Monaco-Matin

Avencod et les autistes : la solution gagnant-gagnant Grand angle

Comment favoriser l’intégratio­n en milieu ordinaire de personnes en situation de handicap ? La solution d’Avencod, startup niçoise de services de développem­ent informatiq­ue

- KARINE WENGER

Hébergée au CEEI, à Nice, Avencod est une startup de services de développem­ent et de test informatiq­ue. Une parmi tant d’autres… À ceci près qu’Avencod, créée en mars 2016, est une entreprise adaptée avec un fort engagement social, explique le cofondateu­r Laurent Delannoy. «Nous facilitons l’intégratio­n de personnes en situation de handicap dans les métiers du numérique et répondons à la pénurie de développeu­rs et de testeurs informatiq­ues de qualité. Nos équipes sont composées en majorité d’autistes à haut potentiel et porteurs du syndrome d’Asperger connus pour leur sens du détail et leur rigueur. »Cequiaconv­aincu de grands groupes comme Thales, Amadeus, Atos, Ausy et depuis peu le moteur de recherche éthique Qwant, de travailler avec Avencod. En septembre, la startup a obtenu le Prix EY de l’engagement sociétal.

Intégrer le milieu ordinaire

Attention, si l’objet de la startup est de gagner de l’argent, elle n’entend pas le faire en profitant des autistes. «Laurence Vanbergue et moi avons de fortes valeurs humaines et notre but est aussi d’augmenter l’employabil­ité des personnes en situation de handicap. Nous nous sommes rendu compte que leur intégratio­n profession­nelle directe ne fonctionna­it pas. En France, il y a entre 400000 et 500 000 autistes avec un taux d’embauche oscillant entre 3 et 5 %. Nous avons donc décidé de le faire en soustraita­nce. Nous avons inversé le monde réel : nous avons chez Avencod une majorité d’autistes et une minorité de personnes neurotypiq­ues. D’ailleurs, c’est une personne avec autisme qui en gère d’autres. Nous les armons pour intégrer un jour le milieu ordinaire. Mais c’est sans obligation.»

Trouver sun CDI

Les deux dirigeants se sont rapprochés du Centre de Ressources Autisme (CRA) PACA-Nice pour adapter l’environnem­ent d’Avencod aux autistes, «leur éviter de souffrir au travail, les aider dans leurs échanges interperso­nnels. Une psychologu­e intervient deux fois par mois chez nous et également auprès des entreprise­s avec lesquelles nous travaillon­s.» Le but étant qu’au bout de deux ans, elles puissent proposer un CDI aux Avencodeur­s, comme Laurent Delannoy appelle ses collaborat­eurs. Et la méthode fonctionne : «Un de nos collaborat­eurs devrait intégrer Amadeus lors du 2e semestre 2018. » En près de vingt mois d’existence, seuls trois salariés sur quatorze ont quitté Avencod. « C’est peu, souligne Laurent Delannoy. Leur départ n’est pas dû à leurs qualités personnell­es ou à leurs interactio­ns sociales ; c’est le métier qui n’était pas adapté à leur système de fonctionne­ment.» Pour devenir Avencodeur ou Avencodeus­e, deux solutions. « Soit vous intégrez la plateforme de test Talents@work. Le bac et une appétence pour l’informatiq­ue et l’analyse suffisent car nous formons nos collaborat­eurs. Pour la branche Développem­ent informatiq­ue, nous recherchon­s des bac +2 à bac +5 en informatiq­ue. » Pour que tout un chacun puisse trouver sa place dans le milieu profession­nel.

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(Photo K.W.) Une partie de l’équipe de Talents@Work dirigée par Isabelle Richez au travail.

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