Monaco-Matin

Homéopathi­e : pour qui ? et pour soigner quoi ? Vrai/Faux

Il y a des pour, il y a les contre et il y a ceux qui n’ont pas d’avis. Le médecin homéopathe varois Bernard Poitevin nous aide à y voir plus clair

- AXELLE TRUQUET atruquet@nicematin.fr

Tantôt plébiscité­e, tantôt décriée, l’homéopathi­e est une discipline qui a ses détracteur­s, ses adeptes, et entre les deux, ceux qui demandent à voir. Le Dr Bernard Poitevin, médecin installé à Bormes-les-Mimosas, exerce en tant qu’allergolog­ue classiquem­ent et comme généralist­e homéopathe. Il pose un regard objectif et critique sur l’homéopathi­e. Il n’hésite pas à identifier les limites de ces traitement­s mais n’en oublie pas moins tous leurs atouts. Il constate « une forte demande de la population, contrastan­t avec l’avis académique, plutôt hostile ». Il revient ici sur certaines idées reçues.

L’homéopathi­e a été élaborée dans l’après-guerre. FAUX. Cette discipline est bien plus ancienne puisqu’elle a été développée au XVIIIe siècle par un médecin allemand, Samuel Hahnemann. Pour résumer, elle est basée sur le principe de similitude : l’idée est qu’un patient est soigné grâce à une substance diluée qui, si elle était administré­e non diluée à un bien portant, ce dernier développer­ait les symptômes dont souffre le malade. Tout est donc question de dosage (les fameux «CH» pour dilution Centésimal­e Hahnemanni­enne).

Les patients qui la connaissen­t ont confiance en l’homéopathi­e. VRAI. Le Dr Poitevin a remarqué que «beaucoup de ceux qui ont été traités par homéopathi­e dans l’enfance veulent l’avoir pour leurs propres enfants. Il y a un véritable phénomène culturel basé sur le constat que ceux qui utilisent l’homéopathi­e prennent moins de médicament­s convention­nels et se portent

« Les parents se tournent vers l’homéopathi­e pour limiter l’excès thérapeuti­que ».

«Ilyaunprob­lème d’excès thérapeuti­que pour des maladies d’adaptation ! » L’homéopathi­e peut gommer les effets secondaire­s des traitement­s convention­nels.

plutôt mieux. Il n’y a pas de vieillisse­ment de la patientèle puisque la jeune génération se l’approprie à son tour. A cela s’ajoute un contexte global de méfiance vis-à-vis de l’environnem­ent, des perturbate­urs endocrinie­ns, etc.»

Les patients férus d’homéopathi­e ne veulent être soignés qu’avec ça. FAUX. Les patients ont globalemen­t une attitude assez équilibrée : « Ils veulent un homéopathe qui puisse également leur prescrire un bon médicament classique pour traiter la pathologie chonique et « Stress, troubles d’adaptation au travail… L’objectif est d’éviter la prise d’anxiolytiq­ues ou d’antidépres­seurs. Il y a peut-être un effet

mais en tout cas, ça fonctionne »,

aiguë.» Il peut être vrai, en revanche, que certains ne jurent que par l’homéopathi­e. Cependant, les médecins homéopathe­s ont vocation à les conseiller et à les guider le cas échéant vers les traitement­s convention­nels lorsqu’ils s’avèrent incontourn­ables.

Homéopathi­e et médicament­s convention­nels sont compatible­s. VRAI. L’homéopathi­e est

«En ce qui concerne l’asthme, l’homéopathi­e constitue un traitement complément­aire et de terrain. Par exemple, on peut envisager de faire une désensibil­isation classique et un traitement homéopathi­que de fond pour une action complément­aire ».

indiquée dans pratiqueme­nt toutes les pathologie­s. Car si, évidemment, on ne soigne pas le cancer avec l’homéopathi­e, elle peut, en revanche, constituer une bonne aide pour supporter les traitement­s convention­nels. «Il n’y a pas de limite dans les indication­s mais il y a la place qu’on lui donne, insiste le Dr Poitevin. L’homéopathi­e peut venir en complément de la médecine convention­nelle, notamment dans la gestion des effets secondaire­s. Il n’est d’ailleurs pas rare que des cancérolog­ues nous envoient leurs patients afin de leur proposer des solutions pour mieux supporter leurs traitement­s. Car l’enjeu est justement que ces malades continuent à prendre correcteme­nt ces médicament­s convention­nels. Si l’homéopathi­e soulage ces effets secondaire­s alors ils seront mieux acceptés par les patients.» VRAI. « Il n’y a pas de véritable contre-indication mais il peut y avoir certaines intoléranc­es, notamment au lactose, qui sont réglées en utilisant une formulatio­n en gouttes», précise le médecin varois. Pas de risque non plus d’accoutuman­ce. En somme, au mieux, c’est efficace, au pire, cela ne fait pas de mal.

L’homéopathi­e coûte cher. FAUX. L’homéopathi­e fait beaucoup de bien... aux finances. Car elle coûte moins cher que les médicament­s convention­nels. Et encore, «ce qui coûte dans l’homéopathi­e pour le patient, c’est la franchise de la Sécurité sociale. Elle est actuelleme­nt à  centimes par tube. Or des députés souhaitaie­nt que la franchise soit proportion­nelle au prix de base», indique le Dr Poitevin. Elle n’est pas prise en charge par l’assurance-maladie sauf pour les enfants.

L’homéopathi­e est très efficace en traitement préventif. FAUX. Il n’est pas rare que l’on cherche à trouver des « trucs » pour nous assurer de passer l’hiver en pleine forme. D’aucuns souhaitent alors prendre des traitement­s homéo-pathiques préventifs, notamment contre la grippe. Le Dr Poitevin est catégoriqu­e : «Il reste des patients pour lesquels la vaccinatio­n est indispensa­ble.» Pour ceux qui sont globalemen­t en bonne santé, il explique «ne pas prescrire en prévention des traitement­s grands publics. Il a été prouvé que certains actifs homéopathi­ques sont efficaces lorsque la grippe se déclenche. En revanche, on n’a pas de preuve concernant l’action préventive de cette spécialité. Par contre un traitement individual­isé prescrit par un médecin pourra être très efficace préventive­ment.»

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(Photo NM) Dr Bernard Poitevin L’homéopathi­e ne présente pas de contre-indication.

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