Ciné-opéra: Zygel a fait fort avec Faust
Alors qu’on projetait, mercredi soir, le film historique Faust de Murnau, Salle Garnier, Mephisto a dû s’évader de l’écran à un certain moment, sans qu’on s’en aperçoive, pour se glisser jusqu’au piano dans la pénombre et s’introduire subrepticement dans la peau du pianiste qui accompagnait le film. Car comment expliquer sans cela les diaboliques envolées, les tornades dantesques qui sortaient de l’instrument ? Il y avait quelque chose d’extraordinaire dans la performance accomplie par JeanFrançois Zygel, le pianiste de ce ciné-concert. Aucun pianiste classique n’improvise comme lui. Créer sur l’instant une musique qui commente les situations, éclaire les personnages, exalte leurs angoisses, souligne leurs émotions tient de la magie.
Innombrables rappels
Sur l’écran défilaient les impressionnantes images datant de 1916 des personnages de Faust, Marguerite, Mephisto, emportés dans leur bal infernal entre le bien et le mal. Et c’est Zygel, au piano, qui menait le bal. Bien sûr, il n’avait passé aucun accord avec Satan. Son talent seul était la raison de sa réussite. Et du talent, ce diable de pianiste en a à revendre ! Au bout de deux heures de projection, il n’était pas à bout de souffle. Répondant aux innombrables rappels, il se remit au piano et recommença à jouer. On a pu interpréter cela comme une victoire finale du bien contre le mal ! La soirée, produite par l’Opéra, avait eu lieu grâce au concours des Archives audiovisuelles de Monaco. En faisant Faust, Zygel a fait fort !