La libido après le patrimoine
Décidément, le sexe file un mauvais coton. Voilà encore quelques décennies, il suscitait davantage de gémissements de plaisir que de cris de souffrance. Dans le moins distingué des cas, il donnait lieu à des grivoiseries dont les auteurs tentaient de mettre les rieurs de leur côté en rappelant qu’avant d’être Français nous avions été Gaulois. Le porno était confidentiel et le sex toy n’avait pas été inventé. Aujourd’hui, ce qui devrait rapprocher les êtres les sépare. Les plaintes se multiplient sans que jamais la statistique précise si les hommes ont plus de tempérament ou si les femmes sont moins demandeuses. Qu’importe, le jeu de la bête à deux dos doit être « judiciarisé » en substituant les sévérités de la loi aux douceurs de l’amour. À croire que maintes garçonnières se composent désormais d’une chambre à coucher et d’une chambre correctionnelle. Et pas du menu fretin : de grands patrons, des artistes célèbres, des politiciens importants. À la déclaration de patrimoine s’est ajouté l’examen de libido : « Dis-moi comment, à la fin de la journée, tu dis au revoir à ta secrétaire et je te dirai qui tu es vraiment. » La suspicion généralisée (sauf qu’aucun homme n’a fait grief à une femme de lui avoir manqué de respect) finira par compromettre la perpétuation de l’espèce. En revanche, il y aura dans les zoos de plus en plus de bipèdes qui iront voir comment les animaux se reproduisent sans problème.