Une Azuréenne met en cause des ministres
La présidente azuréenne d’Alerte Thyroïde attaque sous un nouvel angle judiciaire, la « non-assistance à personne en danger », qui met notamment en cause les actuels ministres de la Santé et de l’Économie
Elle avait été l’une des premières victimes présumées du Levothyrox à saisir la justice. Début septembre, Anne-Catherine Colin-Chauley déposait plainte à la gendarmerie de Mougins pour « mise en danger de la vie d’autrui ». L’action introduite par cette Azuréenne, responsable de l’association Alerte Thyroïde et par ailleurs avocate, vise directement le laboratoire allemand Merck qui produit cette hormone synthétique dont la formule a été récemment modifiée. Depuis, des dizaines de milliers de patients se plaignent d’effets secondaires. Tous décrivent les mêmes symptômes : vertiges, déséquilibre et fatigue... Le laboratoire assure pourtant ne pas avoir touché au principe actif du Levothyrox, mais seulement à des « excipients » qui entrent dans sa formule. Mais les patients n’en démordent pas. Ils sont déjà 250 000 à avoir signé une pétition demandant le retour à l’ancienne formule chimique. Et les plaintes commencent à s’accumuler dans les tribunaux de France, seul pays à avoir modifié la composition du Levothyrox à la demande d’ailleurs de l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM). Ce qui pourrait ouvrir de nouvelles voies de recours.
« Non-assistance à personne en danger »
Deux cents nouvelles plaintes pour « mise en danger de la vie d’autrui » doivent ainsi être déposées cette semaine au parquet de Grasse par l’association Alerte Thyroïde. Dans le même temps, Anne-Catherine Colin-Chauley annonce qu’elle a introduit dès vendredi une nouvelle action en justice, « pour non-assistance à personne en danger cette fois ». La Mouginoise ne vise plus seulement le laboratoire pharmaceutique allemand Merck. Sa plainte met également en cause « la ministre de la Santé, le ministre de l’Économie qui n’a rien fait contre l’abus de position dominante dont bénéficie Merck, l’ANSM, mais aussi des médecins et des pharmaciens qui nient la réalité...». La responsable azuréenne de l’association Alerte Thyroïde entend ainsi dénoncer l’inertie qui entoure ce dossier. L’ancienne formule du Levothyrox a pourtant, depuis, été remise sur le marché. Mais, «les produits arrivent sur le dos d’un escargot», déplore AnneCatherine Colin-Chauley qui assure que les officines en sont souvent dépourvues obligeant ainsi les patients à se rabattre sur le Levothyrox nouvelle version.
Emmanuel Macron interpellé par sa propre famille
Voilà qui ne serait pas de nature à calmer la fronde contre ce médicament qui serait prescrit en France à près de trois millions de personnes. Les adhésions auprès d’associations de patients se multiplient. Alerte Thyroïde en compte déjà plus de 600 et quelques soutiens de poids dans ses rangs. Comme cette habitante de l’Isère qui ne cache pas son lien de parenté avec le président de la République même si, «pour des raisons de sécurité », elle préfère conserver l’anonymat. Elle aussi est sous Levothyrox. « Depuis plusieurs années, à la suite d’un cancer de la thyroïde. » Et elle aussi se plaint d’effets secondaires depuis qu’elle prend la nouvelle formule : « J’ai commencé à avoir des vertiges et surtout j’étais extrêmement fatiguée. Aux analyses, mes marqueurs thyroïdiens avaient augmenté. Ce n’est pas normal», déplore cette parente par alliance du président de la République. Elle n’a d’ailleurs pas manqué de s’en ouvrir auprès de celui qu’elle appelle « Emmanuel ». «Je lui ai envoyé un email pour lui dire que c’était inadmissible que rien ne bouge malgré toutes les pétitions de patients qui circulent. » Cela fera-t-il pour autant bouger les choses? L’association Alerte Thyroïde et sa responsable azuréenne semblent en tout cas l’espérer.