Monaco-Matin

Marie,  ans : « Ça m’aapporté une leçon d’humilité »

- C. C.

Dans le hall d’accueil des Restos du coeur, au 21 rue Dabray à Nice, le regardbien­veillant de Coluche croise celui de Marie ( 1), 74ans. Elle aussi a lesourire. De façade, du moins. Car cette ancienne secrétaire comptable, qui jouissait il y a peu d’une situation confortabl­e, n’était pas prédestiné­eàvenir s’asseoir ici, parmi d’autres êtres en souffrance. « Aumoins, on voit du monde. Ce n’est pas la vieillesse que j’aurais voulue… Mais bon, c’est comme ça. » Depuis la dernière campagne des Restos, Marie vient une fois par semaine aux Restos. Bien sûr, le premier pas n’a pas été facile. « Mais on se sent obligé, quand on a plus que cinquante centimes en poche. C’est difficile de ne pas pouvoir acheter dubeurre ou du café… » Marie raconte le tragiqueen­chaînement de circonstan­ces qui l’a amenée là. Le décès de son mari, malade depuisplus­ieurs années. Le retourd’Espagne, oùelle habitait, pour s’installer dans l’appartemen­t que son fils avait acheté avec son aide sur la Côte. Puis la mort de son fils, « treize jours après » son arrivée… Sa belle-fille voudrait la voir partir, raconte Marie. « Mais j’ai de petites retraites, toutes petites: 450 euros. C’est peu pour payer un loyer! Alors je m’ac- croche à cet appartemen­t. Sans cela, je ne sais pas où aller. »

« Laplus belle chose » Elle sait, dans tous les cas, pouvoir compter sur le soutien indéfectib­le des Restos du coeur. « Ici, je trouve une aide alimentair­e. C’est important. On me donne des pâtes, du pain… Ça va pour la semaine. » Marie vient « faire des documents » , aussi, en espérant des jours meilleurs. Sans pour autant oublier de sourire - « heureuseme­nt! » Marie regrette d’avoir arrêté de travailler « trop tôt » . Elle regrette, aussi, « de ne pas avoir penséàaide­r les Restos du coeur quand je le pouvais. Certes, j’étais bonne avec les gens autour de moi, j’ai donné toutes mes affairesàd­es associatio­ns en quittant l’Espagne… Mais les Restos m’ont apporté une leçon d’humilité. C’est magnifique. Laplus belle chose qui soit! » Devant elle, Guy peut en témoigner. Accoudéauc­omptoir avec un gobelet de café, ce quadra sans emploi passe la porte des Restos chaque semaine, lui aussi. Mais depuis plusieurs années déjà. « On voit de plus en plus de monde, soupire-t-il. Et malheureus­ement, ce n’est pas près de s’arrêter… » 1. Les prénoms ont été modifiés afin de préserver leur anonymat.

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Sous le regard bienveilla­nt de Coluche, l’aide prodiguée par les bénévoles va bien au- delà des repas.

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