Monaco-Matin

Son camping-car enlevé, il est à la rue à  ans

À Juan-les-Pins, Robert Natali ne sait plus où dormir depuis que son seul toit a été embarqué à la fourrière. L’hiver est là, il cherche une solution malgré son maigre revenu. Il a tout perdu

- JÉRÉMY TOMATIS jtomatis@nicematin.fr

L’espace de quelques heures, son toit s’est envolé. Non pas que Robert Natali eut l’envie soudaine, à 62 ans, de dormir à la belle étoile. Non. C’est la vie qui en a voulu ainsi. Le destin. Et les autorités... Installé dans son camping-car depuis cinq ans, ce natif de Béziers, devenu SDF en 2006, a tout perdu le 7 septembre dernier. Stationné avenue Edmond- d’Esclevin, à Juan-les-Pins, Robert Natali n’embêtait pas grand monde. Pour ne pas dire personne. Petit problème administra­tif : son stationnem­ent est jugé abusif et son véhicule n’est pas assuré depuis près de 2 ans. C’est la raison pour laquelle son camping-car est embarqué à la fourrière. « Comme il s’agit du domaine public, on m’a dit que je devais l’assurer pour 6 mois minimum. Mais c’est beaucoup trop cher. »

« Je ne pouvais pas vivre comme un fantôme »

Pour le récupérer, il doit sortir près de 1200 euros de sa poche. Cela comprend l’assurance, qu’il doit payer en une fois, ainsi que les frais de fourrière. Un montant impossible à régler car il ne touche que 536 euros de RSA chaque début de mois. « J’avais tout ce dont j’avais besoin dans ce camping-car. J’ai tout perdu. » La suite n’est qu’une succession d’ennuis. Au départ, Robert Natali parvient à se faire héberger dans une agence immobilièr­e, au Cap d’Antibes. La nuit, il peut utiliser les toilettes. Le petit frigo. Il peut dormir au chaud, sous un bureau. Cela ne dure pas plus de trois Robert Natali,  ans, était installé dans son camping-car depuis cinq ans. Il n’embêtait pas grand monde. Mais à Juan-les-Pins, sur l’avenue Edmond-d’Esclevin, son stationnem­ent a été jugé abusif et son véhicule n’était pas assuré depuis près de  ans.

jours. Le propriétai­re, voisin, se rend rapidement compte de sa présence et le met dehors. « Je ne pouvais pas vivre comme un fantôme... » Depuis, il dort sous un escalier, avec pour seul réconfort un petit chauffage électrique. Aujourd’hui, Robert Natali cherche un logement décent et surtout abordable financière­ment. « Je cherche simplement un lit. Le moins cher que je trouve, c’est un studio qui me reviendrai­t à plus de 800 euros si

j’additionne le loyer, la caution, les charges... je ne peux pas. Et mon camping-car est à la poubelle. Donc ce soir je retourne dormir dehors. » Lorsque l’on évoque les différents foyers qui peuvent l’accueillir de nuit, le vieil homme marqué par la vie n’en veut pas. « J’ai déjà fait. J’ai vu la cour des miracles. J’en ai marre. Je n’ai plus l’âge de m’entasser dans une chambre de quatre ou plus. Ni de dormir dans la rue d’ailleurs. Dans le ventre, je sens un vide. Je me

sens abandonné. J’ai besoin d’un logement. »

Une adresse pour se reconstrui­re

Un foyer où il pourrait rentrer tous les soirs et dormir. Une adresse, qui lui permettrai­t aussi de se reconstrui­re. « Je fais souvent le tour des encombrant­s. Je récupère de vieux four micro-ondes, de vieilles chaises. Je vais aussi aux champignon­s. L’idéal, ce serait que je récupère une camionnett­e

d’occasion, même à 500 euros, pour stocker tout ça. Je pourrais ensuite le vendre sur des marchés. » Marie-Claude, qui a eu vent de la situationd­eRobert Natali et nous a contactés « pour lui venir en aide » , trouve cela injuste. « Il a dormi un moment sur une plage. Et est prêt aujourd’hui à dormir dans un garage, n’importe où. C’est triste et inadmissib­le que cela arrive à notre époque. »

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(Photo Éric Ottino)

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