Caisson en action
Les préparatifs du chantier de l’extension en mer se poursuivent à Marseille. Le premier caisson est sorti de son usine flottante. L’occasion d’aller jeter un oeil à ce chantier très innovant
Les préparatifs de l’extension en mer de Monaco se poursuivent du côté de Marseille. Visite au coeur d’un chantier gigantesque très novateur où le premier caisson est sorti de son usine flottante.
Sur la digue du large, au portde Marseille, flotte un gros bloc de béton. Un colosse minéral de plus de 9000 tonnes. C’est le premier d’une série de 18 caissons (dont un avec une piscineàeau de mer) qui constitueront la ceinture de fondations de l’Anse du Portier, cette extension en mer qui fait gagner6hectaresde terrain à la Principauté. Le caissonnier Marco Polo une contraction de Marseille, Monaco, et Pologne, (pays dans lequel a été fabriqué l’engin) flotte lui aussi àcôté. Un géant d’acier solidement amarré.
Contre les vents
Au total, 480 personnes travaillent à couler les milliers de mètres cubes de béton (3223 exactement pour le premier caisson) durant plusieurs jours sans discontinuer. Ils assemblent et désassemblent les coffrages glissants, pour les fairemonter le long des252 mètres linéaires de murs intérieurs, au fur etàmesure que l’ouvrage voit le jour. Un travail de titan, qui n’est pas facilité par la météo: « Depuis un mois, le vent souffle à plus de 100 km/h tous les week-ends, et au-delà de 72, nous ne pouvons pas faire fonctionner les grues », explique Eric Cheype, à la têtedu projet chez Bouygues TP Grands travaux. Pour réaliser ces parpaings géants, des tonnes d’acier sont nécessaires, et de plusieurs types. « Nous sommes astreints à une garantie de 100 ans sur ce projet, et c’est bien normal » confie Eric Cheype.
Merci Archimède
Au-delà d’un certain niveau, l’engins’immerge pour faire flotter ce bloc, en partie creux. Un prodige réalisé par Archimède et sa fameuse poussée, et facilité par un ingénieux système digne des meilleurspâtissiers: au fond du caissonnier, le tracé du bloc est dessiné sur une membrane. En pâtisserie, on utilise le même procédé pour fairedes meringues ou des macarons. Et pour faciliter le décoffrage, les ingénieurs utilisent un peu d’huile naturelle.
Événement
C’est un tel événement que d’après Eric Cheype, « même ceux qui avaient terminé leur journée sont restés pour assister à la sortie » du tout premier caisson. L’opération s’est faite de nuit. Les passages de navires génèrent trop de houle, qui rendrait l’opération dangereuse: imaginez une seconde un gros caillou de presque dix millions de kilogrammes, emporté par le courant! Aujourd’hui, tandis que le Marco Polo a déjà démarré le coulage d’un nouveau caisson, le premier ouvrage est parti en zone de finition pour y fabriquer les poteaux qui serviront de brise-vagues. Puis il sera tracté vers la zone de stockage, qui peut accueillir cinq caissons. La premièreposeà Monaco est prévuepour la fin du premier semestre 2018.