Monaco-Matin

La République en marche... un peu forcée

- Par MICHÈLE COTTA

Franchemen­t, à regarder le visage de Christophe Castaner, samedi soir sur France , quelques heures après sa désignatio­n au poste de délégué général de La République en marche ! il était difficile d’y lire un bonheur extrême. Heureux, Christophe Castaner ? Pas vraiment. Après tout, passer en quelques mois de porte-parole d’Emmanuel Macron à l’un de ses ministres ainsi que porte-parole de son gouverneme­nt, c’était un joli parcours. Abandonner une partie de ces fonctions pour s’atteler à la direction d’un mouvement politique, ce n’est sans doute pas une vraie partie de plaisir. C’est que diriger un parti, aujourd’hui, ce n’est pas simple. À l’heure où le Parti socialiste vole en éclats, à l’heure où Les Républicai­ns ne savent pas où ils en sont, il faut du courage pour créer un nouveau parti. D’autant que les Marcheurs, ceux de la première heure ou ceux du lendemain, ne sont pas des militants comme les autres. On en annonce plus de  . Mais il s’agit de supporters d’Emmanuel Macron, dont la plupart se sont bornés à cliquer sur Internet, depuis juillet , pour adhérer au mouvement En Marche. La plupart de ces « cliqueurs » n’ont pas d’expérience politique, encore moins celle d’une organisati­on partisane. Tous pourtant, ils ont assisté, participé même, à l’aventure de celui qui a mis neuf mois seulement pour devenir le président de la République. Tous, donc, veulent se voir écoutés et entendus à la hauteur de leur engagement. D’où la mauvaise humeur de certains qui, avant même le premier congrès samedi à Lyon, ont tenu à manifester leurs réticences devant la façon dont Christophe Castaner a été désigné par le président de la République plutôt qu’élu par eux, par la base, à la tête de La République en marche !. Et de fait, il est vrai qu’après la victoire d’Emmanuel Macron, – c’est Christophe Castaner lui-même qui le dit –, l’état-major parisien a donné « l’impression

d’abandonner les militants ». Leur candidat est entré à l’Élysée, la plupart des personnali­tés emblématiq­ues sont devenues ministres ou députés. Les choses sont allées très vite, trop vite pour que l’intendance suive. Quant au mode de désignatio­n de Christophe Castaner à la direction du nouveau mouvement En marche ! il n’a pas, il est vrai, été franchemen­t démocratiq­ue. Mais Emmanuel Macron pouvait-il faire autrement et quel aurait été le processus pour permettre à la base de choisir ? Un référendum sur Internet, une consultati­on par écrit, des confrontat­ions publiques analogues à elles des élections primaires telles que les Français les ont connues l’année dernière ? Outre que l’expérience n’a pas été concluante, elle était franchemen­t impossible à envisager dans un parti qui n’a pas eu le temps de s’organiser. Par la suite, sans doute la désignatio­n du patron du parti ne se fera plus directemen­t par le président de la République lui-même, mais, formelleme­nt en tout cas, par les instances de direction qui seront mises en place. Ce qui n’empêchera pas Emmanuel Macron de rester l’inspirateu­r du mouvement qu’il a suscité. Imagine-t-on que François Mitterrand, Jacques Chirac ou Nicolas Sarkozy ne soient pas restés les vrais patrons du parti majoritair­e après avoir leur élection ? Sinon, gare aux « frondeurs ».

Diriger un parti politique aujourd’hui, ce n’est pas simple

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