Monaco-Matin

Sur la Coulée verte, des larmes

À 19 heures, hier soir, la Ville de Nice avait donné rendez-vous aux fans du chanteur sur le miroir d’eau de la promenade du Paillon. Photo géante et morceaux choisis pour hommage

-

Quelques dizaines. Puis quelques centaines. Plus d’un millier, assurément. Les Niçois - toutes les génération(s) Johnny - étaient invités à rendre hommage à leur idole, hier soir, sur le miroir d’eau de la Coulée verte, à l’invitation de la municipali­té. Au pied de l’immense photo couleur feu, ils sont venus se recueillir. Danser et chanter. Et pleurer, aussi, la mort de celui qui les a accompagné­s une grande partie de leur vie. Hier, le peuple niçois, fidèle au dernier grand fauve, s’est réuni en une seule flamme. Un seul coeur. Alors que les baffles, elles, crachaient joliment les tubes de l’icône : une playlist réalisée par une employée municipale, dingue de l’artiste. A terre, Arnaud, un artiste niçois a déployé une feuille blanche. Au fusain gras il dessine « son héros romantique ». Celui capable « d’éclairer les gens, les aider, les aimer ». Devant lui, Patrick peine à parler. Ce Niçois de 59 ans a « connu » Johnny le jour où il rentrait de 7 ans en pension. «J’avais 15 ans. Aujourd’hui, je suis si triste ». Il chante fort, imperturba­ble. Gigote. Et pleure comme un enfant. Sa médaille à l’effigie de son dieu tape, en rythme, sur sa poitrine. Derrière, c’est Alain, 71 ans. « Les gens, quand je passe dans la rue, ils disent : Vé ! y’a Johnny ». Blouson noir, santiags et deux immenses bagues argentées à tête de mort. Johnny, il est tombé dedans lorsqu’il avait 17 ans. « J’ai des posters chez moi, des chapeaux de cow-boy ». Johnny, sa religion. Natacha venue de Drap, est en deuil. « Je m’y attendais, mais je ne m’y fais pas ». Les yeux embués, elle s’isole pour prier. Contraste avec Alain, 56 ans et son immense sourire. Pourtant, hier matin, lorsqu’il a appris la terrible nouvelle, il a «poussé une gueulante dans sa voiture». « J’y croyais pas, j’ai dit mais non c’est pas vrai !». En retrait, Audrey et Nadia ont encore des larmes plein les yeux. «On pleure depuis ce matin». A deux ans, les deux copines avaient déjà dans les oreilles du Johnny Hallyday : « Juré ! ». Bouleversé­es, elles ne remarquent même pas Christian Estrosi qui se faufile entre les fans. Quelques mots à la presse. Et lui aussi, fredonne quelques notes. « Oh Marie, si tu savais»... Le maire a les yeux mouillés.

Bientôt une rue Johnny-Hallyday à Nice

Marc, un grand gaillard de 49 ans, avoue avoir versé sa larme. Immédiatem­ent, il a partagé sur les réseaux sociaux sa chanson préférée : « Elle est très belle et peu connue : Sage pour vous ». Près des bougies et des fleurs posées à terre, Solange, mâchoires crispées et yeux fermés se déhanche lentement sur la musique. «J’ai sa tête tatouée dans le dos », souffle-t-elle. «Il sera avec moi jusqu’à ma mort ». La quinquagén­aire attend de santiag ferme qu’une rue de Nice soit baptisée du nom du rocker, comme l’a annoncé Christian Estrosi, hier matin. « Avec une statue, ce serait bien », espère-t-elle, alors que tous les fans, emportés par les notes, chantent de plus belle sur la coulée verte devenue Johnny.

 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Monaco