G. Rubio remporte le marathon de Las Vegas
À 37 ans, le Roquebrunois Gilles Rubio – licencié au « Menton Marathon » – a remporté dimanche dernier le marathon de Las Vegas. Une course à laquelle 3000 athlètes participent chaque année
Jusqu’au 40e kilomètre, Gilles Rubio pensait qu’il finirait deuxième. Avant de prendre la têtede la course, à laquelle près de 3000 athlètes participaient, dimanche dernier. Avant de remporter son premier marathon. Passant de la « belle satisfaction » à un état de totale « jubilation » dans les rues (nocturnes) de Las Vegas. Fier d’arborer son maillot aux couleurs du « Menton Marathon » ; au moins autant que les Mentonnais le sont de lui. Comme en témoignent les nombreux messages de félicitations qui fleurissent depuis sur internet. D’autant que cette courseades caractéristiques aussi étonnantes que peu évidentes. « Lemarathon de Las Vegas se court de nuit et il est très tortueux. Il y a des demi-tours et des virages à angle droit à chaque rue. Je dirais au moins cinquante ou soixante, si ce n’est plus… Cela implique beaucoup de relances éprouvantes en
marathon » , souligne le champion. Précisant qu’aucun Kenyan ne s’est présenté sur la ligne de départ. Mais que la concurrence était tout de même musclée entre les dix premiers de la course. Les Américains ayant souvent l’habitude d’être vainqueurs en leurs terres. Un rapide coup d’oeil à son avantbras donneraitàpenser que Gilles Rubio a toujours couru – aupoint de se tatouer sa passion sur la peau. Mais le nomdes plus grands marathons auxquels leRoquebrunois a participés, ainsi immortalisés, sont en fait très récents. Chicago? 2015. New York? 2016. Berlin? 2015 et 2017 (*). Et désormais Las Vegas. Vaincu, dimanche, en 2 heures 38 minutes et 4 secondes. Avec plus de trois minutes d’avance sur le vice champion, comme le souligne son sponsor, le magasin La roue libre. Ajoutant – non sanshumour– que Gilles « était ce week-end à Las Vegas, pas pour dépenser ses deniers aux machines à sous », ni pour « faire de la figuration ». Mais bien pour « s’imposer la tête haute ».
Ce n’est pourtant qu’en 2014 que le sportif de 37 ans a commencé à avaler le bitume au pas de course. Avant tout pour remplacer le vélo, explique-t-il. « Je pratiquais le cyclisme depuis 17 ans mais que j’ai dû arrêter par manque de temps pour garder mon niveau » , assure Gilles. Précisant que « rien ne l’attirait vraiment » dans la course. Au début, du
moins. « C’était juste histoire de continuer à faire du sport… » Jusqu’à ce que la magie des endorphines ne fasse effet. Gilles n’a pas abandonné le vélo pour autant, ne serait- ce que professionnellement parlant. Et pour cause: il travaille pour Vélo bleu, le service de vélos en libre accès de la Métropole niçoise. En tant que mécanicien. « Je bosse de7 hà 14 ou16h selon le nombre de vélos en réparation », détaille-t-il. Conscient que son « niveau moyen » ne lui permet pas de s’affranchir d’un travail en parallèle.
« Très peu de sponsors seraient prêts à aider un coureur comme moi ou même les jeunes qui arrivent derrière avec un bien meilleur niveau » , justifie Gilles. Qui regrette qu’il n’y ait pas « plus de structures et de partenaires financiers pour vivre de sa passion » . Même si de son côté, il s’estime trèsheureux d’avoir toujours eu le responsable de La Roue libre à ses côtés. « Je le connais depuis de nombreuses années, ayant travaillé pour des magasins de vélo. Dès mon arrivée à Nice, en 2009, il m’a pas mal aidé, notamment niveau hébergement. Avant que je ne m’installe à Roquebrune, en 2015. Ensuite jeme suis mis au triathlon, il y a 2 ans. Ses associés et lui n’ont pas hésité à m’aider matériellement et financièrement. Je les en remercie énormément! » Parmi les soutiens indéfectibles, on compte aussi le coach du club de marathon mentonnais, Richard Valentini. « Pour ma préparation, je suis le plan qu’il me fait. Il est à mon écoute s’il y a des modifications à apporter selon la forme ou la fatigue du moment, indique le coureur. J’alterne pas mal les séances entre running, vélo et natation, les deux dernières disciplines m’aidant énormément pour l’endurance ainsi que pour la récupération. » Et pour gérer le décalage horaire, inévitable quandon court dans le monde entier? Gilles admet ne pas avoir de solution miracle pour pallier la fatigue induite. «Hormis beaucoup de sommeil et repos avant le départ. La même chose une fois arrivé sur place! On ne maîtrise pas tout. Ça peut passer comme coincer… Mais avec une grosse motivation ça aide beaucoup. »
Et puis il y a la famille, bien sûr. Toujours présente. Ou presque. « Elle m’accompagne quasiment tout le temps sur mes déplacements sportifs, mon épouse étant également une marathonienne aguerrie. Malheureusement ils n’ont pas pu venir cette fois-ci à cause de l’école et pour des raisons professionnelles. » Absente pour le sacre mais pas pour la fête. Que même un attentat perpétré quelques semaines auparavant dans la ville du Nevada ne pouvait anéantir. « La sécurité a été renforcée pour fermer les routes mais l’ambiance n’a en rien été entachée par ce triste événement. Je pense que les Américains savent vite tourner la page! Après une minute de silence et l’hymne américain, la fête a pu commencer ! », commente Gilles Rubio. Qui ne s’imaginait pas, alors, que sonnom figurerait dans les grands titres de la presse locale. Le lendemain de son sacre à Las Vegas. Que la fête, cette année, lui serait enquelque sorte unpeu dédiée. En attendant d’ajouter les (prestigieux) marathons de Boston, Tokyo et Londres à son palmarès. Et à son avant-bras victorieux.
C’est justement à Berlin que Gilles Rubio a établi son record personnel, en 2015, avec un marathon couru en 2h28’37.
Pas à Las Vegas pour dépenser ses deniers ” Mon épouse est également une marathonienne aguerrie”