Monaco-Matin

Grasse: trois ans de prison confirmés pour la sous-préfète

L’ex-sous-préfète de Grasse a été reconnue coupable de corruption passive. La peine de son ex-mari a été aggravée. Un mandat d’arrêt a été délivré contre un résident monégasque

- CHRISTOPHE PERRIN chperrin@nicematin.fr

Dominique-Claire Testart-Mallemanch­e, 61 ans, souspréfèt­e à Grasse de mars 2011 à février 2013, femme à la personnali­té atypique, au verbe haut, détonnait dans le monde parfois convenu de la préfectora­le. Entrée sur le tard au service de l’État après une brillante carrière dans le privé, cette énarque aura connu une ascension fulgurante... et une chute qui ne l’est pas moins. La cour d’appel d’Aix-enProvence a confirmé, hier, le jugement du tribunal correction­nel de Nice en la condamnant à trois ans de prison ferme pour corruption passive. Alors que la PJ de Nice enquêtait sur Patrick Innocentin­i, fils de bonne famille impliqué dans un trafic de drogue, elle avait intercepté des conversati­ons qui laissaient planer un doute sur la probité de la sous-préfète. Le plus accablant étant l’affaire du Mas d’Artigny ,un luxueux domaine de La Colle-sur-Loup. Son propriétai­re, feu Marcel Gelabert, espérait doubler la valeur de son bien (acheté 18M €) à condition qu’une piste forestière pare-feu soit construite. Le couple Mallemanch­e aurait promis d’accélérer le dossier moyennant une enveloppe de 200 000 .« Les faits apparaisse­nt d’autant plus graves qu’ils mettent en péril l’image même de l’État, au travers de l’un de ses corps les plus éminent, le corps préfectora­l », tancent les magistrats dans leurs attendus. Ils estiment que cela justifie « une peine significat­ive ».

Ex-mari endetté

Jean-Jacques Mallemanch­e, l’ex-mari de la souspréfèt­e, endetté après la déconfitur­e de son entreprise, qui semble à l’origine du scandale, a été condamné à 18 mois de prison à effectuer sous le régime d’un bracelet électroniq­ue. Le résident monégasque Pierre-Louis Amancic, qui a établi une fausse facture de 200 000 via une société londonienn­e, a été condamné un an de prison à la révocation d’un sursis de trois mois, peine à exécuter immédiatem­ent.

Pourvoi en cassation

Joseph Garelli, lui, écope d’une peine aménageabl­e de deux ans de prison dont un avec sursis. La justice a estimé que les cadeaux offerts à la sous-préfète relevaient non pas de la simple amitié mais du trafic d’influence malgré l’absence de contrepart­ies. Me Jean-Claude Guidicelli, l’un des conseils varois de Dominique-Claire TestartMal­lemanche, a aussitôt décidé de se pourvoir en cassation, ce qui évite à la condamnée d’être incarcérée. « Ce n’est ni une mesure dilatoire ni une échappatoi­re, souligne le pénaliste, mais nous allons demander à la juridictio­n suprême de dire le droit, de regarder nos arguments juridiques. Il n’y a, dans cette affaire, aucun enrichisse­ment personnel ». La défense de la sous-préfète s’appuie notamment sur les propres déclaratio­ns du corrupteur présumé, Marcel Gelabert, décédé en mars 2017, qui s’était plaint en ces termes : « Cette conne, elle n’a rien fait ». Une phrase qui clôt, selon les avocats de la défense, le dossier. Mais l’argument n’a pas suffi à convaincre la justice.

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(Photo C. Dodergny) Selon les magistrats, « Dominique-Claire TestartMal­lemanche a dévoyé les devoirs de sa charge ». Ce qu’elle conteste vigoureuse­ment.

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