Monaco-Matin

«Notre Père» : la messe est dite pour les Azuréens

Depuis ce dimanche, il ne faut plus dire « Ne nous soumets pas à la tentation », mais « Ne nous laisse pas entrer en tentation». Une modificati­on officielle qui ne semble pas bouleverse­r les fidèles

- S. G. sgasiglia@nicematin.fr

e ne m’en suis même pas rendu compte. Et puis, ce n’est pas important. Quelle que soit la prière, chacun peut avoir sa propre phrase. La religion chrétienne, c’est la liberté ». Pour Joseph qui pousse la porte de la cathédrale Sainte-Réparate, à Nice, où il vient d’assister en famille à la messe, le changement d’une phrase dans le Notre Père est passé... inaperçu. Pourtant le Chanoine JeanPierre Jolly avait pris la peine d’expliquer la modificati­on dans son homélie.

« Ça creuse le sens »

« C’est plus subtil, c’est comme un appel à l’aide. On a renoncé à une traduction intermédia­ire qui n’était agréable à personne. Le nouveau verset est plus juste. La tentation c’est la grande tentation, celle qui nous guette, laisser la ferveur s’affadir, la foi s’évanouir. Enfin, c’est comme cela que je le vois », commente, avec ardeur, celui qui vient de célébrer la messe. Depuis hier, premier dimanche de l’Avent, il ne faut plus dire «et ne nous soumets pas à la tentation » mais « et ne nous laisse pas entrer en tentation »... Subtile nuance pour le profane. Important, si on en juge par le débat engendré depuis que cette modificati­on, adoptée par la conférence des évêques catholique­s comme par l’Église protestant­e unie, était à l’étude. C’est le Vatican qui en 2013 avait validé la nouvelle traduction... après dix-sept années de travail ! Le Notre Père existait dans sa version actuelle depuis 1966. « C’est plus profond dit comme cela. La nouvelle version approfondi­e le sens, ça le creuse », s’enthousias­me, de son côté, JeanFranço­is, qui chante en latin à Sainte-Réparate. « C’est toujours mieux d’être précis », dodeline l’un de ses amis.

« N’avaient-ils pas autre chose à faire ? »

Pour certains fidèles, le verset ainsi modifié permet surtout de lever une ambiguïté. « Ne nous soumets pas à la tentation » pouvait laisser entendre que Dieu incite les fidèles au péché... « C’est n’importe quoi, depuis que je suis petite je dis le Notre Père et je n’ai jamais pensé que je n’étais pas actrice de mes péchés. Ils ont voulu changer, soit, mais n’avaient-ils pas bien d’autres choses à faire, d’autres thèmes sur lesquels réfléchir », s’agace un tantinet Sandrine qui fréquente régulièrem­ent l’église du port. Quant à Pierre, il réfléchit. Puis se lance : « Cela nous met une pression supplément­aire. On implore Dieu de nous rappeler à l’ordre si jamais on voulait se laisser tenter par le mal ». Sur le parvis place Rossetti, de nombreux fidèles levaient, hier matin, les yeux au ciel, ne se sentant pas concernés. Venus seulement trouver un peu de chaleur – humaine – au coeur de l’église.

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(Photo Frantz Bouton) Le chanoine Jolly a donné, hier matin lors de la messe, son explicatio­n de la modificati­on de la prière du Notre Père.

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