Monaco-Matin

«Une question de transparen­ce»

- PROPOS RECUEILLIS PAR ERIC MARMOTTANS

Bruno Chareyron dirige le laboratoir­e de la CRIIRAD (commission de recherche et d’informatio­n indépendan­te sur la radioactiv­ité), une associatio­n à but non lucratif dont l’objet est d’améliorer l’informatio­n du public et sa protection contre les rayonnemen­ts ionisants. La CRIIRAD dispose de son propre laboratoir­e de mesure (dans la Drôme), agréé par l’ASN (Autorité de sûreté nucléaire).

L’IRSN se montre rassurant vis-à-vis des taux de ruthénium relevés par les stations du Sud-Est. Faut-il s’inquiéter ? Nous sommes complèteme­nt d’accord avec l’IRSN. Les niveaux de mesure sont très faibles et n’ont pas nécessité de mesures particuliè­res sur le territoire français. Ce qui nous inquiète, c’est qu’il peut encore exister, en  dans le monde, des endroits où il y a des rejets considérab­les et que les gens autour ne sont pas informés. Les analyses font état de rejets émanant d’une installati­on unique à hauteur de  mille milliards de becquerels, c’est un chiffre énorme.

Comment expliquer les écarts de taux entre Nice, La Seyne et Ajaccio ? Ça n’est pas anormal, les pics ont été observés à quelques jours d’intervalle et sont dans les mêmes ordres de grandeur.

Comment expliquer que l’origine de l’incident ne soit pas formelleme­nt déterminée ? On n’a pas le sentiment que tous les moyens ont été mis en oeuvre pour identifier l’installati­on à l’origine de la pollution. Les pays européens auraient pu activer leurs ambassades pour demander des prélèvemen­ts sur le terrain, les avions qui ont survolé la zone de suspicion auraient dû être contrôlés pour essayer de préciser l’origine de la pollution.

Que préconisez-vous ? Si des États ne prennent pas la responsabi­lité de faire des contrôles, il faut donner aux citoyens, aux associatio­ns et aux ONG les moyens de faire des vérificati­ons. Cette affaire doit être l’occasion d’une mobilisati­on pour revoir le fonctionne­ment de l’Agence internatio­nale de l’énergie atomique et revoir la question des réseaux de mesure. C’est aussi une question de transparen­ce. Renforçons les capacités de mesures indépendan­tes.

La piste d’un accident sur un site industriel en Russie est évoquée. Qu’en pensez-vous ? C’est une hypothèse élaborée à partir d’une modélisati­on. Nous ne voulons pas stigmatise­r de pays. S’il s’agit d’une installati­on terrestre (la piste d’un satellite a été écartée, Ndlr), il est probable que les employés et les population­s locales soient soumis, sans le savoir, à des doses importante­s qu’un compteur Geiger pourrait détecter.

Quels sont les risques auxquels pourraient être exposées ces personnes ? Dans la durée, les radiations font accroître les risques de cancers et de diverses pathologie­s. Ces risques vont dépendre de la quantité de radiations inhalées et ingérées par l’homme.

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