Utiliser sa propre graisse pour reconstruire son sein Soins
Le lipofilling est une technique récente utilisée pour permettre aux femmes de retrouver une poitrine harmonieuse suite à une ablation totale ou partielle après un cancer
La féminité est malmenée par la maladie, surtout lorsqu’il s’agit d’un cancer du sein. le plus souvent, l’ablation n’est que partielle, mais dans environ 30 % des cas, il est procédé à une mastectomie totale : c’est tout le sein qui est retiré. Il existe plusieurs techniques de reconstruction mammaire pour les femmes qui désirent retrouver une poitrine presque comme avant (lire ci-contre). Parmi les plus récentes, le lipofilling, une technique qui, à l’origine, était utilisée dans le domaine de l’esthétique, pour remodeler le visage notamment. « Le principe consiste à utiliser des tissus graisseux du ventre et des cuisses pour les réinjecter dans la poitrine. Il n’y a donc pas de risque de rejet », précise le Dr Vanessa Mathieu-Guérini, chirurgien gynécologue au Centre hospitalier de la Dracénie. L’autre avantage de cette méthode, c’est qu’elle peut être complémentaire des autres techniques, « pour compléter une reconstruction déjà réalisée ». « Par exemple pour combler une prothèse, rectifier des creux qui apparaissent sur la poitrine. » Toutes les patientes ne peuvent néanmoins bénéficier du lipofilling mammaire. « Il faut avoir la quantité de graisse nécessaire. Chez une femme très mince, ce n’est donc pas vraiment indiqué », explique le Dr Mathieu-Guérini. L’opération – qui peut se pratiquer sous anesthésie locale – se déroule dans un même laps de temps : «la graisse est prélevée sur le ventre et la face externe des cuisses. Elle est injectée directement dans le(s) sein(s). Seulement 70 % de ce qui est injecté est effectivement greffé; une partie des tissus adipeux est naturellement éliminée par l’organisme. Aussi est-il parfois nécessaire de renouveler l’opération pour aboutir à un volume du sein satisfaisant. » Il arrive ainsi qu’une patiente enchaîne deux ou trois interventions – à chaque fois espacées d’au moins trois mois – jusqu’à ce que le volume du (des) sein(s) soit satisfaisant. Attention toutefois, les patientes doivent éviter les grosses variations de poids, même si, contrairement aux prothèses, il est toujours possible d’effectuer des ajustements.
Peu de risques opératoires
« Le lipofilling ne va pas remplacer les autres techniques. Nous présentons à toutes les patientes les différentes solutions qui s’offrent à elles. Avant même que nous le pratiquions ici, nous adressions celles qui souhaitaient opter pour cette méthode à des confrères qui la pratiquent. Ce sont elles qui prennent la décision, en s’appuyant sur les informations que nous leur donnons. Le rôle des médecins est de les guider et de les conseiller, notamment en cas de contre-indication », précise la gynécologue dracénoise. Le lipofilling est l’une des techniques qui présente le moins de risque opératoire. En revanche, elle peut prendre beaucoup plus de temps, en fonction des ajustements à effectuer pour obtenir un volume du sein suffisant. En moyenne les interventions s’étalent sur 9 mois (3 à raison d’une tous les 3 mois). Comme les autres méthodes de reconstruction mammaire, cette dernière est remboursée par l’Assurance-maladie dans le cadre de la prise en charge du cancer.
% de la graisse injectée est greffée, le reste est éliminé naturellement Dr Vanessa Mathieu-Guérini Chirurgien gynécologue