FINALE COUPE DAVIS (FRANCE - BELGIQUE, DÈS DEMAIN)
« On a un parcours exceptionnel avec un triptyque andin que j’aime beaucoup, parce qu’on va avoir trois géographies extrêmement différentes, trois conditions de course et climatiques très variées aussi »,
En 1982, Yannick Noah perd, comme joueur, sa première finale à Grenoble contre les États-Unis. Son capitaine, Loth, se demande encore si c’était le meilleur choix de titulariser Henri Leconte pour l’épauler en simple plutôt que Thierry Tulasne. « Tulasne sortait d’une formidable saison mais il ne me paraissait pas capable de battre John McEnroe, explique-t-il. En revanche, j’avais l’impression que Leconte, dans ses coups de folie, l’était. Il commençait à pointer le bout de son nez. J’avais pris un assez gros risque qui ne s’est pas révélé payant (défaite 3-0 le samedi), admet-il. La superbe saison de Tulasne aurait-elle pu servir davantage l’équipe? » Ce genre de questions hante les capitaines. Forget, lui, ne regrette pas d’avoir retenu Michaël Llodra pour le 5e match décisif de la finale 2010 à Belgrade malgré la défaite contre Viktor Troicki. « Si j’avais fait jouer Gilles (Simon) et qu’il avait perdu, je me serais senti comme le roi des imbéciles. » Le guide de l’épopée de 2001 estime que Simon n’avait dégagé « aucune énergie positive », la veille lors de leur discussion, alors que « Mika se sentait prêt ». Les réponses ne sont pas toujours claires et il faut parfois interpréter les messages pour évaluer la capacité mentale ou physique d’un joueur à faire le match.
Gérer le manque d’implication
« Quand quelqu’un dit qu’il a mal, c’est difficile de le faire jouer », souligne Clément qui a dû se passer des services de Richard Gasquet, émoussé après un bon parcours dans un tournoi. C’était en 2013 à Buenos Aires et en 2015 au Queen’s (Londres), avec à chaque fois une défaite en quarts. La France a la chance de compter encore sept joueurs parmi les 60 meilleurs mondiaux, presque assez pour constituer deux équipes correctes. « Mais cette densité, c’est à la fois une force et une faiblesse, fait remarquer Clément. Le joueur, s’il ne s’estime pas à 100%, peut se protéger derrière un équipier qu’il juge plus en forme que lui. » Le désintérêt des meilleurs pour la Coupe Davis peut aussi polluer la mission d’un capitaine qui doit composer avec un manque d’implication parfois contagieux. « Quand quelqu’un dit que ce n’est pas sa priorité, cela fragilise tout le groupe », estime Forget, qui a « failli arrêter » avant 2012 pour cette raison. Il est convaincu que si la France n’a plus remporté le trophée depuis seize ans, c’est parce qu’ « on ne le méritait pas ».
Toucher les ego
« Il y a des années où certains ne se sont pas suffisamment investis, poursuit-il. Or, une campagne se gagne dès le début de saison. C’est comme une lame de fond. » Pour motiver ses troupes, Loth les suivait « quasiment toute l’année » sur le circuit ATP: « Cela me permettait d’avoir une idée de près. Ce n’est pas forcément une nécessité absolue pour le capitaine, mais c’en est une pour le joueur. » Noah se déplaçait bien moins durant la saison, ce qui ne l’a pas empêché de conduire les Bleus vers deux Saladiers d’argent en 1991 et 1996. Il n’y a pas de recette miracle. Mais le capitaine a encore un rôle « utile » et doit savoir adapter son discours, selon Forget. « Par la douceur, la colère, il faut parfois toucher l’ego du joueur afin d’inverser le cours du match. » Cela peut fonctionner comme avec Clément en 2002 (1er tour) qui avait renversé la situation en cinq sets face au Néerlandais Sjeng Schalken. « Je lui ai dit : si tu continues comme ça, dans 10 minutes tu as perdu », se rappelle Forget. « Si un joueur n’est pas assez intelligent pour utiliser l’expertise, la passion, le recul et la lucidité d’un capitaine, c’est du gâchis », estime-t-il tout en citant le cas de Cédric Pioline, actuel capitaine adjoint de l’équipe de France. « Au début, il partait du principe qu’il y arrivait mieux tout seul. Mais en fin de carrière, il s’est ouvert et il y avait un vrai échange entre nous. »
Savoir + Le tirage au sort s’effectuera aujourd’hui à 12h à Villeneuve-d’Ascq. Il établira l’ordre des rencontres.