«Un bon accord avec l’Europe ce serait plus de souveraineté»
Le parti Union Monégasque, conduit par Jean-Louis Grinda, a animé une réunion publique mercredi soir sur les « vérités et mensonges » qui plane sur l’Europe
Certains jouent sur l’angoisse et sur la peur ; ce n’est pas notre discours. » Mercredi soir, aux côtés du leader Jean-Louis Grinda et des candidats de l’Union Monégasque (UM), Jean-Charles Allavena a parlé d’Europe. Celle que l’UM voit potentiellement comme «un partenaire ». Alors pour sa troisième réunion publique, Jean-Louis Grinda a aussitôt donné le micro dans la salle pour que chacun questionne et que les candidats répondent sur les négociations entre le gouvernement et l’Union Européenne. Il revient aujourd’hui sur sa position et celle de son groupe.
Vous avez intitulé votre soirée « Europe : vérités et mensonges ». Quels sont les « mensonges » ?
Mentir, c’est quand on cherche à faire croire à nos compatriotes que le gouvernement serait prêt à abandonner tout ou partie des prérogatives des Monégasques pour le seul bénéfice de l’UE et, qu’en plus, tout ceci se passerait en cachette. Encore une fois, je dois rappeler que le prince a fixé des lignes rouges qui ne seront pas dépassées. Ces lignes rouges sont celles qui défendent les intérêts vitaux de notre pays. Je me demande bien au nom de quoi on pourrait se permettre de douter des intentions du chef de l’État… Par ailleurs, le gouvernement communique régulièrement avec le Conseil national après chaque round de négociation. En outre, il informe plus généralement les Monégasques sur son site internet. Ce n’est peutêtre pas parfait – la matière est ardue – mais il n’y a pas de volonté de cacher quoi que ce soit. Je rappelle que n’ayant voté aucun budget depuis mon élection de et avec des arguments souvent très critiques, on ne pourra certainement pas m’accuser de complaisance vis-à-vis de l’éxecutif. Tout le monde ne peut pas en dire autant…
Êtes-vous « euroconfiant » ?
Ni euroconfiant ni euroméfiant. Ces expressions sont utilisées pour créer des écrans de fumée avec la réalité. Je suis conscient et fier des nombreux atouts que possède notre pays. C’est avec cet état d’esprit qu’il faut poursuivre cette négociation.
Le pot de terre contre le pot de fer ? Je rappelle que nous n’avons pas demandé cette négociation, ce qui nous place objectivement en meilleure position que si nous avions été des quémandeurs en situation d’urgence ! C’est une de nos forces. L’autre, et elle est déterminante, c’est l’union du pays tout entier derrière le Souverain. Ceux qui cherchent à nous diviser font implicitement le jeu des autres. C’est, à mes yeux, inacceptable.
Monégasques contre
millions d’Européens ?
Pensez-vous qu’il serait plus productif de les ignorer ? Il ne s’agit pas d’adhérer à l’Union Européenne, Dieu merci, mais de normaliser la participation de Monaco au marché unique. Aujourd’hui, nous y participons seulement à travers nos accords avec la France, ce qui n’est pas satisfaisant en terme de souveraineté. Faut-il rappeler qu’aujourd’hui encore, notre souveraineté est encadrée par ces accords Francomonégasques ? L’Europe, en discutant directement avec nous, renforce de facto notre souveraineté et notre indépendance et, en cas d’accord, nous considérera comme un partenaire à part entière.
Les professions
réglementées semblent très frileuses quant aux éventuels futurs accords.
Oui, il y a une crainte légitime qu’il faut entendre et respecter. C’est pour cela que la communication et la transparence sont vitales. Les professions réglementées savent parfaitement que dans une négociation il y a nécessairement des points de crispation puis des avancées. C’est le rôle de la diplomatie. Le rôle du politique, c’est de rappeler que notre pays, ne demandant rien, n’est pas enclin à lâcher quoi que ce soit de ce qui fait notre particularité. Au diplomate d’être fourbu.
Quels principaux avantages Monaco tireraitil de ces négociations ?
À mes yeux, un bon accord
signifierait davantage de souveraineté, ce qui serait évidemment bénéfique pour notre pays et pour notre avenir. Nous ne passerions plus sous les fourches caudines d’un obscur fonctionnaire mais discuterions d’égal à égal avec les États membres de l’UE sans y avoir adhéré. Ensuite, un accord donnerait confiance à ceux qui sont ou veulent s’installer chez nous pour y développer leurs affaires. Par ailleurs, outre les exportations pour nos entreprises (y compris les entreprises culturelles), je n’oublierai pas les avantages pour notre jeunesse (Erasmus, intégration moins onéreuses dans les grandes universités,...).