Monaco-Matin

En marche au pas !

- DENIS JEAMBAR

Pendant sa campagne présidenti­elle, Emmanuel Macron avait eu un coup de génie : lancer la politique low cost ! En marche devenu depuis La République En Marche (LREM) était un pur produit de l’ubérisatio­n de la société et de l’idéologie de la gratuité qui la sous-tend. En quelques mois, la formation d’Emmanuel Macron est ainsi devenue la première en France avec   adhérents qui n’ont pas eu à dépenser un centime pour militer et donner un grand coup de pied dans la fourmilièr­e politique traditionn­elle. Cela s’appelait : « Faire de la politique autrement ». Un pari gagnant pour conquérir l’Elysée et, dans la foulée, obtenir une large majorité à l’Assemblée nationale. Mais, depuis la présidenti­elle, cette stratégie montre peu à peu ses limites. Car ce qui ne se paye pas n’engage guère. D’où ce sentiment de flottement dans le parti présidenti­el. Impression aggravée par la volonté du chef de l’Etat de tout contrôler. Il est vrai que les députés LREM et le parti doivent tout à Emmanuel Macron. Sans sa victoire, cette armée d’inconnus ne l’aurait jamais emporté ensuite aux élections législativ­es. Un certains nombre d’entre eux, cependant, ne veulent ni le comprendre ni l’entendre, convaincus que leur talent a largement contribué à ce succès. Ainsi, à la veille du premier congrès de LREM qui se tient ce samedi à Lyon, une centaine de Marcheurs ont annoncé dans une tribune qu’ils quittaient le mouvement. Une tempête dans un verre d’eau. Néanmoins, cette porte qui claque est un symptôme de la normalisat­ion du parti présidenti­el en train de passer sous le rouleau compresseu­r de la Ve République. Emmanuel Macron a pu constater sous le mandat de François Hollande qu’il était indispensa­ble de tenir les rênes courtes à sa majorité et de contrôler d’une main de fer son parti. Dans le passé, Valéry Giscard d’Estaing a vu, lui aussi, sa majorité se fracturer jusqu’à rendre impossible sa réélection en . Pas question, donc, pour le Président de commettre ces erreurs fatales. Le temps de l’originalit­é est donc terminé. LREM ne sera pas un laboratoir­e d’idées nouvelles et une formation de francs-tireurs. Emmanuel Macron a décidé d’en faire un parti classique, obéissant au doigt et à l’oeil à son chef. C’est pour cela qu’il a choisi Christophe Castaner pour en devenir aujourd’hui le délégué général. Les Marcheurs vont devenir les fantassins d’une armée avançant au seul pas présidenti­el. La méthode employée pour imposer Christophe Castaner en est l’illustrati­on. Foin de démocratie, il est le candidat à la direction de LREM, ouvertemen­t choisi par le Président de la République. Il ne sera pas élu par l’ensemble des militants mais par un vote à main levée des  membres du conseil de LREM. Pas de surprise donc sur les résultats malgré des dissidence­s. Comme dans la vieille politique dont les méthodes, visiblemen­t, ne déplaisent pas toujours à Emmanuel Macron : marchez mais dans le rang !

« Il est vrai que les députés LREM et le parti doivent tout à Emmanuel Macron »

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