Monaco-Matin

Attentat dans le Sinaï : l’Égypte pleure ses 305 morts

Au lendemain de la terrible attaque dans une mosquée fréquentée par des adeptes du soufisme, tout un pays s’est réveillé meurtri. Il s’agit de la pire attaque sur le sol égyptien

-

Funéraille­s, prières, bandeaux noirs dans les médias: l’Égypte a pleuré hier les 305 personnes dont de nombreux enfants tuées dans une mosquée du Sinaï, l’attentat le plus sanglant dans l’histoire récente du pays. Un attentat mené par une trentaine d’hommes armés portant la bannière noire du groupe jihadiste État islamique (EI), principal suspect bien que l’attaque n’ait pas encore été revendiqué­e. Rarissime dans une mosquée en Égypte, le carnage a laissé le pays en état de choc. C’est l’une des attaques les plus meurtrière­s dans le monde depuis les attentats du 11 septembre 2001 aux États-Unis. Toutes les victimes ont été inhumées samedi. Le président Abdel Fattah al-Sissi a promis de « venger les martyrs », au moment où le pays est soumis depuis avril au régime d’état d’urgence, décrété après des attentats anticoptes.

Raids nocturnes

L’armée de l’air a procédé à des raids nocturnes dans la zone de l’attaque, où est implantée la branche égyptienne de l’EI. Les avions ont visé « des véhicules utilisés dans l’attaque terroriste, tuant leurs occupants », selon un porte-parole. À l’aube, des milliers d’habitants

de Mit Habib, un village voisin du lieu de l’attaque, ont assisté aux funéraille­s du directeur de l’école de Bir al-Abd, Al-Said Abou Eitta, et de son fils Ahmed, tués dans la mosquée. Les corps portés sur les épaules, ils ont scandé en larmes : « Il n’y a de Dieu qu’Allah, le martyr est l’aimé de Dieu ». Des funéraille­s ont eu lieu dans toute la région. À Ismaïlia, ville proche du canal de Suez dans le nord-est du pays, où les blessés ont été hospitalis­és, les proches se pressaient aux abords de l’hôpital, attendant désespérém­ent

des nouvelles. Toutes les mosquées du pays ont dédié leurs prières aux « martyrs », alors que M. Sissi a appelé les forces armées à édifier un mémorial en leur hommage selon les médias d’État. D’après des témoins, les assaillant­s ont encerclé la mosquée avec des véhicules tout-terrain avant de poser une bombe à l’extérieur du bâtiment. Après l’explosion de la bombe, ils ont tiré sur les fidèles paniqués qui tentaient de fuir et mis le feu aux véhicules de ces derniers afin de bloquer les routes.

Les attentats se multiplien­t en Égypte

Les hommes armés « portaient des masques et des uniformes militaires », a raconté Magdy Rizk, blessé dans l’attaque, ajoutant que les familles vivant dans cette zone majoritair­ement soufie avaient déjà subi des menaces de groupes extrémiste­s. « C’est la plus grande mosquée du village et vendredi entre 600 à 800 fidèles étaient à l’intérieur, dont des hommes, des enfants et des personnes âgées », a expliqué Ahmed Swailem dont des cousins vivent dans le village. Depuis que l’armée, alors dirigée par le général Sissi, a destitué en 2013 le président démocratiq­uement élu Mohamed Morsi, issu des Frères musulmans, les groupes extrémiste­s, dont l’EI, ont multiplié les attentats meurtriers en Égypte. Les attaques frappent surtout le Sinaï, une péninsule désertique en proie à l’insécurité depuis de nombreuses années, où sont visés forces sécurité, minorités chrétienne et soufie et des bédouins accusés de collaborer avec l’armée. La fréquence des attentats de l’EI dans cette région, qui borde Israël et la bande de Gaza palestinie­nne, avait diminué ces derniers mois. La précédente attaque la plus meurtrière en Égypte remonte à octobre 2015, lorsqu’un attentat à la bombe revendiqué par la branche égyptienne de l’EI a coûté la vie aux 224 occupants d’un avion russe après son décollage de Charm el-Cheikh, station balnéaire du Sinaï.

 ?? (Photo AFP) ?? L’État islamique n’a pas revendiqué l’attentat, mais reste le principal suspect.
(Photo AFP) L’État islamique n’a pas revendiqué l’attentat, mais reste le principal suspect.

Newspapers in French

Newspapers from Monaco