Départ pas si fictif
À un mois et demi du Rallye Monte-Carlo, l’Automobile Club de Monaco a découvert un nouvel outil de traçage et de chronométrage hier. Une révolution sans douleurs mais non sans questions
Hier, 200 commissaires de piste du prochain Rallye Monte-Carlo ont répété leurs gammes, avant la course prévue fin janvier, et apprivoisé, en avant-première, un nouveau système de traçage et de chronométrage des véhicules.
Traditionnelle et prestigieuse étape d’ouverture du championnat du monde WRC, le Rallye Monte-Carlo (22 au 28 janvier 2018) a pour habitude d’essuyer les plâtres lorsque la Fédération internationale de l’Automobile (FIA) décide de modifier les règlements ou d’introduire de nouvelles technologies. Ainsi, hier, les quelque 200 commissaires de piste du « Monte » ont découvert, en avantpremière, un nouveau dispositif de traçage des véhicules et de chronométrage. Un test grandeur nature pour lequel de nombreux officiels avaient fait le déplacement, comme Michèle Mouton, ancienne reine du rallye français aujourd’hui à la direction de la sécurité à la WRC. Déjà seuls au monde à pratiquer chaque année une répétition générale, in situ, à un mois et demi de leur grand oral, les commissaires de piste monégasques ont donc eu, aussi, à innover lors de leur habituel CRIC (Circuit routier d’instruction des commissaires). «Le CRIC ne se fait nulle par ailleurs, il est au rallye ce que le stage des commissaires est à la Formule1. Il permet d’entretenir nos automatismes et de vérifier des détails avec, cette année, le challenge supplémentaire de cet outil », a détaillé le nouveau directeur de course du Rallye MonteCarlo, Alain Pallanca, aux abords du chapiteau de Fontvieille, lieu d’un départ pas si fictif que ça.
«Simplification totale»
Testé le matin en condition WRC et l’après-midi en mode régularité (Rallye historique) sur un tracé de 15 km autour de Monaco, la « bête», ce nouveau dispositif de tracking et chronométrage, se compose d’un boîtier glissé derrière le pare-brise des concurrents et relié directement à une tablette remise en mains des commissaires sportifs. Un tableau d’affichage lumineux et digital, autonome puisque fonctionnant sur batterie, s’ajoutant à la ligne de départ. Déjà mis au banc d’essai sans grand enthousiasme sur le Rallye de Grande-Bretagne 2017, ce dispositif a surtout fait ses gammes «depuis trois ans sur les rallyes Asie-Pacifique », rappelle Christian Tornatore. Un directeur du Rallye Monte-Carlo convaincu de l’apport de l’avancée en terme de sécurité mais sommé par la FIA de l’adopter en un temps record. « On découvre un nouveau matériel que des consultants australiens nous ont laissé depuis un mois et on va le mettre en application sur le terrain. Ce n’est pas que ce soit complexe mais c’est entièrement nouveau. On va vers une simplification totale du système avec la suppression des carnets de bord à l’intérieur des voitures. Il n’y aura plus de communication entre le copilote et le commissaire qui sera en bordure de route. Ce ne sera pas anonyme non plus mais tout se fera par communication électronique entre boîtiers et tablettes. »
« On essuie les plâtres »
Une déshumanisation (lire ci-contre) forcément accompagnée de son lot d’appréhension à quelques semaines d’une bataille du bitume retransmise en mondiovision. « Ça semble être très performant. Niveau sécurité, on gagne beaucoup car on a des éléments qui nous permettent de connaître les positions des voitures les unes par rapport aux autres et surtout de savoir si elles sont en difficulté, appuie Alain Pallanca. Indépendamment des commissaires sportifs, on a d’ailleurs 300 commissaires de sécurité sur l’épreuve.» Côté commissaires de piste (lire page suivante), les premières heures d’utilisation semblaient témoigner d’une certaine sérénité avec ce nouveau «joujou», y compris chez les nouveaux. Quant aux représentants de la FIA, telle Michèle Mouton, ils ont gardé un oeil attentif sur l’ensemble de la journée. « Eux aussi ont besoin d’appréhender le système. Si Michèle Mouton vient, c’est surtout pour vérifier que le système est effectivement amélioré. Parce que si on nous propose de tester un système, que l’on paye, et qu’il n’apporte rien par rapport au précédent il n’y a aucun intérêt», étaye Christian Tornatore. L’Automobile Club de Monaco devrait d’ailleurs garder une soupape de sécurité du 22 au 28 janvier prochain : «On doublera tout en manuel, on ne peut pas se permettre une erreur». Une chose est sûre, l’édition 2018 du Rallye Monte-Carlo a bien débuté hier selon Christian Tornatore. «Là, on est dedans. On essuie les plâtres une fois de plus mais on est prêts. D’ailleurs on ne se fait jamais trop critiquer car on arrive toujours à anticiper. »