Monaco-Matin

RALLYE Eric Camilli, repêchage réussi

Dans l’ombre de l’étoile Ogier, le pilote niçois de l’équipe M-Sport est arrivé à remonter la pente. Le voilà vice-champion du monde WRC2. De quoi mériter une seconde chance au top niveau

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Il aurait pu sombrer dans le défaitisme. Ou bien céder au fatalisme. Baisser les bras. Tomber de haut. Fin 2016, lorsque Malcolm Wilson l’a renvoyé à ses chères études dans le baquet d’une Ford Fiesta R5, après une saison d’apprentiss­age en WRC loin d’avoir répondu aux attentes placées en lui, Eric Camilli s’est forcément posé pas mal de questions. En proie au doute, contraint de faire à nouveau ses preuves dans l’antichambr­e de la catégorie reine, au moment même où l’écurie MSport déroulait le tapis rouge à Sébastien Ogier, le lauréat niçois de l’opération Rallye Jeunes, qui avait gravi les échelons à toute vitesse depuis 2012, parviendra­it-il à surmonter l’écueil ?

« On a combiné vitesse et régularité »

Mission difficile, pas impossible. La preuve : à l’instar du Gallois Elfyn Evans, soumis à pareil challenge un an plus tôt, l’enfant de la baie des anges, jeune trentenair­e, vient de réussir à négocier le périlleux virage du repêchage. En atteste la brillante série de podiums enchaînés ces derniers mois dans la catégorie R5 (voir « Le chiffre »). De quoi reprendre des couleurs, remonter la pente... et décrocher in extremis le titre honorifiqu­e de vice-champion du monde WRC2, le 29 octobre, au soir du Rallye de Grande-Bretagne. « En début d’année, j’avais annoncé que la manière compterait plus que le résultat car on voulait d’abord allier performanc­e et constance. Hélas, les cinq premières échéances, toutes sélectionn­ées par le boss (Malcolm Wilson, ndlr) pour marquer des points, ne m’ont pas vraiment souri, tantôt suite à des erreurs nous incombant, tantôt à cause de problèmes mécaniques. Par conséquent, il fallait impérative­ment accomplir une seconde partie de saison impeccable. Aujourd’hui, je peux dire que le bilan s’avère positif, même s’il y a toujours moyen de faire mieux. Entre Sardaigne et pays de Galles, nous avons combiné les paramètres vitesse et régularité sur tous les terrains. » Dos au mur, l’espoir déçu mais pas abattu a en effet su réagir avant le panneau « trop tard ». Le fruit d’un travail de longue haleine, souligne-t-il. « Avec ‘‘Ben’’ (Benjamin Veillas, l’ami copilote), nous avons bossé très dur sur la préparatio­n de chaque course. Pour progresser, il faut comprendre ce qui ne marche pas, ce qui est perfectibl­e. Réfléchir, analyser. Mon système de notes, par exemple, n’était pas assez précis. Il a beaucoup évolué en 2017. »

« Tant que l’avenir d’Ogier n’est pas fixé... »

Dans l’ombre de l’étoile Ogier, l’Azuréen du team M-Sport s’est ainsi offert quelques coups d’éclat remarqués. « Le temps fort numéro 1, à mes yeux, c’est l’Allemagne », rétorque-t-il du tac au tac lorsqu’on lui demande de désigner le meilleur moment de la campagne conclue récemment. « Je voulais gagner au moins une des trois manches réunissant tous les concurrent­s du WRC2. Un souci d’embrayage nous coûte une trentaine de secondes le vendredi matin, mais l’équipe fait un super boulot au parc d’assistance. Nous réussisson­s ensuite à menacer puis à dépasser les deux Skoda officielle­s (Pontus Tidemand et Jan Kopecky). Par ailleurs, la première étape du Rallye d’Espagne conserve aussi une place à part. Après l’Allemagne, je savais que mon coéquipier (Teemu Suninen) allait attaquer très fort sur la terre. Alors, j’étais vraiment content de terminer cette journée en tête avec une quarantain­e de secondes d’avance. » Et maintenant? Tandis que le rideau tombe cette semaine en Australie - sans lui -, et que le puzzle du plateau 2018 se dessine, pièce après pièce, Eric Camilli ronge son frein en salle d’attente. Nul doute que celui-ci espère très fort obtenir une seconde chance en WRC, histoire de continuer à rouler sur les traces d’Evans. Seule certitude actuelle dans le camp M-Sport : recruté par Toyota, Ott Tänak va libérer un volant. Une place qu’il peut légitimeme­nt lorgner. Tout comme Suninen... « Tant que l’avenir de Sébastien Ogier ne sera pas fixé, de toute façon, il n’y aura aucune décision, aucune annonce, c’est normal », tranche le patient Français. Wait and see...

 ?? (Photos Jo Lillini) ?? Touché, pas coulé ! Un an après son difficile baptême du feu en WRC, Eric Camilli s’est reconstrui­t un avenir en multiplian­t les résultats probants à l’étage inférieur, dans le baquet de cette Ford Fiesta R (ici en Allemagne). Si Malcolm Wilson le...
(Photos Jo Lillini) Touché, pas coulé ! Un an après son difficile baptême du feu en WRC, Eric Camilli s’est reconstrui­t un avenir en multiplian­t les résultats probants à l’étage inférieur, dans le baquet de cette Ford Fiesta R (ici en Allemagne). Si Malcolm Wilson le...

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