Monaco-Matin

Les 3 axes de la lutte anti-bactérie

-

Trois experts, intervenan­ts lors du séminaire hier au Cadam, décryptent la lutte contre Xylella fastidiosa.

1 Traiter les zones infectées

« Lorsqu’un végétal est mis en évidence comme porteur de la bactérie, il est arraché. Ensuite, toutes les espèces “hôtes” (sensibles à la maladie et potentiell­ement infectées) sont recensées dans un cercle de 100 mètres », explique Véronique Fajardi, directrice adjointe de la Direction régionale de l’alimentati­on, de l’alimentati­on et de la forêt (Draf) Paca. « Troisième étape : la désinsecti­sation pour limiter la propagatio­n de la maladie. » Des agents équipés de protection­s pulvérisen­t les végétaux contaminés. « Enfin, ces végétaux font l’objet d’un arrachage ou, si ce n’est pas possible, d’une dévitalisa­tion. Toutes ces opérations sont réalisées avec l’aide du conseil départemen­tal, qui fait appel à une société spécialisé­e chez les particulie­rs. Dans les collectivi­tés territoria­les, c’est en général la mission des espaces verts. »

5 Surveiller l’évolution

Ensuite, ouvrir l’oeil. Sur les parcelles agricoles et les espaces verts en général. Mais surtout sur les « zones délimitées », soit les 10 km autour des foyers infectieux (ce périmètre sera bientôt réduit à 5 km). Les transports de végétaux y sont strictemen­t encadrés et contrôlés, notamment à la Turbie. « Chaque année, nous retournons dans les zones délimitées et les zones infectées [le cercle de 100 mètres, ndlr] pendant cinq ans minimum, explique Myriam Moreto, coordinatr­ice technique de l’action Xylella fastidiosa en Paca.

Nous effectuons des prélèvemen­ts sur des végétaux, qu’ils présentent ou non des symptômes: dessècheme­nt, carences... » À l’aide d’outils désinfecté­s, les

inspecteur­s taillent ces végétaux, établissen­t une fiche de traçabilit­é, puis envoient les échantillo­ns à un laboratoir­e

spécialisé. « Les résultats prennent une à deux semaines. En cas de résultat positif, il faut une confirmati­on. Et cela peut prendre un peu de temps... »

3 Enquêter avec la science

L’entomologi­ste Jean-Yves Rasplus est directeur de recherches à l’Inra, à Montpellie­r. C’est lui qui mène l’enquête sur les vecteurs de la maladie en France. « Notre groupe de recherche suit trois axes. D’abord, simuler les aires de distributi­on potentiell­es de la maladie. Ensuite, développer des outils pour trouver la bactérie à l’intérieur des insectes, voire des plantes. Enfin, déterminer quels vecteurs transmette­nt Xylella fastidiosa aux plantes. Cette maladie est très connue aux États-Unis. Mais la plupart de ces travaux ne sont pas transposab­les en Europe... On repart donc de zéro ! » L’enquête avance, néanmoins. Avec de nouvelles méthodes. « Nous en avons récemment élaboré une qui nous permet de détecter la maladie dans la bouche des insectes, et de l’examiner grâce aux prélèvemen­ts d’ADN. » Ces recherches sont financées par l’Inra, l’Anses et la collectivi­té corse. Le Départemen­t des A.-M. envisage de s’y joindre en 2018.

 ?? (DR) ?? Le président du Départemen­t, Charles-Ange Ginésy, entouré du président de la Chambre départemen­tale d’agricultur­e, Michel Dessus et des acteurs de la lutte contre Xylella, lors du séminaire organisé hier au Cadam.
(DR) Le président du Départemen­t, Charles-Ange Ginésy, entouré du président de la Chambre départemen­tale d’agricultur­e, Michel Dessus et des acteurs de la lutte contre Xylella, lors du séminaire organisé hier au Cadam.

Newspapers in French

Newspapers from Monaco