purge sans précédent réalisée ce weekend par le nouveau régime de Riyad n’arrange pas ses affaires. « Ils sont soixantedix à avoir été arrêtés. Ils sont tous assignés à résidence dans un hôtel » , assure-t-il. Du coup ce sont les palaces de la Croisette qui risquent de se retrouver privés de leur plus belle clientèle. Car, parmi les dignitaires saoudiens relégués au rang de repris de justice, outre quatre ministres, figurent quelques milliardaires qui avaient leurs habitudes sur la Côte d’Azur.
Caprices réglés rubis sur l’ongle
A l’image du prince Al-Walid Bin Talal. Même si son arrestation n’a pas encore été confirmée officiellement par Riyad, les concierges cannois risquent fort de regretter ses caprices réglés rubis
sur l’ongle. Comme lorsqu’il avait demandé à ce qu’on lui apporte en pleine nuit une tarte aux pommes! Il faut dire que quand on aime on ne compte pas et on ne regarde pas sa montre. Sauf s’il en va de sa réputation. Le célèbre magazine Forbes l’a appris à ses dépens en reléguant le prince Al-Walid à la 26e place des fortunes de ce monde en l’estimant à 20 milliards de dollars... Bien en deçà de la vérité selon l’intéressé qui avait attaqué le journal en diffamation.
Place de roi au quai des milliardaires
A la tête de la Kingdom Holding Company, ce membre de la famille Al Saud détient des participations dans Apple, eBay, Citigroup, News Corp, Time Warner ou encore Twitter. Le prince AlWalid Bin Talal est aussi actionnaire d’Eurodisney, ce qui lui valait d’être l’ami de Michael Jackson qu’il avait invité sur son yacht, le Kingdom 5KR qui a longtemps occupé la plus grande
place du quai des milliardaires à Antibes. « Il avait acheté carrément la concession, mais à une époque où ça coûtait beaucoup moins cher qu’aujourd’hui, assuret-on sur le port où on ne comprend pas pourquoi il s’était offert le plus grand emplacement, « 163 mètres pour un bateau qui n’en mesurait à peine plus de 80 ». Mais le prince Al-Walid n’était pas à ça près lui qui a commandé en 2007 un A380 comme jet privé et l’a revendu avant même d’en prendre possession.
Plage et deniers publics privatisés
Il faut dire que ses sociétés sont florissantes. A l’image de la chaîne Four Seasons qu’il a en partage avec Bill Gates et qui gère notamment le Grand Hôtel du Cap Ferrat. Le Fairmont à Monaco c’est encore lui. Tout comme le George V à Paris. Autant de pieds à terre qui risquent de ne plus servir. Ironie du sort, Al-Walid et les autres dignitaires azuréens arrêtés ce week-end doivent leur malheur à un autre propriétaire azuréen : le prince héritier Mohamed Ben Salman qui avait fait un passage remarqué dans sa villa de Vallauris en juillet 2015, privatisant au passage la plage publique de la Mirandole. Pour le coup, c’est l’argent public saoudien que le jeune héritier de 32 ans reproche à ses riches compatriotes d’avoir privatisé. Sa purge a été réalisée sous couvert d’une vaste opération anticorruption.