Monaco-Matin

Le paparazzi de l’affaire Veyrac livre sa vérité

Luc Goursolas, toujours mis en examen pour enlèvement, a été remis en liberté. Pour la première fois, il s’est exprimé hier dans le bureau de son avocat

- GRÉGORY LECLERC gleclerc@nicematin.fr

Amaigri, au bord de l’épuisement, Luc Goursolas, 47 ans, est venu hier dire sa vérité. Celui qui reste mis en examen pour enlèvement, séquestrat­ion ou détention arbitraire d’otage en bande organisée, dans l’affaire du rapt de Jacqueline Veyrac, a été libéré la semaine dernière. C’est dehors qu’il pourra désormais préparer sa défense en vue d’un éventuel jugement aux assises. Dans le bureau de son avocat niçois, Me Adrien Verrier, il a pour la première fois pris la parole publiqueme­nt pour clamer son innocence. « Je n’y suis pour rien (...) J’attends que la vérité éclate, que la juge d’instructio­n continue à vérifier tous mes propos, et qu’elle se rende bien compte que je n’ai pas menti depuis le début. » L’ex paparrazi avait été interpellé le 26 octobre 2016, deux jours après l’enlèvement de la millionnai­re niçoise, propriétai­re du restaurant La Réserve et du Grand hôtel de Cannes.

«J’ai été instrument­alisé »

« Depuis le début, dès ma première heure de garde à vue jusqu’aux auditions chez la juge, je lui explique que je n’y suis pour rien, que j’ai été instrument­alisé par Philipp Dutton. » Dutton, ex SDF, est toujours en détention provisoire, mis en examen pour les mêmes faits. Le commandita­ire présumé serait selon la justice Giuseppe Serena, gérant de la Réserve, incarcéré lui aussi. Luc Goursolas, dit «Tintin », qui jouait les détectives privés officieux, reste sur sa première version : il pensait travailler pour une affaire d’adultère. Il le dit haut et fort : « Jamais je n’aurais participé à l’enlèvement d’une vieille dame. Ce n’est pas mon éducation, j’ai toujours oeuvré du bon côté, jamais du côté obscur. » « Tintin » affirme que la juge l’a vérifié, via les expertises de police scientifiq­ue. « Je n’ai jamais menti, j’ai toujours dit la vérité », clame l’ex paparazzi, yeux cernés. Me Adrien Verrier décrit un homme « fragile ». Luc Goursolas est d’ailleurs revenu sur sa détention. « Un monde dur, qui n’est pas le mien. J’ai sombré dans la dépression, j’ai fini en hôpital psychiatri­que. »

Sous contrôle judiciaire

Me Verrier évoque le soulagemen­t de son client « de retrouver ses enfants qu’il n’a pas vus depuis un an, et être autour de ses proches. C’est une personne qui a été énormément atteinte par sa détention. Il y a eu des hauts, des bas, des prises de médicament­s pour tenir. Les juges ont pris cela en considérat­ion.» Par cette remise en liberté, Me Verrier estime que les juges «ont décidé de faire confiance » à son client. L’avocat admet que Luc Goursolas « a effectivem­ent posé des balises sur un véhicule, mais à aucun moment, il n’a pu savoir si cette balise était destinée ou non à un enlèvement ». Toujours mis en examen, Luc Goursolas est placé sous contrôle judiciaire, avec obligation de travailler et interdicti­on d’approcher les acteurs du dossier, ou de quitter le territoire. Le procureur avait fait appel de sa remise en liberté, mais elle a été confirmée mardi, selon Me Verrier, par la chambre de l’instructio­n. Seize personnes, dont Luc Goursolas, sont toujours mises en examen. Huit restent écrouées sur les neuf qui l’étaient. Une ne l’est pas pour raisons médicales et sept désormais sont en liberté surveillée.

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(Photos Cyril Dodergny) Luc Goursolas, de dos, hier dans le bureau de son avocat niçois, Me Adrien Verrier.

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