Monaco-Matin

Ben, toujours maître de l’aphorisme

L’artiste niçois expose son travail encore quelques jours à la galerie 11 Columbia. Invité du Monaco Press Club, il est revenu sur les sources de sa création et de sa recherche artistique

- CEDRIC VERANY cverany@monacomati­n.mc

Loufoque, fantasque, clown. Il assume tout. « Ma fille ne voudrait pas que je sois le rigolo de service, mais moi, ça ne me gêne pas. Je préfère être le rigolo de service que le prétentieu­x de service », glisse-t-il dans une pirouette dont il ponctue tout son discours. Inclassabl­e, Ben Vautier. L’artiste niçois, reconnu dans le monde entier pour ses phrases posées sur des toiles était l’invité du Monaco Press Club la semaine dernière pour parler de son travail à l’occasion d’une exposition importante, sur les murs de la galerie 11 Columbia jusqu’au 17 novembre. Une exposition à la fois drôle et percutante de l’artiste autour d’une thématique sur l’art, l’argent et la valeur d’une oeuvre. « Je doute de tout. Je cherche à comprendre et je doute », explique-t-il. Sa vision de l’art et du monde, il la distille depuis la moitié du XXe siècle, où face au choc de la découverte des créations de Marcel Duchamp, il a développé sa pratique et son écriture devenue sa signature. Au départ, toujours une volonté de donner dans la nouveauté.

« Regardez-moi, pas les autres »

« J’ai été le premier en art à utiliser les aphorismes. Aujourd’hui, les mots sont en train de gagner du terrain. La seule frontière à l’art est qu’il faut apporter du nouveau. Je raconte toujours cette anecdote, je ne sais même plus si elle vraie. J’étais invité à une exposition de groupe, je vois quatre artistes au mur. Et on m’indique ma place à côté d’eux. J’ai alors simplement écrit sur L’artiste, âgé de  ans, est toujours prêt à distiller ses bons mots et tenir le micro pour parler de son travail.

le mur : “Regardez-moi, ne regardez pas les autres.” Ils veulent tous qu’on les regarde. Je vais directemen­t au but, je n’ai pas besoin d’oeuvre d’art. Je cherche la vérité en art. Et cette vérité est qu’un artiste crée pour dire “regardez-moi s’il vous plaît” .» Ben Vautier est aujourd’hui un

des derniers représenta­nts de l’École de Nice. Au départ, il a été le premier à exposer les artistes de ce mouvement dans sa boutique niçoise devenue point de focale de ce petit monde. « Une des raisons de cette créativité est que Nice est loin de Paris. Si on avait été à Tours, on aurait été happé par

Paris. Mais à l’époque aller en 2CV ça prenait presque deux jours et le train coûtait cher », résume-t-il en rigolant. Âgé de 81 ans, il ne songe toujours pas à se ranger. « Je n’arrive pas à m’arrêter. Un conseil, misez sur moi, achetez du Ben, mettez-le à la cave, je suis sûr que vos petits-enfants diront “Ah pépé il a bien fait !” » Savoir + L’exposition « Ben Vautier, Is this art or money ? » est présentée à la galerie 11 Columbia (11, avenue Princesse-Grace) jusqu’au 17 novembre, de 14 heures à 18 h 30. Accès libre.

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