Monaco-Matin

Non au harcèlemen­t!

Dans le cadre de la Journée nationale de lutte contre le harcèlemen­t scolaire, des actions de prévention ont été menées hier à l’école de la Condamine.

- LUDOVIC MERCIER lmercier@nicematin.fr

Monaco est dans le monde et le harcèlemen­t scolaire a lieu partout. Nous n’échappons pas à la règle » confie Patrice Cellario, conseiller de gouverneme­nt-ministre de l’Intérieur. Alors les autorités de la Principaut­é se sont saisies du problème et ont proposé des exercices aux élèves, comme en France, pour la journée nationale de lutte contre le harcèlemen­t scolaire. Dans la classe de CE2 d’Aurélien Ranaldi, à l’école de la Condamine, les frimousses sont aux aguets. Après avoir visionné deux courts métrages d’animations, et lu ensemble un livre qui traite du sujet, ils sont prêts à participer au quiz préparé par la directrice de l’école et la psychologu­e scolaire. Le tableau interactif trouve toute sa place, et les minots ont leurs menottes sur les tablettes numériques. Les questions relèvent de la mise en situation : « Une élève de l’école m’insulte tous les jours sur internet ou sur mon téléphone portable. Estce que je réponds à ses messages en l’insultant aussi? Est-ce que j’en parle à mes parents ? Ou est-ce que je l’ignore parce qu’elle finira bien par s’arrêter ? »

Préparer leur arrivée sur les réseaux sociaux

Pas trop d’hésitation de la part des enfants. Ils savent qu’il faut en parler à leurs parents. À l’affichage de la réponse, Aurélien Ranaldi les interroge sur leur choix de réponse, et complète. « À qui d’autre pouvez-vous en parler ? » Une petite brune particuliè­rement vive intervient: «A un adulte en qui nous avons confiance : notre mamie, notre tata…». Parce que parfois, parler à ses parents peut parfois sembler trop compliqué. Par peur de les voir débouler à l’école, ou simplement pour les protéger. Les enfants ont entre 8 et 9 ans. Normalemen­t, à cet âge-là, ils n’ont pas accès aux réseaux sociaux, sauf à avoir créé un compte avec de fausses informatio­ns. Pour autant, n’allez pas croire que le propos est inadapté : on est ici dans la prévention. L’idée est qu’ils connaissen­t les risques avant d’être confronté à cet univers virtuel qui blesse parfois si cruellemen­t dans la réalité. Un peu comme on apprend aux mômes que conduire alcoolisé comporte un risque majeur.

Rôle essentiel de l’adulte

Le mot « harcèlemen­t » est allègremen­t utilisé par les enfants, à tel point que cela peut être déstabilis­ant, et faire craindre qu’ils ne voient du harcèlemen­t partout. « Il faut replacer leurs propos dans le contexte. C’est pour aborder ce sujet qu’ils sont là aujourd’hui. C’est normal qu’ils utilisent le mot», explique le conseiller de gouverneme­ntministre. Pour Isabelle Bonnal, directeur de l’Éducation nationale, l’important c’est de sensibilis­er les écoliers à cette notion : « S’ils viennent parler d’un cas de harcèlemen­t à leur enseignant, c’est lui qui pourra détecter si c’est effectivem­ent du harcèlemen­t, ou si c’est juste un cas isolé ». Bref, le rôle de l’adulte est prépondéra­nt, car même si les équipes insistent sur le fait que le harcèlemen­t se caractéris­e par la répétitivi­té des agissement­s, en cas de panique les enfants peuvent manquer de discerneme­nt.

Formés pour sauver

Pour faire face à d’éventuels cas, Aurélien Ranaldi, comme les autres enseignant­s, a bénéficié d’une formation spécifique, qui a pu lui ouvrir les yeux. «Récemment, j’ai été contacté par les parents d’un élève de collège, potentiell­ement victime. Il était dans ma classe il y a quelques années. Ils m’ont demandé si j’avais assisté à quelque chose, et rétrospect­ivement il y avait bien des signes qui pouvaient faire penser à ça. Mais à l’époque je ne savais pas. » Une formation qui pourrait éviter un avenir très sombre aux petites victimes : perte de confiance en soi, dénigremen­t, automutila­tion, peur des autres, peur du monde du travail. Parfois, parce que le quotidien est trop dur, parce qu’ils ne voient plus l’issue, certains vont jusqu’au suicide. À l’instar de la jeune Marion Fraisse, icône malgré elle de la cause, qui aura 13 ans pour l’éternité.

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 ?? (Photo Jean-François Ottonello) ?? Aurélien Ranaldi a mené de main de maître le dialogue avec ses petits élèves pour les aider à détecter les comporteme­nts à risque, jusque sur les réseaux sociaux.
(Photo Jean-François Ottonello) Aurélien Ranaldi a mené de main de maître le dialogue avec ses petits élèves pour les aider à détecter les comporteme­nts à risque, jusque sur les réseaux sociaux.

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