Xylella : alerte à la bactérie tueuse d’arbres
La bactérie gagne du terrain. Une trentaine de foyers a été recensée dans les Alpes-Maritimes, menaçant oliviers, figuiers, lauriers roses ou agrumes. Le Département tire la sonnette d’alarme
L’urgence est là. » Charles-Ange Ginésy sonne la révolte contre Xylella fastidiosa. Cette bactérie nuisible s’était invitée en 2013 dans les Pouilles, en 2015 en Corse du Sud, puis à Nice. Deux ans plus tard, le fléau est toujours là. Pire : il gagne du terrain. « Malgré tous les efforts, Xylella s’est répandue et plusieurs autres foyers se sont déclarés », déplore le président du conseil départemental des Alpes-Maritimes. Une trentaine de foyers infectieux est recensée. Tout le littoral est touché: Nice, Menton, Saint-Laurentdu-Var, Villeneuve-Loubet, Mougins, Mandelieu-la-Napoule, Théoule-surMer, Biot et, ce mois-ci, Antibes. Une déclaration de guerre au patrimoine génétique de la Côte d’Azur. Car, insiste Charles-Ange Ginésy, Xylella « s’attaque à 200 espèces végétales, dont beaucoup sont emblématiques du paysage méditerranéen: oliviers, lauriers roses, vignes, agrumes... Et, désormais, figuiers et mimosas. » Les victimes de Xylella sont vouées à dépérir inéluctablement. Mais le diagnostic est délicat à établir, «car les plantes peuvent être porteuses sans présenter de signes de maladie », rappelle Charles-Ange Ginésy. Autre souci: à ce jour, un seul remède connu. Radical. « Le seul moyen de lutte consiste à arracher et détruire les plantes contaminées tout en contrôlant les insectes vecteurs. »
Les agriculteurs inquiets
Arracher, dévitaliser... Des solutions difficiles à encaisser pour les agriculteurs, déjà mis à rude épreuve par la météo. Michel Dessus, président de la Chambre départementale d’agriculture, est intervenu à Villeneuve-Loubet pour empêcher l’arrachage de quarante oliviers suspects, finalement sains. « On réfléchit avant d’arracher un olivier ! Sinon, on remet en cause toute la filière oléicole du département. Et rien n’est prévu pour l’indemnisation. » « Très inquiet pour l’avenir du végétal méditerranéen », Michel Dessus invite donc les élus à « prendre ce dossier à bras-le-corps. » Message appuyé par Charles-Ange Ginésy. Hier, à l’occasion d’un séminaire organisé par le Département, il a appelé àune « prise de conscience forte. »