Monaco-Matin

Aux Alyscamps d’Arles reposent les âmes vertueuses

- ANTHONY SALOMONE RECUEILLI PAR RÉGINE MEUNIER

La ville d’Arles, située à l’extrême ouest des Bouches-du-Rhône, est connue pour son théâtre antique, son cirque et ses arènes mais sans doute moins pour ses Alyscamps. Ce terme provençal signifie « Champs Élysées ». Il ne s’agit pas d’une référence à «la plus belle avenue du monde» parisienne mais d’une partie des Enfers, selon la religion grecque et romaine, où séjournent les âmes vertueuses après la mort. Les Alyscamps sont une nécropole antique gallo-romaine avant de devenir chrétienne. À cette époque, le site se trouve au sud-est d’Arles (Arelate) et aux abords de la célèbre via Aurelia qui relie Rome à l’Hispanie, territoire actuel de l’Espagne. Pour des raisons hygiénique­s évidentes, il est

L’Allée des tombeaux mène directemen­t à l’église Saint-Honorat. L’église Saint-Honorat a été reconstrui­te au XIIe siècle autour du tombeau du martyr saint Genest. Le tableau « Les Alyscamps » (octobre ) de Vincent Van Gogh évoque l’atmosphère particuliè­re des lieux.

fréquent de trouver des nécropoles le long des grands axes routiers et à l’extérieur des cités comme le rappelle la loi des XII Tables dans la Rome antique du Ve siècle avant J.-C. Cet ensemble de lois est le premier à être écrit, entre 451 et 449 av. J.-C., et à rompre avec le droit oral. La dixième Table évoque les règles funéraires: « L’homme mort, qu’on ne l’enseveliss­e ni ne le brûle dans la ville». Il existe plusieurs types de sépultures :

tombes à incinérati­on, sarcophage­s, stèles ou mausolées.

Une nécropole connue de toute la chrétienté

Les Alyscamps acquièrent leur renommée en 303, époque paléochrét­ienne, lors de l’inhumation du martyr saint Genest. Ce dernier est décapité par la police romaine alors qu’il refuse d’enregistre­r, en tant que greffier à Arles, les édits qui ordonnent en révolution­s,

de persécuter les chrétiens. Il devient l’objet d’un culte important à tel point que, les siècles suivants, les premiers évêques d’Arles se font enterrer aux Alyscamps. Ils ne sont pas les seuls à priser ces lieux et il n’est pas rare que des cadavres soient descendus en barque ou en tonneau le long du Rhône. Être inhumé aux Alyscamps ouvrait plus rapidement les portes du Paradis. Au XIe siècle, les moines de Saint-Victor de Marseille édifient . La Russie et les Russes La guerre, a écrit Lénine, est le « catalyseur de l’histoire ». D’une part, le conflit mondial, avec sa litanie de défaites, de disparitio­ns (plus de  millions), de captivité (plus de  millions), avec la perte dramatique de foi dans le tsar du fait de l’affaire Raspoutine et de ses décisions contre l’assemblée consultati­ve (la Douma), a précipité la Russie dans une situation catastroph­ique sur le plan social, économique et politique. D’autre part,  est une année révolution­naire, mais aussi une année de guerre. La poursuite de l’engagement dans le conflit aux côtés des Alliés de l’Entente, assumé autant par le gouverneme­nt provisoire libéral que par le Soviet de Petrograd dominé par les mencheviks et les socialiste­s, a profondéme­nt mécontenté les soldats, les paysans, les ouvriers. Ils se sont radicalisé­s et ont prêté l’oreille au seul parti qui affirmait vouloir cesser immédiatem­ent les combats : les bolcheviks.

La faiblesse du pouvoir impérial n’avait d’égal que son obstinatio­n à préserver coûte que coûte une autocratie inadaptée à l’évolution du pays. La guerre a amplifié la crise latente dans laquelle se trouvait la Russie depuis la révolution de -. En dépit de la réorganisa­tion de l’effort de guerre en , les matières premières ne pouvaient pas être acheminées avec suffisamme­nt de régularité vers le coeur industriel de l’empire, ce qui a poussé les usines Poutilov à mettre une partie des ouvriers au chômage technique. Et le l’église Saint-Honorat autour du tombeau de saint Genest. Elle est reconstrui­te, au XIIe siècle dans un style roman provençal, tout en conservant les murs de la nef d’origine. En plein essor économique d’Arles, au Moyen Âge, les Alyscamps sont le point de départ ou une étape pour les pèlerins qui se dirigent vers Saint-Jacques de Compostell­e. Ils visitent les tombeaux de saint Genest et des évêques enterrés là. Un feu est alors allumé dans la tour de l’église pour que les fidèles puissent se repérer la nuit. En mémoire de ce temps-là, elle est toujours appelée « lanterne des morts ».

Une inspiratio­n pour les artistes

L’allée des sarcophage­s n’a pas seulement fasciné les chrétiens. L’atmosphère particuliè­re qui s’en dégage a également inspiré un grand nombre d’artistes et parmi eux des noms célèbres. Les mythes et légendes y sont légion tout comme les notions de vie et d’après-vie. Dante y fait référence dans son oeuvre célèbre « L’Enfer », écrite au début du XIVe siècle : « Tout comme à Arles, où le Rhône s’attarde, […] les sépulcres font le sol inégal. » Beaucoup plus tardivemen­t, en automne 1888, les peintres Vincent Van Gogh et Paul Gauguin ont également immortalis­é les Alyscamps. Comme pour tous ces artistes, nul doute que la nécropole fascine également ses visiteurs. Les monuments de la cité antique d’Arles, inscrits sur la liste du patrimoine mondial de l’humanité, ne sont qu’à 1h30 de Toulon et 2h30 de Nice. Les premiers vers extraits du poème «En Arles» de PaulJean Toulet (1867-1920) peuvent encore convaincre les indécis de s’y rendre : « Dans Arles, où sont les Aliscams(1), Quand l’ombre est rouge, sous les roses, Et clair le temps, Prends garde à la douceur des choses. (…) » 1. Orthograph­e occitane du mot Alyscamps.

Visites de novembre à mars de 10 heures à 17 heures : 4,50 euros plein tarif avec possibilit­é de tarif réduit. Plus de renseignem­ents auprès de l’office de tourisme au 04.90.18.41.20. climat s’est mis de la partie, provoquant une grave crise alimentair­e que le rationneme­nt, trop tardivemen­t décrété, n’a pas résolu. Le  février, c’est-à-dire le  mars dans notre calendrier, des ouvrières ont manifesté pour la Journée internatio­nale des femmes en réclamant du pain, sans être inquiétées par la police. La révolte a tourné à la révolution au lendemain de la répression sanglante décidée par le tsar: le  février, certaines garnisons de Petrograd se sont mutinées, ont rejoint les manifestan­ts et, surtout, leur ont distribué des armes en masse. Le peuple a pris le pouvoir, avant que l’élite politique ne le lui subtilise en formant le gouverneme­nt provisoire et le Soviet.

D’une part, si Février est spontané, populaire, chaotique, grisant et dangereux, Octobre n’est pas une révolution, mais un coup d’État qui s’en donne l’apparence. La mise en scène de la prise violente du pouvoir doit à la fois, aux yeux de Lénine, la légitimer en rappelant Février et provoquer un coup d’éclat qui mettra fin aux velléités des partis révolution­naires de former un gouverneme­nt d’union socialiste. « L’insurrecti­on d’Octobre » crée les conditions de la guerre civile : qui n’est pas avec les bolcheviks est contre eux, et donc contre la « révolution ». D’autre part, les caméras ne pénètrent pas dans les ateliers où les ouvriers forment des comités d’usine, dans les villages où les paysans se répartisse­nt les terres de façon égalitaire, dans les unités au front où les soldats instaurent leur propre ordre, au sein des minorités ethniques qui s’orientent de plus en plus nettement vers la prise de conscience d’une identité nationale commune. Ces révolution­s entrent en écho avec la révolution politique dont Petrograd est le théâtre, scruté avec anxiété et espoir dans tout l’empire, mais elles la dépassent aussi.

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(Illustrati­ons DR)
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Nicolo Paganini, cet extraordin­aire violoniste qui a fini sa vie à Nice en , et qu’on croyait hanté par le diable, a fréquenté la famille Bonaparte. Et même de très près ! Il a été amant d’Elisa, soeur cadette de Napoléon, duchesse de Toscane, et auss La conférence L’exposition
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