Monaco-Matin

Le Salvator Mundi à peine vendu, Rybolovlev et Bouvier se taquinent

Adjugée par Sotheby’s, jeudi soir à Manhattan, la Ferrari F2001 (châssis n°211) grâce à laquelle Schumacher avait remporté le Grand Prix de Monaco 2001 a établi un record dans sa catégorie

- THOMAS MICHEL tmichel@nicematin.fr THOMAS MICHEL (AVEC J.D.)

Les records se suivent et ne se ressemblen­t pas à l’occasion de la grandmesse annuelle des enchères d’art contempora­in, cette semaine à New York. Après le Salvator Mundi de Léonard de Vinci adjugé par Christie’s pour la somme record de 450 millions de dollars, mercredi soir, une Ferrari pilotée par Michael Schumacher en 2001 a pulvérisé les enchères, le lendemain à Manhattan. Estimée entre 4 et 5,5 millions de dollars, la monoplace de « Schumi » s’est vendue 7,5 millions de dollars (frais compris), dépassant les prévisions de Sotheby’s pour « plus que doubler le record précédent pour une Formule 1 aux enchères ».

Acheteur anonyme

Le précédent record pour une Formule 1 moderne était en effet de 3,2 millions de dollars pour une Ferrari F2004, également pilotée par Michael Schumacher, vendue par Sotheby’s à Maranello, en 2005. La vente a été très animée en salle et par téléphone et Sotheby’s avait qualifié cette voiture de « plus étonnante jamais mise aux enchères ».

l’acquéreur, « un propriétai­re privé », reste pour l’heure anonyme. Fruit d’un partenaria­t entre Sotheby’s et sa branche automobile, RM Sotheby’s, la vacation comprenait un volet caritatif. « Une partie du produit de la vente de la voiture sera donnée par l’ancien propriétai­re à la Fondation Keep Fighting de Michael Schumacher », précise Sotheby’s. Keep Fighting est une organisati­on Dmitri Rybolovlev n’est pas du genre à afficher ses émotions publiqueme­nt. Mercredi soir, l’oligarque russe était bien à New York d’après ses proches, mais en retrait de la vente. Il n’était pas dans la salle du Rockefelle­r Center au moment du coup de marteau historique adjugeant son Salvator Mundi pour 450 millions de dollars (382 millions de dollars). Impossible de savoir s’il a exprimé une quelconque émotion. Sa première réaction officielle, parvenue par le biais de son Family Office aux Etats-Unis, a été de ramener cet événement de l’histoire de l’art dans le giron du contentieu­x privé. «Cet événement conforte les sociétés de la famille Rybolovlev dans le cadre des procédures judiciaire­s initiées pour une escroqueri­e choquante commise par Yves Bouvier, qui se présentait comme intermédia­ire, conseiller et ami de M. Rybolovlev.» Le marchand d’art suisse, justement, y est allé de son commentair­e

à but non lucratif qui « cherche à canaliser l’énergie positive reçue par le septuple champion du monde de Formule 1 et sa famille et à la transforme­r en une force pour le bien de la planète en termes culturel et social ». Les fans et nostalgiqu­es du « Baron rouge » n’ont pas oublié que c’est cette monoplace au cheval cabré, datant de l’époque où Jean Todt manageait la Scuderia Le a permis aux sociétés de la famille Rybolovlev de « combler » une partie des pertes subies sur d’autres tableaux achetés à Yves Bouvier puis revendus. C’est du moins ce qu’affirme le clan Rybolovlev.

sur la vente du Salvator Mundi. «En matière d’art, il ne faut s’étonner de rien, surtout lorsque l’on a affaire

Ferrari, avait conduit Schumacher à sa dernière victoire sur le tourniquet monégasque. La cinquième.

« Ce n’est pas une oeuvre d’art »

La Ferrari F2001 (châssis n° 211) avait été, de manière surprenant­e, cataloguée dans une vente d’art contempora­in – dont 96 % des lots ont été adjugés pour un montant total de 310,2 millions

à des chefs-d'oeuvre.» Le prix exorbitant peut être justifié, donc, par le seul fait qu’un collection­neur a

de dollars. Avant la mise à prix, le directeur du départemen­t d’art contempora­in de Sotheby’s à New York, Grégoire Billault, a justifié cette originalit­é. «Ce n’est pas une oeuvre d’art mais on a tous grandi avec des voitures, rêvé de voitures, et j’ai pensé que ce serait bien de faire un petit clin d’oeil. » Sotheby’s avait auparavant qualifié la voiture comme étant « la voiture de course la choisi de le mettre.

Pas une question de prix mais de manières

C’est peut-être aussi la raison pour laquelle Yves Bouvier se réjouit de la vente réalisée par celui qui le poursuit pour escroqueri­e. « Je considère que quand une affaire est faite, elle est finie. Je me réjouis pour mon acheteur qui a fait une plus-value record.» Celui qui avait vendu le De Vinci 127,5 millions d’euros à Dmitri Rybolovlev en 2013 – deux jours après l’avoir acquis pour 83 M€ –, s’étonne même de la réaction de Rybolovlev. « Comment continuer à affirmer avoir été escroqué alors que ma prétendue victime vient d’empocher 325 millions de profits? Et de poursuivre: « Je regrette pour Dmitri Rybolovlev qu’il ait fait le choix de m’attaquer devant les tribunaux au lieu de me laisser le temps de valoriser sa collection (2 milliards) qui aurait doublé de valeur.» plus étonnante jamais mise aux enchères», certains experts allant jusqu’à qualifier le bolide d’oeuvre d’art par son design et «les millions d’heures de travail manuel» nécessaire­s à sa réalisatio­n. Onze Ferrari F2001 sont sorties des ateliers de Maranello. Onze modèles pour seulement cinq pilotes. Parmi les chanceux, un seul brave toujours les pistes du championna­t du monde : Felipe Massa. La F2001 était jugée révolution­naire en son temps avec son moteur V10 de 3,0 l développan­t 900 chevaux, pour 19000 tours minute. Des caractéris­tiques qui ont permis à Ferrari de décrocher son 11e titre de champion du monde des constructe­urs (sur 15) en 2001 et à Schumacher de décrocher sa 4e couronne mondiale. Comme prévu, le nouvel acquéreur pourra se la jouer comme «Schumi», puisqu’il bénéficie du programme client de Ferrari et donc d’un accès à la mythique piste de Maranello. Côté Rybolovlev, on estime surtout que la somme pharaoniqu­e encaissée grâce au Salvator Mundi vient combler les pertes subies sur d’autres tableaux achetés auprès de Bouvier et revendus depuis – même si certains ne l’ont pas été à perte. D’où le nouveau communiqué envoyé, hier, par l’avocat parisien de Dmitri Rybolovlev, Me Hervé Temime. « M. Bouvier a dupé les sociétés de la famille Rybolovlev y compris à l’occasion de l’achat de ce tableau en 2013, où il leur a fait croire qu’il négociait pour eux le prix d’acquisitio­n avec le propriétai­re alors qu’il le faisait pour son propre compte en trahissant leurs intérêts et son mandat, afin d’encaisser 44,5 millions de dollars. Les sociétés de la famille Rybolovlev n’ont jamais reproché à M. Bouvier le prix en valeur absolue auquel elles ont acheté 38 oeuvres en dix ans. »

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(Photo Sotheby’s) Salvator Mundi
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