Monaco-Matin

TRANSAT JACQUES-VABRE Dick : « On reste inquiet »

Entré, hier, dans le Pot-au-noir, le duo Dick-Eliès, leader de la flotte IMOCA sur cette Route du Café, s’apprête à vivre probableme­nt le moment le plus crucial de la course

- PHILIPPE HERBET

L’aventure, c’est l’aventure ! Mais, ici, rien à voir avec les ‘‘clowneries’’ tournées par Claude Lelouch, en 1972. Non, car la mer, elle, et contrairem­ent à Lino, ne pardonne rien. Jamais ! Pas même lors d’une transat qui, sur la durée, n’a évidemment rien à voir avec un Vendée. Le duo DickEliès, depuis le départ (le 5 novembre), a affronté des conditions parfois extrêmes (dès le passage du cap de La Hague, avec, par instants, des creux mesurés à 5 m), mais aussi validé une option ouest qui leur a permis de parer au mieux l’anticyclon­e des Açores ; d’empanner au meilleur moment, pour prendre la tête de la flotte des Imoca, position qu’ils occupent d’ailleurs toujours depuis. Après avoir négocié, en maîtres tacticiens qu’ils sont, un délicat passage entre les Canaries et le Cap Vert (autre piège), voilà l’étrave du Saint Michel-Virbac qui pointe désormais à l’entrée du mythique et tant redouté Pot-au-Noir. Forcément un moment clé dans la course. Parce que même si SMA, leur plus sérieux rival, pour l’heure, est encore à près de 60 milles nautiques du tableau arrière de leur monocoque, les deux hommes savent qu’ils vont devoir être vigilants. Voire, sûrement, être contraints à faire des choix, leur destrier étant, de conception, moins à l’aise dans le petit temps...

Supense

C’est d’ailleurs une petite pointe de stress que l’on a pu déceler, hier, lors de notre entretien téléphoniq­ue avec le ‘‘gentleman skipper’’ : « On est dans un passage un peu critique, dit-il. avec des camarades de jeu (situés plus dans leur NordOuest, NDLR) qui reviennent fort derrière. Donc, il faut garder le mental. On a fait un super début de course. Mais là, quand tu retournes dans le vent faible, c’est un peu dur... » Un moment compliqué, à forcément bien gérer, et quelques questions qui se font jour. « On n’aimerait pas que tout le travail fait en amont n’ait servi, finalement, à pas grand-chose ». « Ça ne sera pas simple, poursuit le Niçois. On reste inquiets pour la suite. On a perdu quelques milles, tout de même. Mais on fera le point à l’arrivée. » Et d’imaginer, déjà, ce que pourrait être le final de cette Jacques-Vabre : un sprint, comme sur une piste d’athlétisme. « Oui, tout à fait. On est au deux-tiers du parcours et on ignore encore ce qui va se passer avant la sortie de ce Pot-au-Noir. Mais après, il y aura encore de longs bords à tirer pour descendre jusqu’à Bahia. » Mais, déjà, de louer les bienfaits du binôme qu’il compose avec Yan Eliès. «A bord, ça se passe bien. On a, évidemment vécu des moments difficiles, mais oui, ça va très bien. » La suite ? « J’espère qu’il y aura pétole pour tout le monde, que les bateaux vont être freinés. Après le Pot-auNoir, on espère toucher le premier vent, pour garder un peu de notre notre avance. On va voir si on y parvient. » Suspense toujours entier, donc... 1. Saint-Michel/Virbac (Dick-Elies) à 1542 milles de l’arrivée, 2. SMA (Mailhat-Gahinet) à 51 milles du leader, 3. Des Voiles et Vous (Lagravière-Peron) à 109 milles, 4. Bureau Vallée 2 (Burton-Escoffier) à 180 milles, 5. Malizia II (Hermann-Ruyant) à 187 milles

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(Y.Riou/St-Michel/Virbac) ‘‘JP’’ en plein boulot !

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