Le plan Macron
Mobilisation générale pour lapolitique de la ville : combien de fois, depuis que la Ve République existe, et en avonsnous entenduparler ! Emplois aidés, zones franches, quartiers sensibles, combien de ministres, de Premiers ministres, deprésidents de la République même, ont prodigué leurs encouragements, avancé leurs solutions, combien de crédits alloués, pour un résultat qui est, hélas ! toujours resté le même: l’existence, autour des villes, dequartiers baptisés difficiles, marqués par un fort chômage des jeunes, des commercesenberne, une exclusion sociale irréductible, une pauvretéque viennent encored’accroître, commec’est le cas à Paris, les problèmes incessants des réfugiés. Sans oublier, dans le Nord et l’Est, les effets dévastateurs de la désindustrialisation et ceux d’une mondialisation galopantequi a laissé sur le carreau les plus faibles ou les plusdémunis. Pour quelques succès, enmatièrede rénovation urbaine, combien d’échecs, combien d’espoirs vite disparus. Après Clichy, dans la région parisienne, et Tourcoing dans les Hauts-de-France, c’est à Roubaix qu’Emmanuel Macronachoisi d’annoncer, mardi, son plan de bataille pour changer le visage des quartiers difficiles d’ici à la fin de son quinquennat. Le président de la République ne fait jamais rien par hasard. Ilad’abordvoulu, dans le Nordsocialement éprouvé, « tor
dre le cou » à l’expression « Président des riches » que ses opposants de gauche, mais aussi, paradoxalement, de droite, ont entrepris de lui coller à lapeau. D’où son plaidoyer, devant un parterred’élus locaux, maires, députés etmêmeprésident de région, en faveur de toutes les mesures, d’ailleurs annoncées dans son programmeprésidentiel, prises en faveur des entreprises. « Il n’yapas, a-t-il répété, une économie qui tireenavant tout le pays s’il n’yapas d’entrepreneurs qui réussissent. » C’est en quelque sorte l’explication de la métaphore, employée dans son interview télévisée d’octobre dernier– métaphorequi avait indigné la France insoumise et les socialistes–, des
« premiers de cordées », seuls capables de tirer vers le haut les investissements et la croissance, pour en fairebénéficier, par ricochet, les classes plus populaires. L’expression n’avait pas alors paru particulièrement convaincante pour faireoublier le « Président des riches » , c’est pourtant les mots qu’ilaemployés à nouveau, pour tenter de se fairemieux comprendre, aucours de son déplacement dans le Nord. On verra s’il ya mieux réussi en s’adressant, cette fois, sur leur terrain, àdes auditeurs issus de milieux plus populaires. Difficile, enattendant, de parler, aujourd’hui, de banlieues et des quartiers sensibles, sans évoquer la radicalisation religieuse de quelques milliers de ses habitants, présents au milieu des millions d’autres quiyvivent. Pour le Président, c’est parce que la Républiqueyadémissionné que des associations salafistes sesont installées. On voudrait bien que ce soit vrai, et qu’il suffise de réinjecterdes crédits, de remettredes professeurs et des policiers pour mettre fin à la radicalisation. L’expériencepassée montre, hélas ! que ce n’est pas automatique.
« Difficile de parler, aujourd’hui, de banlieues et des quartiers sensibles, sans évoquer la radicalisation religieuse de quelques milliers de ses habitants. »