Monaco-Matin

Stop ou encore ?

Malgré l’union sacrée décrétée en interne, l’avenir de Lucien Favre s’est assombri. A Toulouse, demain, et face à Metz, samedi, le Gym ne peut pas se rater

- VINCENT MENICHINI

Qu’en sera-t-il de l’avenir de Lucien Favre si l’OGC Nice venait de nouveau à perdre, demain à Toulouse ? Depuis la déroute contre Lyon, symbole d’un début de saison insipide en Ligue 1, le technicien suisse se retrouve sous pression, et ce malgré le soutien de Jean-Pierre Rivère qui a décrété l’union sacrée, hier matin. Fait rarissime, le président de l’OGC Nice s’est pointé, à l’issue de l’entraîneme­nt, dans le vestiaire des joueurs pour distiller quelques messages et tenter de sauver ce qui peut encore l’être. Préoccupé par la situation sportive du club, “JPR”, qui se rendra à Toulouse, ce qu’il n’avait pas programmé à son agenda avant la déculottée de dimanche, n’a pas fixé d’ultimatum à son entraîneur qu’il estime encore capable de redresser la barre. Pour rappel, un licencieme­nt du Suisse pourrait coûter environ cinq millions d’euros au club. Depuis le début de son mandat en 2010, Jean-Pierre Rivère ne s’est séparé qu’une seule fois d’un coach en cours de saison : il s’agissait d’Eric Roy, remplacé par René Marsiglia en novembre 2011. A l’époque, Nice comptait treize points après treize journées, contre quatorze après quatorze journées

aujourd’hui... Hier, face aux médias, le coach du Gym a fait front, lorsqu’on lui a demandé s’il se sentait sur un siège éjectable. « Non, je ne pense

pas », nous a-t-il rétorqué, avec beaucoup de hauteur. Et de poursuivre : « Je me concentre sur Toulouse. Vous savez, je connais le football. Ici, à Nice, les dirigeants réfléchiss­ent. On a parlé ensemble. » « Il vaut mieux qu’il prenne quatre points lors des deux prochains

matchs (Toulouse et Metz) », nous a tout de même indiqué un proche du vestiaire, comme pour rappeler qu’un entraîneur 18e de Ligue 1 est toujours plus près de la sortie que d’une revalorisa­tion. Au-delà du résultat, c’est surtout l’état d’esprit affiché et la tactique employée contre Lyon qui ont eu du mal à passer. « A un moment donné, il faut taper du poing sur la table », affirme un membre du groupe, soucieux du manque de révolte. Depuis le début de saison, Lucien Favre est moins heureux dans ses choix. Il a fini par perdre du crédit aux yeux de certains de ses joueurs qui ont du mal à suivre ses revirement­s incessants dans le domaine tactique. « On est tous derrière le coach,

tranche Dante. C’est plus facile de virer une personne que vingt joueurs. Le coach nous a permis d’aller très haut la saison dernière. Il veut toujours nous aider, ce n’est pas facile pour lui également. Quand les résultats ne sont pas au rendez-vous, l’entraîneur est sous pression, les joueurs aussi. Mais le foot c’est ça : il y a des bons et des mauvais moments. Personnell­ement, les mauvais résultats me bouffent, je manque d’oxygène. On doit accepter la critique et montrer qu’on a du caractère. »

Favre : « C’est brutal, mais c’est la réalité »

Dans la roue de Dante, personne ne semble capable d’assumer son rôle de lieutenant et de prendre le relais du leadership. Une vraie problémati­que, alors que Nice s’apprête à jouer des matchs étouffants et que le contexte risque de se tendre en cas de fauxpas à Toulouse. En privé, et ce depuis des semaines, le Suisse regrette que ses décideurs n’aient pas anticipé l’exode massif de l’intersaiso­n, alors que le Borussia Dortmund lui faisait la cour. On ne peut pas lui donner tort sur tout, au contraire même, car il est vrai que son effectif s’est affaibli à l’intersaiso­n et que les recrues (Sneijder, Jallet, Lees-Melou, Mendy...) ne sont pas au niveau espéré. Or, prendre systématiq­uement ce postulat-là pour expliquer les échecs à répétition et la dégringola­de au classement n’a fait qu’accentuer les divergence­s de vue. En haut-lieu, on considère qu’avec l’effectif dont dispose Lucien Favre, cette 18e place n’est pas défendable. « Mais il n’y a pas qu’un seul fautif, glisse-t-on en interne. Les responsabi­lités sont partagées et il faut accepter d’être pointé du doigt quand ça marche moins bien. Sinon, vous changez de métier... » A force de pleurer le départ de Dalbert à l’Inter Milan, Favre en a, peut-être, oublié l’essentiel : faire progresser les jeunes, qui ne jouent plus par ailleurs, valoriser les nouveaux arrivants (Makengo, Tameze...), mais aussi ceux qui sont restés qu’on ne reconnaît plus du tout par moments (Dante, Le Marchand, Souquet, Seri, Plea, etc.). La valeur marchande de l’effectif a été divisée par deux, voire par trois, en l’espace de quelques mois. Bref, c’est le projet global du club qui se retrouve en péril. Malgré ces griefs, Favre se considère encore comme l’homme de la situation et estime avoir les leviers pour repartir de plus belle.

« Je ne regarde que de l’avant, affirme-t-il. La vérité, c’est qu’on est en bas. C’est brutal, mais c’est la réalité. On va continuer à jouer. » En cas de départ précipité de Lucien Favre, ce qui n’est pas encore la tendance prédominan­te, le nom de Christophe Galtier, qui avait oeuvré en coulisses pour prendre la succession de Claude Puel en 2016, pourrait ressortir du chapeau. Une solution interne n’est cependant pas à exclure.

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(Photo Jean-François Ottonello) Lucien Favre a reçu le soutien de son président, hier matin. Jusqu’à quand ?

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