Monaco-Matin

À Nice, un avion confond une voie de service avec la piste de décollage

L’incident s’est produit le 6 novembre dernier sur la plateforme niçoise. Il est qualifié de « grave » par le fameux bureau enquête accident (BEA) qui a ouvert une enquête

- ERIC GALLIANO egalliano@nicematin.fr

L’incident, qualifié de « grave », est rapporté par le bureau enquête accident (BEA) sur son site Internet. Le 6 novembre dernier, alors que la nuit est déjà tombée sur la plateforme azuréenne, un avion de ligne s’engage pour décoller de l’aéroport de Nice. L’appareil, un Embraer ERJ190 affrété par la compagnie portugaise TAP, doit se rendre à Lisbonne. C’est alors que l’équipage fait une terrible méprise. Le pilote confond la piste 04L, sur laquelle il a été autorisé à décoller, avec... la route de service qui longe cette piste !

La piste sud des décollages fermée pour travaux

La piste 04L - pour left - est aussi appelée « piste nord ». C’est celle qui se trouve le plus près des infrastruc­tures aéroportua­ires. « Habituelle­ment les décollages se font plutôt sur la piste sud (right) qui est la plus loin des habitation­s afin de limiter les nuisances sonores pour les riverains », précise la direction de l’aéroport de Nice. Mais celle-ci est en travaux depuis le 30 octobre et jusqu’au 4 décembre prochain. Lorsque l’avion de la TAP se présente au décollage, la tour lui indique donc,

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comme à tous les autres appareils, de se rendre sur la piste nord. L’Embraer portugais ne l’atteindra jamais. Il bifurque plusieurs dizaines de mètres avant et s’engage donc sur ce qui n’est en fait qu’une voie de roulage, le « taxiway U » qui sert à la circulatio­n au sol des véhicules terrestres ainsi que des avions, mais en aucun cas à leur atterrissa­ge ou à leur décollage !

Une ancienne piste transformé­e en taxiway

Comment a-t-il pu y avoir méprise ? La direction de la plateforme assure que les deux voies font l’objet d’une « signalétiq­ue bien distincte, avec des codes couleur différents » et que cette signalétiq­ue était « en parfait état de marche le 6 novembre ». Un pilote que nous avons interrogé confirme : « L’aéroport a procédé à d’importants travaux d’infrastruc­ture et le balisage est désormais impeccable. » Même si ce profession­nel reconnaît que « la confusion a pu, un temps, être possible » du fait que « le même revêtement » recouvre la piste et le taxiway U. Et pour cause, ce dernier est en fait l’ancienne piste de l’aéroport de Nice qui a été réaffectée à la fin des années 90. Le pilote que nous avons interrogé ne veut pas accabler ses confrères. « Il faut voir si cet équipage n’avait pas enchaîné les rotations, s’il n’était tout simplement épuisé. Personne n’est à l’abri d’une défaillanc­e...»

« Ils ont eu de la chance ! »

Même s’il reconnaît que celle-là aurait pu avoir des conséquenc­es dramatique­s : « On peut dire qu’ils ont eu de la chance ! » Le taxiway « U » étant une ancienne piste il était suffisamme­nt long et large pour permettre à l’avion de décoller. Ce n’est pas tant ça le problème. En revanche depuis sa réaffectat­ion en 1999, des aires de stationnem­ent ont été créées en bordure immédiate de cette voie de circulatio­n. En outre des appareils sont régulièrem­ent invités à l’emprunter lors de leurs manoeuvres de « roulage ». C’est-à-dire lorsqu’ils rejoignent une piste ou un terminal en roulant au sol. Il y avait donc un risque réel de collision. D’autant que l’appareil de la TAP, bien qu’immédiatem­ent alerté par la tour de son erreur selon le BEA, a quand même parcouru 960 mètres et atteint la vitesse de 170 km/h avant de faire demi-tour.

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